En 2015, à un moment où le monde entier entamait un virage conservateur et remettait en question le mondialisme et le multiculturalisme, avec des évènements comme le Brexit ou l’élection de Trump l’année suivante, le Canada prenait une direction totalement opposée en élisant Justin Trudeau. Lassés par le conservatisme de Stephen Harper, c’est comme si les Canadiens voulaient en quelque sorte « leur Obama » de manière un peu tardive ; ils voulaient vivre le « hype » d’un leader progressiste jeune et dynamique. Après 9 ans de cette posture anachronique, le Canada est isolé plus que jamais sur la scène mondiale, et enlisé dans de multiples crises internes qui rendent la vie de ses citoyens extrêmement difficile.
Politique étrangère
D’abord, comme évoqué ci-haut, le règne de Justin Trudeau fut profondément anachronique en termes de politique étrangère et le fruit d’une défense désespérée d’un modèle mondialiste moribond en un moment où le monde redevenait multipolaire.
Nous le savons, suite à la chute de l’URSS, le monde a connu un bref moment hégémonique où les États-Unis étaient devenus la « police du monde », multipliaient les ingérences, et où les grandes décisions internationales étaient religieusement décidées dans de grands sommets multilatéraux tels que les G7, G8, G20, le Forum Économique Mondial, etc. Or, dans le courant des années 2010, après plus d’une décennie de guerres au terrorisme catastrophiques, une crise économique et la montée en puissance des pays du BRICS, cette gestion « coopérative » du monde semblait de plus en plus désuète et commençait à être perçue comme la manifestation d’un pouvoir élitiste et tentaculaire qui méprisait les Nations et leurs choix démocratiques.
À gauche, on critiquait depuis déjà depuis longtemps le mondialisme en l’associant au « néo-libéralisme » et en arguant que les ententes de libre-échange ne visaient qu’à soumettre le monde à la volonté des multinationales, tandis qu’à droite, c’est la remontée du nationalisme et du populisme face à la désindustrialisation, l’immigration massive et les déficits commerciaux qui la feront joindre les rangs de l’anti-mondialisme. Dans les deux cas, au milieu des années 2010, il est clair que le monde a changé et que la coopération internationale via les réseaux mondialistes bat de l’aile. Trump accélère définitivement ce déclin dans les années suivantes.
Pour Trudeau, c’est là un sacrilège. Le leader progressiste cherche alors désespérément à raviver la confiance dans les institutions internationales et faire valoir l’historique vénérable du Canada – créateur des casques-bleus – au sein de ces institutions. Mais avec Trump, au sud, qui priorise de plus en plus les relations bilatérales et les négociations d’État à État, il devient rapidement évident que les grandes décisions du monde ne sont plus nécessairement décidées dans les grandes rencontres à Davos, mais dans des tête-à-tête entre dirigeants.
C’est une catastrophe pour le Canada, qui bénéficiait d’un statut prévilégié au sein des institutions internationales, mais se retrouve beaucoup moins important dans des négociations directes entre, par exemple, la Chine, la Russie, les pays d’Europe et les États-Unis. Si les grandes nations peuvent négocier entre elles sans médiateurs, la culture stratégique de médiation du Canada devient caduque et fait sombrer le pays dans l’impertinence.
L’hégémonie est terminée, le monde est désormais multipolaire, ce qui veut dire qu’il y a plus de concurrence et que les négociations sont plus difficiles. Dans un tel contexte, la dernière chose dont nous avions besoin était d’un leader désespérément attaché au passé et à ces institutions périmées qui, autrefois, servaient bien le Canada. Mais, dans son idéalisme aveugle, Trudeau s’est obstiné à prioriser la coopération internationale et a négligé les relations bilatérales à un point tel qu’il était rendu totalement isolé face à ses homologues. Il avait peut-être ce qu’il fallait pour faire bonne figure dans les grands sommets mondiaux, mais de toute évidence, s’avérait incapable de développer des relations personnelles avec les autres dirigeants.
On se rappellera des moments gênants où il s’est fait gronder par Xi Jinping, ou lorsqu’il s’est caché pendant plusieurs jours dans son avion cloué au sol en Inde. Trudeau avait réellement un problème à développer des relations bilatérales.
Le G7 organisé de Québec à Charlevoix, en 2018, était aussi une démonstration éloquente de cette dynamique : alors que Trudeau espérait en faire un évènement clé de son mandat et redorer les institutions mondiales, Trump, arrivé en retard et peu soucieux de l’ordre du jour, démontrera bien son indifférence quant à l’exercice. Et malgré tout, dès son arrivée, le président américain sera assailli avec enthousiasme par les autres leaders, qui espèreront tous avoir un tête-à-tête avec lui. Le G7 devenait, en quelque sorte, simplement un lieu de rencontre pour organiser des rencontres bilatérales en aparté, et tout le monde se foutait de Trudeau, voulant plutôt parler à Trump… Il en sera très amer, et l’évènement se terminera par une prise de bec avec le président américain, qui le qualifiera de « double-face » et « d’hypocrite » de ne pas avoir su être honnête en personne.
Notons aussi l’anachronisme de ses politiques en matière de défense : alors que les guerres de Bush et le militarisme d’Harper avaient entraîné une lassitude envers les interventions et l’usage de la force et que le désengagement était à l’ordre du jour sous Obama, l’émergence de l’État Islamique en 2014 et la multiplication des attentats dans le monde autour de 2015 avaient au contraire ramené l’importance des questions de sécurité dans l’opinion publique. Mais l’une des premières décisions de Justin Trudeau après son élection en 2015 fut de rappeler les F18 envoyés en Syrie par Stephen Harper pour vaincre l’État Islamique… Trudeau, encore une fois, n’avait pas compris que les temps avaient changé, et que la nécessité de détruire Daech l’emportait maintenant sur le pacifisme niais de l’ère Obama. Il s’accrochait à une époque révolue.
Vivre-ensemble et wokisme
L’autre élément majeur d’anachronisme de Justin Trudeau, c’est sa confiance indéfectible dans le multiculturalisme et les politiques de diversité, équité et inclusion, qui étaient pourtant, pendant la même période, remises en question partout dans le monde occidental.
En effet, Justin trudeau a poursuivi pendant 8 ans des politiques désormais qualifiées de « woke » dans le discours publique, alors qu’au même moment, elles étaient sérieusement remises en question par un énorme ressac conservateur.
D’abord, notons que 2015 est l’année du déclenchement de la crise des migrants en Europe, causée par les horreurs de l’État islamique en Syrie. Comme tous ses homologues de gauche, Trudeau défendra corps et âme l’accueil de tous les réfugiés. Or, au même moment, on voit clairement cette crise dégénérer et causer de plus en plus de problèmes dans les pays d’accueil, notamment en Europe, et la masse de réfugiés, d’abord Syriens, devient rapidement multinationale, avec des gens partant des confins de l’Asie-Centrale ou de l’Afrique pour rejoindre les pays Occidentaux aux portes désormais grandes ouvertes.
Bien que Trudeau ne soit pas le seul à promouvoir ces politiques en Occident, encore une fois, on peut tout de même parler d’une forme d’anachronisme dans le sens que de nombreux pays, dont les États-Unis de Trump (2016-2020), la Hongrie, la Serbie et la Pologne, commençaient à prendre la chose au sérieux, à sécuriser leurs frontières et à revoir leurs politiques d’immigration.
Or, Trudeau défendra obstinément le laxisme le plus complet aux frontières, associant toute volonté de fermer le chemin Roxham à de la xénophobie, et ignorant tous les principes les plus élémentaires d’un État-moderne. 9 ans plus tard, on est bien loin d’une crise de réfugiés syriens : on ne se soucie même plus de savoir d’où ils viennent et le Canada est un bar ouvert. La majorité de nos migrants viennent d’Amérique Latine et bénéficient pourtant de politiques qui furent mises en place pour accueillir des gens fuyant une guerre Moyen-Orientale… Rien ne fait de sens : le caractère idéologique des politiques d’immigration de Trudeau devient clair, et est complètement déconnecté du contexte mondial.
Maintenant, nul besoin de m’étaler sur le wokisme primaire de Trudeau, et son apparente naïveté, en 2025, à toujours le promouvoir.
On se rappelle bien des « Sunny Ways » de Trudeau, de son commentaire féministe, expliquant la composition paritaire de son cabinet par « Because it’s 2015 », de ses commentaires ridicules comme « We like to say « peoplekind », not « mankind », de ses commentaires sur les « coucous » conspirationnistes, sur le Canada en tant que pays « post-national »… La liste est trop longue pour tout mentionner, mais une chose paraît évidente au sujet de Trudeau : il était dans une croisade idéologique pour imposer le wokisme au Canada.
Ce faisant, la politique canadienne est devenue un cirque intersectionnel de lamentations victimaires, les institutions ont été fortement affectées par des politiques d’inclusion exclusivistes contre l’homme blanc cisgenre, la censure a pris du gallon et la polarisation a augmenté dramatiquement.
Dans ce cas-ci, à la défense de Trudeau, notons que le wokisme était encore peu connu au Canada en 2015 et commençait à peine à être discuté aux États-Unis. On appelait alors les wokes des « Social Justice Warrior » et les politiques de diversité, équité et inclusion étaient encore simplement appellées « discrimination positive ». Or, le phénomène a rapidement été compris par la population qui, à partir de 2019, s’était déjà fait une idée. Le rejet du wokisme est si massif que les générations montantes de jeunes sont désormais majoritairement conservatrices.
Au delà d’un simple rejet du Parti Libéral, d’une simple statistique électorale, Justin Trudeau ne semble pas avoir compris la profondeur de ce changement social et à quel point le nationalisme, la responsabilité individuelle et les traditions étaient de retour. Trudeau vit encore dans les années 2000-2010, à croire que les signalements de vertu sur les réseaux sociaux peuvent changer le monde. Il n’a pas évolué, son obsession idéologique gauchiste l’empêche de voir le monde qui vient, et aura probablement renforcé encore davantage la vague conservatrice qui emportera son parti aux prochaines élections.
Économie et énergie
Le son de cloche est semblable du côté des politiques économiques et énergétiques. Alors que le monde se dirigeait vers une attitude économique plus pragmatique, Justin Trudeau ira dans un sens complètement opposé, grossissant la dette et les déficits d’une manière spectaculaire et restreignant le potentiel économique canadien dans une lutte acharnée contre les hydrocarbures.
Héritant d’une économie de Stephen Harper en bonne santé malgré une crise récente, Trudeau déploiera son idéalisme débordant en dépensant sans compter, affirmant même que « le budget allait se balancer » lui-même… Ici, l’anachronisme couvre probablement plusieurs décennies, et fait preuve d’une vision digne d’un baby boomer qui se croit encore dans les Trentes Glorieuses ou lors de l’Ouverture du monde des années 90. Alors que le pouvoir économique des Canadiens ne cessait de chuter, Trudeau ne faisait preuve d’aucune prudence et continuait les mêmes politiques dépensières budget après budget.
Avec le Covid-19, cette imprudence est devenue totalement hors-contrôle, et le gouvernement a commencé à distribuer des chèques commes s’il n’y avait pas de lendemain. Le Canada s’est réveillé avec une sale gueule de bois et une inflation galopante.
Ensuite, son obsession pour l’immigration aura causé une crise du logement inédite, rendant le Canada l’un des pays les plus chers au monde, allant même jusqu’à faire fuire les dits immigrants… Et désormais, l’itinérance, couplée au laxisme par rapport aux drogues et aux frontières, fait s’emballer la criminalité dans nos villes. On note encore ici un anachronisme : la légalisation des drogues dures, populaires dans les dernières décennies, avaient déjà démontré ses problèmes, mais il fallait à tout prix que le Canada progressiste de Trudeau embarque pied joints dans l’aventure… Allez voir Vancouver, par les temps qui courent…
Mais non seulement Trudeau a fait preuve d’un manque total de rigueur budgétaire et ses politiques sont directement responsable de l’état lamentable du Canada, il a aussi, pendant la même période, redoublé d’effort pour nuire au secteur énergétique canadien.
Alors que les États-Unis de Trump quittaient les Accords de Paris, devenait exportateurs net d’hydro-carbures et réussissaient quand même à devenir le pays ayant le plus diminué ses gaz à effet de serre années après années, le Canada s’enlisait dans les banissement et la surtaxation. Dans ce projet de transition énergétique, il a complètement saboté le potentiel de croissances d’industries extrêmement prolifiques pour le pays au profit d’industries expérimentales et risquées. Nous voyons bien, désormais, que la filière électrique et l’électrification des transport est un mirage, et que nous avons gaspillé des milliards dans l’aventure. Sans compter le fait que la taxe carbone mettait une pression supplémentaire sur le dos des citoyens en un moment économique difficile.
Tout ça alors que les États-Unis de Trump montraient déjà qu’il était possible de continuer à diminuer ses émissions sans s’imposer les contraintes ridicules d’ententes internationales comme les Accords de Paris. Mais surtout, alors que nos alliés européens avaient besoin de notre gaz naturel afin de se libérer de leur rapport de dépendance à la Russie. Trudeau semble avoir complètement oublié l’importance géopolitique de l’énergie, comme s’il était trop habitué à faire parti d’un grand ensemble où les États-Unis sont toujours là pour sauver les meubles… Mais la réélection récente de Trump démontre bien que le Canada ne pourra continuer de se mettre la tête dans le sable, et devra désormais être plus prudent quant à la protection de ses intérêts, notamment économiques et énergétiques.
Rejoindre le reste du monde
Bref, le règne de près d’une décennie de Justin Trudeau était profondément anachronique. C’était l’obstination individuelle d’un seul homme qui s’accrochait à un monde disparu. Celui de la mondialisation heureuse des années 90-2000, du vivre-ensemble encore en osmose, de l’idéalisme sans borne. Trudeau a toujours refusé de voir que le monde était devenu plus compliqué, multipolaire, conflictuel et décliniste… Il tenait mordicus à maintenir son agenda malgré les évolutions dramatiques à l’international. Là où une figure comme Trump épousait le changement paradigmatique, et surfait la vague du moment, Trudeau s’isolait de plus en plus, frustré de ne pas voir ses idées fonctionner dans le monde réel. Ce déni profond s’exprimait encore dans les dernières semaines, qui n’ont fait que consolider encore davantage l’avance conservatrice en ce pays qui a grand besoin de rejoindre enfin ses homologues dans la réalité de 2025.
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