A-t-on encore besoin des Jeux olympiques en 2024?

Paris, été 2024. La planète se donne rendez-vous une fois de plus pour les Jeux olympiques, enfin, presque. Certains pays ne sont pas représentés, tels que la Russie et le Belarus, et d’autres délégations font polémique. Les Jeux, jadis synonymes de magie et de passion, ont bien pâli. Ils sont devenus un embarras pour les villes hôtes. Voici pourquoi.

On a beau dire que le sport n’est pas politique, mais celle-ci est intrinsèque au sport depuis toujours. Depuis la création des Jeux olympiques modernes par Pierre de Coubertin en 1896, ils n’ont cessé d’alimenter toutes sortes de controverses. On pense aux Jeux de Berlin en 1936, mais aussi à d’autres éditions mémorables. A-t-on oublié que plusieurs pays avaient boycotté les Jeux de Montréal en 1976 parce que l’Afrique du Sud de l’Apartheid y participait? Ou bien le boycott par les pays démocratiques des Jeux de Moscou en 1980? Le Bloc soviétique répliquera en boycottant les Jeux de Los Angeles quatre ans après.

Cette fois-ci, c’est un scénario digne de la guerre froide qui se répète. La Russie et le Belarus ont été bannis des Jeux officiellement, mais peuvent concourir sous bannière neutre. Mais les restrictions sont très grandes. Par exemple, les athlètes ne peuvent avoir soutenu publiquement l’agression contre l’Ukraine, ou faire partie de l’armée. Ce qui est difficile, vu qu’en Russie, l’armée est aussi derrière des entreprises sportives, commerciales et culturelles.

Israël n’est pas banni des Jeux, mais la venue de cette délégation fait controverse, à la fois à l’étranger, et aussi chez des élus français d’extrême gauche. En effet, certains se demandent pourquoi on interdit à la Russie de participer aux Jeux, mais pas à Israël. Mais ce qui est inquiétant, c’est cet appel des djihadistes à s’en prendre aux Jeux à cause de « l’appui » de l’Occident à la guerre d’Israël à Gaza. Le dispositif extrême de sécurité mis en place est une conséquence à ces potentielles menaces. Et tout le monde est pénalisé par ces terroristes.

Les Parisiens auront la vie dure pour les prochaines semaines. Le prix du transport sera doublé pour l’autobus et le métro, en plus d’avoir l’obligation de scanner un code QR avec leur téléphone. L’État Big Brother s’est mêlé des Jeux, et fait craindre que ces dispositions, pour le moment expérimentales, se généralisent afin de contrôler les populations en vue de l’objectif qui est de « sauver le climat ». De nombreuses zones sont interdites au grand public, et visiter la ville comme touriste sera difficile avec tous les contrôles.

Mais les controverses n’en sont pas que là. La saga de l’assainissement de la Seine a fait le pain et le beurre des médias depuis plusieurs mois. Va-t-on voir le président Emmanuel Macron se baigner dans la Seine comme il l’a promis? Il a dit qu’il ne le ferait pas. Mais on a vu la mairesse de Paris, Anne Hidalgo, s’y baigner. Lorsqu’on sait que la contamination par les rats peut rendre la baignade dangereuse, on se demande vraiment qui a eu l’idée de faire des épreuves dans la Seine.

Mais bon, on va encore nous dire que les Jeux olympiques participent à l’esprit de dépassement de l’être humain. Sans compter les considérations patriotiques. La Chine comme d’autres dictatures en profitent pour tirer la légitimité de leur régime quand des athlètes gagnent. On aura droit à de classiques controverses par rapport aux athlètes dopés ou tricheurs. Mais bon, on connaît.

Nous pourrions parler aussi de la pérennité des infrastructures qui ne sont jamais assurées après les Jeux, ou bien du coût astronomique pour les contribuables qui devront payer pour les pertes des villes hôtes. Mais cela sera le sujet d’un autre article. En attendant, espérons que les Jeux ne fassent pas trop de vagues, et qu’il n’y ait pas d’incidents malheureux.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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