Ce jeudi et vendredi, 16 et 17 janvier 2025, Akhi Ayman, un influenceur islamiste associé à la mouvance masculiniste se produira dans des conférences à Brossard et à Saint-Léonard. Dans les médias, on mentionne ses liens avec des influenceurs masculinistes ou d’extrême-droite tels qu’Andrew Tate, Nick Fuentes, Sneako, etc. On a donc la combinaison de deux mouvances détestées, et pourtant, quelque chose cloche. On a l’habitude d’associer l’extrême-droite à l’islamophobie, et elle copinerait désormais avec des islamistes? Malheureusement, c’est là une évolution négligée des mouvances culturelles de droite en 2025 : le fait qu’une part de son mouvement dit « Red Pill » s’est islamisé dans les dernières années. Et qu’en fait, une bonne part de la tendance masculiniste découle de cette islamisation.
Le mouvement red pill à ses origines
C’est entre 2016 et 2018 que l’expression « red pill » a commencé à être utilisé de manière massive dans le champ droit. Faisant référence à la pilule donnant accès à la vérité dans le film à succès La Matrice, en opposition à la pilule bleue, maintenant l’individu dans l’insouciance, elle exprimait ces « conversion » rapides d’individus à des positions de droite après la découverte de certaines dynamiques sociales autrefois négligées.
Je résumerais trois points principaux de ce mouvement « red pill » originel :
D’abord, la réalisation que la diversité et le multiculturalisme entraînait un relativisme moral qui excusait sans cesse les extrémismes étrangers et, en premier chef, l’islamisme. En cette époque où l’État islamique cumulait les attentats partout dans le monde, de nombreuses personnes perdaient patience face aux éternels « pasdamalgame », et étudiaient l’Islam en réalisant avec horreur ses tenants et aboutissants pour la civilisation occidentale. La critique de l’Islam était au centre du mouvement Red Pill autour de ces années, avec des figures telles que Milo Yiannopoulos, Gavin Mcciness (fondateur des Proud Boys), Tommy Robinson, Lauren Southern, etc.
Un autre axe de l’époque était la remise en question du féminisme intersectionnel. En une époque où on commençait tranquillement à parler de « crise de la masculinité » et où les logiques intersectionnelles dites « wokes » commençaient à devenir de plus en plus visibles dans la société, des figures telles que Jordan Peterson ou la reprise de l’oeuvre de Thomas Sowell viendront remettre en question certains faits pris pour acquis, comme le supposé écart de salaire entre les hommes et les femmes, la prétendue nécessité de féminiser des institutions traditionnellement masculines, les notions comme « la culture du viol », etc.
Le dernier aspect le plus important était probablement la question de la liberté d’expression. Ces premiers « red pillers », confrontés instantanément à la censure sur les campus, dans les médias et sur les médias sociaux, pointeront rapidement l’enjeu d’une liberté d’expression déclinante en Occident, et la constitution d’une société de pensée unique, conditionnée dans des dogmes et des mensonges institutionnalisés.
C’était là, dans son essence, la base de la nouvelle droite qu’on dit « populiste », et dont les tendances anti-establishment lui valent des accusations de complotisme.
La red pill « alpha male » en 2025
Mais en 2025, près d’une décennie plus tard, après un mandat de Trump, une pandémie, une post-pandémie catastrophique, cette droite populiste a justement… rejoint le peuple. C’est grand public, ce n’est plus un mouvement alternatif comme ne l’était le mouvement red pill à l’époque. Aujourd’hui, le terme est principalement utilisé pour décrire une constellation de podcasts, d’influenceurs et de coach de dating masculinistes qui ont grandi en succès sur les réseaux sociaux de la génération Z comme Tik Tok, Kick, Rumble, etc.
Cette nouvelle Red Pill, qui était initialement très socio-politique dans son essence, et même géopolitique, ne semble aujourd’hui intéressé qu’à parler de relations hommes-femmes et d’entraînement. Elle ne réfère désormais qu’aux « masculinistes » tels qu’Andrew Tate, Myron Gaines, Sneako, Adin Ross, ou à nos équivalents Québécois comme Julien Bournival ou Joël McGuirk.
Il y a évidemment un bon lot de ces influenceurs qui sont chrétiens et lancent le classique « Christ is King » en promouvant leurs trad wife et le mode de vie traditionnel, mais la prépondérance de l’Islam dans ce mouvement est notable. D’abord, Andrew Tate lui-même, le « Top G », s’est converti à l’islam. Sneako, que Richard Martineau qualifie de « nazi », est musulman et a recommencé à pratiquer suite à la conversion de Tate. L’un des podcasts masculinistes les plus populaires et les plus sulfureux, Fresh and Fit, est principalement animé par Myron Gaines, aussi musulman.
Et cette prépondérance se fait sentir dans une conception complètement différente, et nettement plus misogyne, du masculinisme et de la droite conservatrice. Par exemple, là où les red pillers chrétiens mettent de l’avant les liens sacrés du mariage et l’amour infini de sa « trad wife » et de sa famille, les prédispositions polygames de ces nouveaux red pillers islamisés les pousse à proclamer le droit des alphas de conquérir toutes les femmes qu’ils veulent et à les voir comme du bétail. Et là où les red pillers chrétiens vantaient systématiquement la civilisation occidentale, les red pillers islamiques préfèrent se moquer de l’Occident woke, et proclamer la droiture morale de l’Islam en contraste.
Red Pill vs Tradcon
Deux tendances commencent donc à se distinguer : d’une part, les tradcons, i.e. traditionnels-conservateurs, et des « red pillers » « alphas-male ».
Les tradcon sont pour la plupart fermement chrétiens et aspirent à une vie traditionnelle : mariage, famille, travail honnête, lien avec la terre, etc. Ils sont chrétiens sur le plan social, mais aussi civilisationnel. Les Tradcons sont habituellement de fiers occidentalistes ; ils ont à cœur la sauvegarde de la civilisation chrétienne.
Les Red Pills de 2025, eux, sont plutôt matérialistes, superficiels, carriéristes, motivés par l’appât du gain et la gloire. Ils ont des tendances polygames et dégénérées plutôt que traditionnelles. Ils poussent la nécessité de l’entraînement et de la force physique à un statut bestial et barbare, qui rappelle plus les stéroïdes qu’un mode de vie sain. Ils ne rêvent pas d’une jolie maison familiale rurale dans les Alpes, mais de se promener en Bugatti à Dubaï…
Évidemment, certains thèmes des deux mouvances se recoupent ; ils sont même souvent d’accord sur différents aspects de la vie : importance de la discipline, du succès, de l’entraînement physique, etc. Mais pas sur les points les plus essentiels, qui concernent la famille, l’ordre social ou la religion.
En fait, lors de la grosse controverse entourant Tout le monde en parle et le reportage Alpha, il aurait probablement été plus constructif de demander à Julien Bournival et Joël Mcguirk quelle était leur position face à ces divergences au sein de ce mouvement. À eux qui proclament « Christ is King », quel est leur opinion face à l’enthousiasme de certaines de leurs idoles pour l’islamisation de l’Occident? Approuvent-ils aussi le modèle musulman intégriste lorsque vient le temps de parler de « trad wife »? Ne trouvent-ils pas la vision du succès à la Andrew Tate comme trop superficielle, matérialiste et vantarde pour être compatible avec une vie chrétienne et morale?
Mais évidemment, ces nuances se perdent dans l’émotivité du débat.
C'est fait, à partir d'aujourd'hui, Donald Trump est à nouveau le résident officiel de la…
Jérémie Perron, un homme de Jonquière, aurait séquestré et violé la fillette d’un couple d’amis,…
Justin Trudeau a annoncé récemment sa démission prochaine, qui deviendra effective lorsque les libéraux auront…
Traduit de l’anglais. Article de Eric Szeto, Ivan Angelovski, Jordan Pearson, Christian Paas-Lang publié le 17 janvier 2025…
Le GRIS-Montréal, un organisme dédié à la démystification de la diversité sexuelle et de genre,…
La ministre fédérale du Patrimoine, Pascale St-Onge a dénoncé l’ingérence croissante d’Elon Musk, qui multiplie…