Brampton : un militant du Khalistan vit sous la menace mais refuse toute protection policière

Le militant sikh ontarien Inderjeet Singh Gosal a affirmé qu’il préférait « prendre la balle de l’Inde » plutôt que de disparaître sous un programme de protection. Dans une entrevue accordée à Evan Dyer de CBC News, l’homme de Brampton, aujourd’hui à la tête du mouvement Sikhs for Justice (SFJ) au Canada, raconte avoir refusé la protection offerte par la GRC après avoir été prévenu à plusieurs reprises qu’un contrat avait été mis sur sa tête.

Gosal a succédé à Hardeep Singh Nijjar, assassiné en 2023 dans le stationnement du temple Guru Nanak de Surrey, en Colombie-Britannique — un meurtre que le gouvernement canadien attribue à des agents indiens. Selon ce que rapporte Evan Dyer, Gosal aurait été visité à de nombreuses reprises entre août et septembre par des agents de la GRC. « Ils m’ont dit que les tireurs étaient en ville », raconte-t-il. « Mais ils m’ont aussi dit que la seule façon d’être protégé, c’était de disparaître. »

L’activiste, qui milite pour la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Pendjab, a catégoriquement refusé. « Je ne me cacherai pas. Je préfère mourir pour ma cause que de fuir », affirme-t-il. Malgré des accusations liées à la possession illégale d’armes à feu, il continue d’organiser les rassemblements du SFJ, dont le prochain aura lieu à Ottawa le 23 novembre.

Evan Dyer souligne que cette décision de rester visible survient alors que le gouvernement canadien, dirigé par Mark Carney, tente de renouer le dialogue diplomatique avec l’Inde après une année de tensions marquées par des expulsions de diplomates. Cette reprise du dialogue inquiète les militants sikhs, qui estiment que le Canada tourne trop vite la page sur l’affaire Nijjar.

Le chef international du SFJ, Gurpatwant Singh Pannun, lui-même visé par une tentative d’assassinat présumée à New York, a défendu son collègue. Il déplore qu’Ottawa ait demandé à Gosal de « disparaître de la face du pays » au lieu d’assurer sa sécurité. « Il ne s’agit pas d’un témoin de guerre entre gangs », souligne Pannun. « C’est un militant politique qui mène une campagne démocratique. »

La GRC, de son côté, avait déjà alerté la population en octobre 2024 au sujet d’« une situation extraordinaire » impliquant, selon elle, des agents indiens dans des activités criminelles au Canada. Depuis, les avertissements se sont multipliés au sein de la communauté sikh, qui dénonce un climat de peur et de surveillance.

Pendant ce temps, la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, affirme vouloir procéder à une normalisation « étape par étape » avec New Delhi. Elle estime que la coopération accrue entre les deux pays peut renforcer la sécurité publique. Mais pour les militants sikhs, ce discours sonne creux. Pannun demande au Canada de confronter directement l’Inde avec les preuves réunies par le département de la Justice américain, qui relie l’assassinat de Nijjar et le complot contre Pannun à des agents du gouvernement indien.

Pour Gosal, la priorité n’est pas la diplomatie, mais la vérité. Il dit vouloir que le Canada cesse de chercher un compromis avec un État qu’il accuse de commanditer des assassinats à l’étranger. « Nous voulons qu’Anita Anand confronte l’Inde, pas qu’elle coopère avec elle », déclare-t-il.

Le témoignage recueilli par Evan Dyer dresse le portrait d’un homme prêt à risquer sa vie pour ne pas renoncer à ses convictions. À ses yeux, se cacher reviendrait à donner raison à ceux qui veulent faire taire le mouvement Khalistan.

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