Chrystia Freeland est-elle vraiment le plus gros problème du gouvernement Trudeau?

Depuis quelques jours, des chroniqueurs appellent à la démission de la ministre des Finances, mais également la vice-première ministre Chrystia Freeland. On a beau ne pas aimer le gouvernement Trudeau, mais est-ce vraiment essentiel d’appeler à sa démission plutôt qu’à celle de Justin Trudeau? Petite analyse.

Chrystia Freeland fait l’objet de plusieurs reproches. Car elle a toujours été derrière Justin Trudeau et serait en partie responsable des déboires économiques du Canada « postnational ». Mais lorsqu’un subalterne fait un mauvais travail, il devrait être la norme de le sanctionner, mais aussi de punir le patron pour ne pas avoir bien fait son travail. En tout cas, cela devrait fonctionner comme ça.

Dans une précédente chronique, j’appelais Justin Trudeau à déclencher des élections générales anticipées, comme l’ont fait Emmanuel Macron et Rishi Sunak. Ça devrait être aux électeurs de décider du sort des élus libéraux. Si Trudeau largue sa ministre des finances, il sera facile pour lui de dire « je suis à votre écoute » et potentiellement sauver (une partie) des meubles.

Il est très probable que Justin Trudeau subisse la pire défaite électorale pour un premier ministre dans l’histoire du Canada. On parle d’un potentiel gouvernement conservateur avec une très forte majorité, et également – surprise – d’un Bloc Québécois désormais opposition officielle à Ottawa. En fait, si Justin Trudeau exige la démission de sa vice-première ministre, cela pourrait au contraire lui permettre de lui faire porter le blâme pour la situation difficile dans laquelle le pays se trouve.

C’est le premier ministre qui devrait être responsable par rapport à ses ministres et aux abus de son parti. Il est le chef du parti libéral du Canada, et c’est sa principale figure publique. Beaucoup de Québécois et de Canadiens auraient du mal à reconnaître les principaux ministres libéraux dans la rue. Dans les systèmes asiatiques, si les subalternes sont sanctionnés, les patrons ne sont pas pour autant épargnés.

Justin Trudeau doit dissoudre la Chambre des communes, et déclencher des élections générales. Ainsi, les Canadiens et les Québécois auront le choix de leur avenir. Veulent-ils continuer la spirale infernale de l’inflation, de la crise du logement et des humiliations à l’international? C’est à eux de décider. Demander la démission de ministres n’est pas la solution la plus pérenne pour sauver les meubles. Cela permettra à Justin Trudeau de gagner du temps. Est-ce vraiment ce que nous voulons?

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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