Chute des ventes de véhicules électriques au Canada : une tendance persistante et des doutes croissants chez les consommateurs

Les ventes de véhicules électriques (VE) au Canada ont connu une nouvelle baisse en 2025, marquant une troisième année consécutive de recul. C’est ce que révèle un sondage mené par AutoTrader, dont les conclusions ont été rapportées par Cindy Tran dans un article publié le 18 mai 2025 par le Edmonton Journal.

Malgré des campagnes d’électrification ambitieuses et une médiatisation constante des enjeux climatiques, l’attrait du consommateur canadien pour le véhicule électrique semble s’essouffler. Selon Baris Akyurek, vice-président de la division des analyses et de l’intelligence chez AutoTrader, les réticences exprimées par les Canadiens n’ont pas changé depuis plusieurs années : autonomie insuffisante, coût trop élevé et infrastructures de recharge encore trop limitées.

Une anxiété persistante face à l’autonomie

Cindy Tran explique que 78 % des répondants au sondage d’AutoTrader identifient l’autonomie limitée comme principal frein à l’adoption des véhicules électriques. Cette fameuse « anxiété de l’autonomie » — ou range anxiety — revient systématiquement au sommet des préoccupations des acheteurs potentiels. Malgré les progrès technologiques, les conducteurs demeurent sceptiques quant à la capacité des VE à répondre aux besoins quotidiens, notamment dans les vastes régions rurales ou les climats extrêmes du pays.

Un prix toujours plus élevé

Le second obstacle majeur réside dans le coût des véhicules. Selon le même sondage, 69 % des Canadiens trouvent les VE trop chers, un constat confirmé par les données d’AutoTrader : un véhicule électrique coûte en moyenne de 15 à 20 % de plus qu’un véhicule à moteur thermique équivalent. Même si les prix ont légèrement diminué d’une année à l’autre, cette différence reste significative dans un contexte de pression sur le pouvoir d’achat.

L’interruption du programme fédéral de rabais — qui offrait jusqu’à 5 000 $ pour l’achat d’un véhicule à zéro émission — a aussi jeté une ombre sur le marché. Depuis janvier 2025, ce programme est en pause, ce qui, selon Akyurek, enlève un levier crucial pour inciter les consommateurs à faire le saut vers l’électrique.

Des incitatifs gouvernementaux jugés essentiels

L’étude démontre que 68 % des propriétaires de véhicules non électriques pourraient être influencés par la présence de subventions gouvernementales. Plus de la moitié des répondants ont d’ailleurs affirmé que la disponibilité d’incitatifs renforçait leur confiance dans l’achat d’un VE.

Cindy Tran souligne que l’ajout d’un nouveau frais annuel de 200 $ pour les véhicules électriques, introduit en Alberta en début d’année, ne constitue peut-être pas un frein majeur en soi, mais contribue à refroidir les ardeurs de certains acheteurs potentiels. « Cela ne va pas aider la cause des véhicules électriques », note Akyurek.

Impact géopolitique : les tarifs américains de Trump

À ce climat d’incertitude économique s’ajoute une dimension géopolitique. Le retour de Donald Trump à la présidence américaine — ou du moins la menace persistante de nouveaux tarifs douaniers — est également cité par AutoTrader comme un facteur aggravant. L’instabilité des relations commerciales et la possibilité de sanctions tarifaires dissuadent certains acteurs du marché d’investir dans des infrastructures coûteuses ou de stabiliser les chaînes d’approvisionnement.

Une tendance inquiétante

En chiffres, l’attrait pour l’électrique diminue : en 2025, seulement 42 % des Canadiens envisagent un VE comme leur prochain achat automobile, contre 46 % l’an dernier. Et la proportion de ceux qui considèrent exclusivement un véhicule électrique est passée de 40 % à 29 % en un an.

La tendance est donc claire : malgré les discours gouvernementaux sur la transition énergétique, le marché canadien peine à convaincre les consommateurs ordinaires. Sans une amélioration concrète des infrastructures, un effort de réduction des prix et un retour vigoureux des incitatifs publics, le virage vers l’électrique semble de plus en plus compromis.

Crédit : Toutes les informations et données de cet article sont tirées du reportage original de Cindy Tran, publié dans le Edmonton Journal le 18 mai 2025.

La Rédaction

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