Cibles d’électrification : selon des concessionnaires, Honda pourrait quitter le Québec!

Le gouvernement Legault pourra-t-il continuer longtemps à prétendre qu’il électrifie le Québec à grands coups de quotas, sans jamais écouter ceux qui fabriquent, vendent, réparent et paient les voitures? C’est la question qui se pose plus que jamais alors que l’industrie automobile, exaspérée, tire une nouvelle salve contre l’idéologie du tout-à-l’électrique qui s’impose à coup de règlements autoritaires.

Selon des informations rapportées par La Presse, le président de la Corporation des concessionnaires automobiles de Montréal (CCAM) affirme que les cibles imposées par Québec sont devenues si irréalistes qu’elles pourraient pousser Honda à se retirer tout simplement du marché québécois. Honda a par la suite démenti ces déclarations et réaffirmé sa ferme intention de rester au Québec, mais tout de même, de tels signaux d’alarme lancés par l’industrie ne devraient pas laisser indifférent.

Quand les technocrates planifient des rêves, les constructeurs planifient leur fuite

Les chiffres sont brutaux : le gouvernement veut que 60% des ventes de véhicules neufs en 2030 soient des modèles zéro émission. Pour 2035, ce sera 100 %. Un objectif digne d’un régime planificateur central soviétique, avec des pénalités financières pour chaque voiture à essence qui oserait se glisser dans les statistiques.

Le hic, c’est que les consommateurs n’achètent pas. Ou pas assez. Ou pas dans les bons segments. Et surtout, ils n’achètent pas dans un climat économique où l’inflation galopante, les hausses d’intérêt et les coûts d’assurance font exploser le prix des véhicules — électriques ou non.

Les concessionnaires, eux, doivent écouler leur inventaire. Ce sont des entreprises privées, pas des agents de transition écologique. Quand les quotas sont inatteignables, ils doivent acheter des « crédits » à Tesla ou à d’autres constructeurs pour combler l’écart. Une redistribution de la richesse industrielle… vers la Silicon Valley.

C’est exactement ce qu’a fait Honda récemment : des dizaines de millions versés à Tesla pour respecter artificiellement les quotas de véhicules électriques. Et comme si ce n’était pas assez, le fabricant a en plus diminué les marges bénéficiaires de ses propres concessionnaires au Canada, afin d’absorber les surcoûts liés à l’électrification.

Résultat : certains concessionnaires Honda risquent de perdre jusqu’à 2 millions $ de revenus bruts. Une entreprise de taille moyenne, dans une région comme Drummondville ou Chicoutimi, ne peut tout simplement pas survivre à une telle ponction.

Bref, ces inquiétudes d’un possible départ de Honda par le CCAM sont peut-être plus crédibles que ce que ne laisse entendre les positions officielles de l’entreprise. Mais tout va bien, on aura des bornes de recharge flambant neuves dans les stationnements vides.

Une offensive coordonnée : le front commun de l’industrie reprend la parole

Ce n’est pas la première fois que l’industrie automobile hausse le ton. Comme nous l’écrivions récemment dans Québec Nouvelles, un front commun s’était déjà formé pour dénoncer l’accélération brutale des politiques vertes. La dernière campagne gouvernementale ne parle même plus d’« incitatifs », mais de mandats. Un mot qu’on croyait réservé aux tyrannies sanitaires, mais qui s’installe peu à peu dans l’automobile.

Nous avons aussi documenté le danger d’un « anéantissement complet » de l’industrie automobile canadienne si cette tendance se maintient. Rappelons que le Canada ne fabrique presque aucun VÉ abordable. Le gros de la production électrique se fait aux États-Unis, en Corée ou en Chine.

Le mirage électrique : plus personne n’y croit vraiment

Même Rowan Atkinson, l’inoubliable Mister Bean et ingénieur passionné, a récemment admis s’être fait « tromper » par le récit vert qui entoure les voitures électriques. Un récit truffé de contradictions, de promesses creuses, et surtout, de coûts sociaux énormes.

Pendant ce temps, le prix des voitures explose — peu importe le carburant. Mais Ottawa et Québec s’en fichent : le projet doit avancer, coûte que coûte. Les classes moyennes, elles, devront se débrouiller avec des VÉ d’entrée de gamme mal conçus, ou acheter du chinois tarifé à 100%.

Cerise sur le sundae : comme nous l’avions documenté dans notre article Assurances et voitures électriques : une bombe à retardement, plusieurs assureurs refusent désormais de couvrir certaines VÉ ou imposent des primes dissuasives. Une Tesla Model 3 peut vous coûter plus cher en assurances qu’une BMW série 5.

L’électrification autoritaire, ou la mort de la diversité automobile

Nous entrons dans une ère où le choix du consommateur est sacrifié sur l’autel du dogme climatique. Finies, les petites voitures abordables. Finis, les moteurs fiables et réparables. Finie, l’autonomie de pensée.

Aujourd’hui, ce sont des inquiétudes autour de Honda. Demain, ce pourrait être Mazda, Nissan, Hyundai. Et après-demain, ce sera le tour des PME de l’entretien, de la mécanique, de la distribution de pièces…

On a voulu imposer la transition par le haut, par décret. Mais les lois du marché sont plus puissantes que les bulletins de nouvelles.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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