Cohabitation avec les sans-abri : peut-on avoir un peu d’empathie pour les gens ordinaires?

Une scène choquante, filmée par un citoyen, montre le propriétaire d’un restaurant du quartier chinois, en train de jeter de l’eau sur la tête d’un sans-abri qui dormait au pied de la porte. Bien sûr, il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’enflamment pour condamner unanimement le geste. Sans vouloir l’excuser, peut-on parler de la société dans laquelle nous vivons? Une société où les sans-abri ne devraient pas être complètement laissés à eux-mêmes, et où les citoyens n’ont pas à payer le prix de la « mixité » sociale voulue par les villes. Question épineuse s’il en est une.

Promenez-vous dans les rues du centre-ville de Sherbrooke, de Québec, de Montréal. Vous verrez régulièrement des personnes intoxiquées, demandant de la monnaie aux passants. À Sherbrooke, un commerçant rapportait que la situation économique était difficile. Moins de clients, plus de sans-abri intoxiqués qui font des scènes.

Un sans-abri interrogé sur le trottoir disait que les gens ne donnaient plus tellement d’argent, car ils sont trop nombreux à faire la manche en même temps. Les gens se désensibilisent, s’habituent. Comme dans une grande métropole ou un pays du tiers monde. Les commerçants sont nombreux à se plaindre du grabuge causé par les sans-abri intoxiqués. Certains vont même jusqu’à vouloir mettre la clé sous la porte.

Sur Qub Radio, Daniel Matte, ancien attaché de presse pour des personnalités publiques, qui vit dans le village, affirmait  «on a beaucoup d’empathie pour les itinérants, mais peu pour les citoyens ordinaires». Il expliqua à Benoît Dutrizac les scènes disgracieuses auxquelles il était confronté régulièrement en sortant de son condo. Nous pouvons le comprendre. Nous assistons tous à ce genre de scène si nous fréquentons le centre de nos villes.

À Sherbrooke, sur la rue Alexandre ou au coin King-Est Bowen, des parcs sont occupés toute la journée par des personnes intoxiquées. Le passant aura peut-être le malheur d’assister à une intervention policière, à une bagarre, ou à d’autres scènes disgracieuses. Les commerçants ne peuvent rien faire d’autre que d’assister à ce triste spectacle. Ils peuvent toujours appeler la police si un acte illégal est commis, mais il faudra rappeler encore et encore, car la situation ne se réglera pas sur le fond.

Les villes disent travailler avec des travailleurs sociaux, ou encore déployer plus de policiers. Mais le fond du problème est que des drogues synthétiques peu chères ont inondé le marché depuis la pandémie. Empirant la situation pour les personnes déjà atteintes par la toxicomanie. Les drogues sont la principale cause de mortalité chez les jeunes adultes. Et rien n’indique qu’il y aura amélioration de la situation. Même qu’avec les programmes des libéraux visant à les décriminaliser, voire à les légaliser, cela ne fera qu’amplifier le problème.

Si la politique de réduction des méfaits fonctionnait, on le saurait. Ce qu’il faut, c’est investir dans la thérapie des personnes toxicomanes. Et mettre un frein à la pénurie de logements. Il en coûtera très cher au départ, mais à long terme, la société s’en portera mieux. Car ce n’est pas à Monsieur et Madame Tout-le-Monde de payer pour l’inaction de nos gouvernements. Eux aussi ont le droit de vivre dans un environnement sécuritaire, exempt de seringues dans les parcs. Ils ont aussi le droit de pouvoir manger au restaurant sans être dérangé. Tout comme ils ont le droit de conduire sans être sollicités par des gens aux lumières.

Mais nos gouvernements sont trop occupés par une « transition énergétique » qui ne consiste qu’à donner des subventions à des amis du pouvoir. Ou à combattre des fantômes tels que la « transphobie » ou le « racisme systémique ». On apprend qu’à Montréal, un musée pour l’histoire des noirs sera construit. C’est bien beau tout ça, mais pourquoi ne pas s’attaquer à des enjeux urgents et immédiats plutôt qu’à satisfaire des demandes communautaires? L’itinérance devrait être parmi les priorités d’un gouvernement responsable.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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