Depuis plusieurs jours, si ce n’est depuis le premier point de presse du premier ministre François Legault, des journalistes ne cessent de le questionner sur les scénarios de la courbe de propagation de la COVID-19, dont se sert la Santé publique pour préparer ses directives.
L’Ontario a publié le sien, on y prévoit entre 3000 et 15 000 morts. Ça frappe l’imaginaire. C’est plus que le 11 septembre 2001 me soulignait un ami. Oui, et ça ajoute quoi à part de faire paniquer une partie de la population ? À moins que ce ne soit le but, ça n’ajoute rien.
De toute manière, le Dr Arruda, qui n’est pas chaud à l’idée de publier ces scénarios, le répète souvent : « ce que je vous dis aujourd’hui ne sera probablement plus la réalité demain », il a bien raison, ça change tous les jours.
Sur Twitter, quelqu’un demandait à quoi pouvait bien servir de publier une prédiction de morts. Spontanément, j’ai répondu « à clamer les angoisses de quelques journalistes ».
Parce que c’est bien de ça que l’on parle. De cette lubie de journalistes qui réclament les scénarios, espérant secrètement que ce sera celui du pire, c’est tellement plus vendeur. Je gage même que TVA a déjà enregistré son jingle de fin du monde pour ses topos de DERNIÈRE HEURE et en EXCLUSIVITÉ. On en est là.
On peut bien tenter de me faire croire que @kevenlabizoune31 a écrit à Alain Laforest ou Geneviève Lajoie pour dire qu’il veut absolument connaitre les prédictions du nombre de morts, on sait bien qu’il n’existe pas. Le citoyen ordinaire, confiné dans son salon depuis dix-huit jours, lui il veut des faits, pas l’opinion du/de la journaliste qui trépigne d’avoir enfin en main son scénario.
Comme pour me donner raison, la première question adressée à François Legault, lors du point de presse du 3 avril 2020, concernait le scénario ontarien qui venait d’être rendu public : « est-ce qu’on peut s’attendre à autant de transparence de votre part ? » Après ça, les journalistes et chroniqueurs se demandent quelle mouche a bien pu piquer ces quidams qui osent critiquer leurs questions.
Ce qui nous préoccupe tous, à l’heure actuelle, c’est de comment être certain que l’on fait tout ce qu’il faut pour assurer le bienêtre de nos proches. Ou comment s’y retrouver dans le foutu programme mammouth du fédéral ? Ou s’il y a enfin des œufs et/ou de la farine à mon épicerie. Ou si ma mère, confinée dans sa résidence d’ainés, va bien. Bref, quand verra-t-on la lumière au bout du tunnel ?
Je comprends l’agacement que peut ressentir François Legault, il sait mieux que quiconque l’effet que peut avoir la publication du scénario. Ou bien il mobilisera encore plus les citoyens avec lui, ou bien il provoquera un désengagement de ceux-ci. Dans les deux cas, les journalistes auront leur sujet !
Je termine en citant le premier ministre, lors de son point de presse du vendredi 3 avril 2020 :
« Notre réussite ou notre échec va dépendre du nombre de décès. »
Personne ne doute de son engagement personnel et de celui de son gouvernement pour aider Horacio Arruda et tous les intervenants de la Santé à aplanir la courbe maudite. Sur ce, bon confinement à vous tous, prenez soin de vous et des vôtres. Ça va bien aller.
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