Débat présidentiel: Trump vainqueur face à un Biden embrouillé

Donald Trump a obtenu une victoire facile lors du débat présidentiel organisé par le réseau CNN. Il n’avait pas besoin de livrer une performance exceptionnelle pour sortir gagnant face à un Joe Biden frêle et confus qui s’est parfois montré agressif. Le contraste était saisissant face à un Trump calme, vigoureux et en pleine maîtrise de ses moyens malgré des mois de procédures judiciaires qui n’ont certainement pas été de tout repos.

Saluons le travail professionnel des modérateurs qui sont parvenus à sembler impartiaux, même si leur affiliation au réseau CNN les place dans le camp Biden. Ils sont venus au secours de Biden quand celui-ci semblait perdu, mais n’ont pas réservé un traitement désobligeant à Trump. Le format, avec ses micros désactivés à tour de rôle, a profité à Trump en le protégeant de lui-même. Dans ces conditions, il n’aurait pas pu couper la parole et s’approprier trop de place.

Trump a martelé le thème de l’immigration, décriant l’arrivée incontrôlée d’illégaux provenant des quatre coins de la planète et qui comptent parmi eux: trafiquants de drogue, violeurs, terroristes et assassins. Une situation désastreuse pour le pays qu’il impute à son rival. Dès sa première journée en fonction, Joe Biden avait signé des décrets présidentiels annulant des politiques d’immigration mises en place par son prédécesseur et imposé un moratoire sur les expulsions. Trump a rappelé que dès lors, les demandeurs d’asile tentant d’entrer aux États-Unis n’étaient plus contraints de rester au Mexique dans l’attente d’être entendus par un tribunal américain.

Vu l’ampleur de la crise, l’enjeu de l’immigration interpelle désormais l’électorat entier, bien au-delà des états frontaliers, y compris les électorats noir et hispanique. Trump a aussi déploré plusieurs fois l’inflation aiguë survenue sous la présidence de Biden, s’appropriant ainsi les deux causes les plus préoccupantes pour l’électorat moyen.

Le regard parfois perdu et les signes de déclin cognitif de Joe Biden se sont imposés dans toutes les analyses. Dans un segment aussitôt devenu viral, Biden tente péniblement de répondre à une question sur le système de santé: « (…) S’assurer que nous pouvons rendre chaque personne sans exception (…), euh, éligible pour ce que j’ai pu faire avec le, avec, avec, le covid, excusez-moi, avec euh (…)  s’occuper de, tout ce avec quoi nous devons faire euh (…), regardez (…), si (…) Nous avons enfin vaincu Medicare ». Après cette longue tirade confuse, Trump a pris la balle au bond: « Il a raison: il a battu Medicare à mort », tout en profitant de l’occasion pour mentionner les soins accordés gratuitement aux migrants qui s’introduisent illégalement au pays.

Même s’il perd en vigilance, Joe Biden a été capable d’avoir un échange compréhensible pendant 90 minutes. Sauf qu’on ne peut pas s’empêcher de se demander dans quelle forme mentale il se trouverait d’ici la fin d’un second mandat. Les médias pourront difficilement continuer d’affirmer que Joe Biden est apte à assurer ses fonctions présidentielles. De l’envoyer au front électoral dans son état de vieillissement actuel frise l’abus envers une personne âgée.

Lorsque Biden a essayé de vanter son bilan économique, Trump lui a reproché ses politiques inflationnistes. Quand Biden a voulu s’attribuer une forte création d’emploi, Trump a rétorqué qu’il s’agissait plutôt des emplois retrouvés dans la reprise post-covid.

Quand est venu le temps de critiquer les politiques fiscales de Trump, Biden l’a accusé de vouloir anéantir la sécurité sociale et le système d’assurance-santé. Trump a défendu ses réductions d’impôts, qui ont selon lui attiré les investissements et stimulé l’économie.

Joe Biden a tenté de marquer un point au sujet de l’avortement, en blâmant Trump pour ses nominations de juges conservateurs qui ont mené au renversement de l’arrêt Roe v. Wade. Trump s’est habilement tiré d’affaire en expliquant que le renvoi de la question de l’avortement à la juridiction des états avait été souhaité par d’autres avant lui, dont Ronald Reagan, et qu’il s’agit d’un moyen de laisser la volonté du peuple en décider.

Quand Biden l’a critiqué de s’être retiré de l’Accord de Paris sur le climat, Trump a réaffirmé son opposition à un traité qu’il juge bidon, néfaste et coûteux pour les États-Unis alors qu’aucune contrainte n’est exigée des autres pays. Dans ce segment, Trump établit une distinction entre lutte contre la pollution et lutte contre le climat et indique qu’il est favorable à l’exploitation de toutes les formes d’énergie.

Accusant Biden de conduire le pays dans la 3ème guerre mondiale, Trump a signifié que l’état préoccupant du monde résultait de la perte de respectabilité des États-Unis à l’international. Un effondrement de l’estime auquel aurait contribué le retrait catastrophique de l’Afghanistan par l’administration Démocrate.

Dans une réponse confuse et maladroite, Biden a indiqué qu’il restait campé sur sa ligne va-t-en-guerre concernant l’Ukraine. Trump a affirmé qu’il sera en mesure de négocier une fin au conflit avant même d’entrer en poste s’il est élu en novembre. Plutôt que d’avancer des points politiques risqués, Trump s’en est tenu aux arguments économiques et humains, arguant que le soutien à l’Ukraine est en train de ruiner les États-Unis et que le prolongement de la guerre est une cruauté envers les civils ukrainiens.

Sur la sellette au sujet du 6 janvier, Donald Trump a expliqué que c’est Nancy Pelosi, en tant que présidente de la Chambre des représentants, qui était responsable de la sécurité du Capitole. Nancy Pelosi a refusé de déployer 10,000 soldats – une prévention que Trump avait pourtant recommandée. Il a aussi évoqué que les membres du Comité du 6 janvier ont supprimé l’information qui n’allait pas dans le sens de leur conclusion et rappelé qu’à certains des points d’accès, les policiers ont invité les manifestants à entrer dans le bâtiment.

Quant à la véracité et à l’honnêteté: Trump a certes conservé sa tendance a exagérer ses propres accomplissements, mais Joe Biden a réitéré plusieurs des mensonges relatés par les médias mainstream contre son adversaire au fil des ans. Des propos de Trump déformés ou pris hors contexte, ainsi que d’autres faussetés pourtant largement déboutées depuis, mais auxquels les auditeurs qui s’alimentent exclusivement de CNN et de MSNBC [ou de Richard Latendresse] croient encore. Parmi ceux-ci, les « très bonnes personnes des deux côtés » en référence aux événements de Charlottesville en août 2017; et le « bain de sang » évoqué par Trump plus tôt cette année, non pas dans le sens de carnage sanguinaire [comme rapporté] mais pour parler d’effondrement boursier.

Biden a de nouveau nié son implication dans le limogeage du procureur général d’Ukraine, Viktor Shokin, pendant la présidence Obama. Biden s’était pourtant vanté publiquement d’avoir menacé de refuser un milliard de dollars de garanties de prêts américains au président de l’époque, Petro Poroshenko. Le procureur Shokin était en train d’enquêter sur la firme énergétique Burisma, qui avait recruté Hunter Biden pour siéger sur son conseil d’administration.

Biden a tenté de porter atteinte à la réputation de son rival en évoquant les multiples poursuites intentées contre lui, mais Trump l’a accusé d’avoir instrumentalisé le système de justice, ajoutant que c’était le seul moyen par lequel Biden pouvait envisager de gagner.

L’échange aura présenté aux auditeurs une synthèse de toutes les manœuvres malhonnêtes du camp Démocrate et des médias de l’establishment: des affaires bien connues des partisans de Trump, mais dont l’électeur moyen qui s’intéresse de loin à la politique ne connaît probablement pas les détails. Tandis que l’acharnement juridique contre Trump entraîne l’effet non désiré de faire augmenter son capital de sympathie, un nombre croissant d’électeurs pourraient enfin percevoir les ruses. La diabolisation n’est pas aussi efficace qu’en 2020 et encore moins qu’en 2016. L’establishment a sous-estimé la prédisposition des Américains à soutenir un outsider déterminé à qui on met des bâtons dans les roues.

Hélas, aucune question sur les controversés « soins d’affirmation de genre » pour mineurs, qui sont cautionnés par l’administration Biden et auxquels une forte proportion de la population s’oppose. Un segment sur cet enjeu n’aurait constitué qu’un clou de plus dans le cercueil déjà bien garni de Biden, mais aurait exposé la dérive néo-progressiste du Parti Démocrate.

Selon un sondage éclair réalisé par CNN, 67 % des électeurs inscrits estiment que Donald Trump a réalisé la meilleure performance. À en juger par une panique palpable dans les médias et sur les réseaux sociaux, il faut croire que ce constat est partagé dans les hautes sphères Démocrates. Il s’est fallu de moins d’une heure pour que Politico publie un article intitulé: « Les démocrates envisagent l’impensable: il est temps pour Biden de partir ». D’importants donateurs se seraient manifestés pour faire pression en ce sens, l’un d’eux allant jusqu’à déplorer « la pire performance de l’histoire ».

La Convention Nationale Démocrate, événement du couronnement officiel du candidat présidentiel, se tiendra du 19 au 22 août à Chicago. Il reste encore 2 mois pour que l’establishment Démocrate trouve une solution de rechange. Le gouverneur de Californie, Gavin Newson, pourrait bien constituer une alternative de remplacement. Pour ce faire, ils devront résoudre le « problème Kamala », car la vice-présidente, encore plus impopulaire que Joe Biden, constitue un mauvais pari. Comment un parti qui se vante d’être « diversitaire et inclusif » pourrait-il justifier de tasser une femme de couleur pour la substituer par un homme blanc?

Ophélien Champlain

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