Article traduit de l’anglais parût dans le National Post le 28 décembre 2022.

Comment une personne décoloniserait-elle la pénicilline ? Ou l’anesthésie ? Ou la chirurgie à cœur ouvert ? Ou les avancées miraculeuses que le siècle dernier a offert au monde grâce à la compréhension – encore incomplète – de la physique quantique ?

Tout d’abord, il faudrait poser la question suivante : que peut bien signifier « décoloniser » dans ces domaines du miracle ?

(J’utilise ici le mot miracle uniquement comme métaphore, ou dans son usage désormais plus faible et plus normal comme un progrès à peine rêvé mais apporté par la science, la science qui est l’application de l’esprit, de l’intellect – et non de la politique – à la compréhension de la nature).

La vérité scientifique est la vérité des faits bruts. La seule révérence que connaît la science est la génuflexion devant la dure réalité physique. La science ne porte aucun ruban de fidélité aux causes, aux couleurs ou aux prédispositions d’une mentalité ou d’une idéologie, si ce n’est qu’elle pose des questions et se soumet aux réponses fournies par une enquête absolument neutre – des réponses toujours provisoires, toujours susceptibles d’être révisées ou corrigées ; la science n’est jamais définitive.

Réponse courte : La science ne porte pas de badges.

Il y a eu des cas où la science a été forcée de porter un manteau politique. Dans les années 30, un certain régime en Allemagne, sous le mandat d’un fou raciste, a déclaré que la science « juive » n’existait pas. Et que, par conséquent, elle était intrinsèquement fausse, à bannir, hélas au même titre que les grands scientifiques juifs.

Le fait qu’Einstein était juif, donc qu’il avait tort, doit être l’équation la plus tordue qui soit.

Dans l’imperium d’Hitler, il n’y avait de place que pour la science « aryenne ». Et c’est là que se trouvait la faille fatale. La science n’autorise aucune épithète qualificative, aucun adjectif précédent qualificatif.

(J’ose dire que Whoopi Goldberg ne le sait pas, mais il y a beaucoup de choses que Whoopi Goldberg ne sait pas. C’est pourquoi elle est sur The View).

Le communisme, à l’époque difficile de l’impitoyable Staline, avait également une « ligne » marxiste sur ce que devait être la science. Dans les deux cas, les régimes radicaux et totalitaires ont essayé de soumettre la pensée elle-même, le fonctionnement de l’intellect, à leurs idéologies sinistres, idiotes et malignes.

La science est la science, et elle n’est que la science, ou elle n’est pas la science : avec toute description limitative, elle n’est qu’une machine truquée pour produire des résultats approuvés. La politique agit sur la science comme un acide de la vérité : elle déforme l’enquête et bannit la rigueur et la sérénité – les qualités essentielles de la science.

Permettez-moi donc de revenir à l’otique question de la « décolonisation » de la science. Que peut bien signifier Concordia par un tel projet ?

L’université est-elle en train de dire, directement ou indirectement, que les multiples révélations apportées par l’adhésion à la méthodologie scientifique, depuis l’époque d’Isaac Newton – la principale figure de l’avancée de la pensée empirique – sont erronées ? Concordia dit-elle que la science occidentale est influencée par des considérations raciales et qu’elle doit donc être rejetée ? Écarté ? Ou qu’elle est superposée ?

L’université est-elle d’accord avec le jugement selon lequel la science étant « colonisée », elle doit être « corrigée » ? Que E = mc², peut-être l’équation la plus fondamentale de tout l’univers, procède d’une mentalité « colonialiste » ?

Est-ce que l’on dit que parce qu’une grande partie, mais pas la totalité, de la science provient de personnes d’une certaine couleur de peau – c’est-à-dire de Blancs – elle est donc non seulement faillible, mais qu’elle impose une compréhension « coloniale » aux jeunes esprits, quel que soit le sens de cette expression ridicule ?

Concordia a un projet assez connu appelé Decolonizing light. Et qu’est-ce que cela peut signifier ? Remet-il en question la limite de vitesse de l’univers, à savoir que la lumière voyage à 186 000 miles par seconde ? Quelles mesures alternatives propose-t-il à partir de sa science décolonisée ?

Et plus pertinemment, comment se peut-il qu’une université – une institution pour la transmission de la connaissance et de la vérité – se plie aux notions wok de notre époque sur-politisée et offre que le progrès de la vérité scientifique n’est qu’un déploiement de plus de la pensée blanche « impérialiste », « colonisatrice » ?

Parlez plus fort, Concordia. Ou réduisez vos frais.

Pour lire le texte dans sa version originale : https://nationalpost.com/opinion/science-does-not-need-to-be-decolonized

Jacques Bref

Journaliste d'actualité québécoise, Jacques Bref décortique l'actualité pour vous. Analyses coups de poing et articles objectifs vous attendent sous sa plume unique au Québec !

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