Délinquance juvénile et immigration : est-il permis de faire des liens?

Il y a des sujets tabous dans les médias. La criminalité des jeunes issus de l’immigration en fait partie. C’est probablement même l’un des pires. Les médias rapportent régulièrement des histoires de faits divers sordides, en prenant bien soin de mentionner le moins possible qui sont les principaux concernés. Pourquoi cet état de fait?

Récemment, une attaque survenue sur un repaire des Hell’s Angels à Frampton en Beauce a fait les manchettes. Un jeune adolescent de 14 ans serait mort brûlé, dans des circonstances nébuleuses pour le moment. La police pense à une mauvaise utilisation d’armes à feu, et d’objets incendiaires. Or, lui et son complice étaient armés de AK-47.

Ces armes de guerre ne devraient pas se trouver au Québec, et encore moins dans les mains de jeunes criminels. Comment ont-ils pu obtenir ces armes? Qui sont ces jeunes? Les médias comme toujours se font avares de commentaires. Ils ne mentionnent ni l’origine des suspects ni leur nom. Si cela est compréhensible pour des personnes mineures d’un point de vue légal, nous sommes toujours devant une forme de déni.

La plupart des jeunes criminels à Montréal sont issus de ce qu’on appelle « la diversité ». Beaucoup d’Haïtiens d’origine, mais aussi de plus en plus d’Arabes. De jeunes dont les parents sont originaires du Maghreb. Plus tôt cette année, lors de la course-poursuite, deux jeunes d’origine algérienne sont morts lorsqu’ils ont percuté un arbre dans leur véhicule volé.

Sur une page de type « spotted » destinée à la diaspora algérienne de Montréal, un message anonyme appelait à rendre hommage aux deux adolescents tués. Ce qui fut loin de faire l’affaire des Algériens qui fréquentent cette page. Mais cela en dit long sur une réalité taboue au Québec. Bien sûr, la majorité des jeunes ne sont pas impliqués dans des gangs.

Ils essaient de s’en sortir en étudiant, de même que leurs parents en travaillant. Mais il faut quand même en parler. Pourquoi lorsque l’on voit des vidéos d’agressions dans des écoles, c’est presque toujours des jeunes « issus de la diversité » qui sont en cause? Pourquoi ces problèmes d’intégration?

PSPP a osé mettre le doigt sur quelque chose avec l’affaire de cet enseignant victime d’actes homophobes très violents de la part de ses élèves. Pourquoi les actes homophobes, racistes, sexistes, sont souvent le fait de gens provenant de certaines communautés culturelles? À notre connaissance, l’homophobie est mal vue au Québec, et encore davantage dans les écoles.

De même que le racisme. Des lois existent contre les propos haineux, les gestes visant des personnes en fonction de leurs origines religieuses, linguistiques, ethniques. Alors, pourquoi des gestes racistes sont-ils tolérés lorsqu’ils visent des Québécois francophones? Pourtant, si rien n’est parfait dans la vie, les jeunes issus de la diversité ont quand même les avantages de vivre dans une société développée et démocratique.

En effet, ici, il n’existe pas de discrimination institutionnalisée, ni pour les religions ni pour les castes. Ils ont accès à une école publique bien plus performante que dans le pays d’origine des parents. Mais aussi à plus de services, d’opportunités. Pour en revenir à la criminalité, c’est vrai que le sujet semble tabou. Il est difficile de faire des liens sans être automatiquement accusé de racisme.

Aux États-Unis, on évite de dire maintenant qu’un agresseur est noir depuis déjà un bon moment. Or, c’est souvent la seule façon d’adresser le problème que d’être précis dans sa description des suspects ou des victimes. Au Québec, aucun adolescent ne devrait normalement se promener avec une arme de guerre durant la nuit en Beauce. Alors, pourquoi éviter à tout prix de vouloir nommer un chat, un chat? Il faudra un jour se questionner sur nos capacités d’intégration et si nous avons vraiment envie de nous imposer de tels problèmes.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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