Questionné sur le poids démographique du Québec dans le Canada, qui compte accueillir davantage d’immigrants, François Legault a affirmé en conférence de presse lundi qu’il ne visait pas d’accroissement de la population québécoise. Un commentaire fait dans le contexte du débat sur l’immigration, mais qui en révèle un peu plus sur la vision qu’a le premier ministre de la nation québécoise en cette veille d’élections.
Pour justifier sa réticence face à l’immigration, et sa posture de diminution de 70 000 à 50 000 immigrants – alors que dans les faits, le Québec a accueilli plus d’immigrants que jamais auparavant pendant son mandat – Legault explique :
« Être gros, ça peut effectivement être beau, mais ce qui est important, c’est d’avoir une qualité de vie pour les personnes qui habitent au Québec […] Ce n’est pas un objectif en soi de monter à 10, 20, 30 millions de personnes au Québec. On est 8,6 millions d’habitants. Je pense que c’est une taille qui permet d’offrir des services de qualité ».
En exemple, il énumère alors des « petits pays » prospères comme la Suisse et les pays scandinaves. Cette expression de « petit pays » étant plutôt risqué en politique québécoise puisqu’évoquant sensiblement l’expression « né pour un petit pain » et contredit cette autre, célèbre, qui témoigne d’une ambition toute québécoise d’être « quelque chose comme un grand pays ».
Cette position a aussi de quoi surprendre considérant les risques économiques inhérents à une stagnation de la population et particulièrement dans une société vieillissante comme le Québec, qui verra une importante part de sa population active partir à la retraite dans la prochaine décennie.
Il faut se rappeler que François Legault avait promis une politique de natalité sur sa plateforme en 2018, qu’il s’était empressé d’effacer de son site web au lendemain de son élection. L’enjeu de la natalité fut probablement considéré trop dangereux pour le nouveau gouvernement, en raison des possibles débats qu’il peut susciter autour du statut de la femme et ceux autour de l’immigration.
Pourtant, la nation canadienne française ne doit son existence qu’à environ 12 000 colons arrivés entre 1535 et 1763 et qui ont enfanté une population de seulement 90 000 personnes à la veille de la conquête. C’est la poussé de natalité la plus forte de l’histoire qui a porté cette petite population à 8,6 millions de personnes aujourd’hui. Il est étrange que toute question démographique en occident soit systématiquement réduite à un enjeu migratoire alors que la natalité, elle, telle un éléphant dans la pièce, est systématiquement ignorée.
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