Demolition Man et Orange mécanique : visionnaires malgré eux ?

La science-fiction est un genre littéraire et cinématographique qui permet de faire des expériences de pensée. À quoi ressemblera notre futur si l’on suit les tendances actuelles ? On y retrouve aussi le genre dystopique, l’inverse de l’utopie : une vision noire d’un avenir contrôlé, déshumanisé, voire violent. Parmi les nombreux films marquants de différentes époques, Demolition Man et Orange mécanique se distinguent. Voici pourquoi.

Commençons par Demolition Man. Ce film de série B, sorti au début des années 90, n’avait rien pour devenir culte à première vue. L’histoire : un policier de Los Angeles est cryogénisé après avoir causé la mort de plusieurs otages lors d’une opération contre un dangereux criminel. Il est réveillé dans un futur aseptisé – grosso modo notre époque – pour retrouver ce criminel, lui aussi sorti de son sommeil glacé.

Le film prend toute sa saveur lorsqu’on découvre cette société futuriste : ultra pacifiée, sans agressivité, sans contact physique, sans spontanéité. Toute émotion trop vive est réprimée. La sexualité ? Virtualisée. La tendresse en public ? Interdite. Dire un gros mot ? Puni par une machine distribuant des contraventions. Une satire du politiquement correct… déjà bien sentie à l’époque.

Ce n’est pas une anticipation directe du wokisme, mais disons que ça y ressemble fort. Le héros – Stallone – se heurte à un monde où la sécurité a remplacé la liberté, où l’on ne sait plus réagir à la violence. Un monde où les policiers ne sont plus que des bureaucrates de la paix. Ça ne vous rappelle rien ?

Autre film, autre ambiance : Orange mécanique. Réalisé par Stanley Kubrick au sommet de sa carrière, ce chef-d’œuvre dérange encore aujourd’hui. On y suit une bande de jeunes délinquants dans un futur gris et autoritaire. Ils se droguent, violent, frappent, tuent. Le tout, dans une indifférence quasi totale. C’est la banalisation de l’horreur. Une société où les jeunes sont incontrôlables, où la morale est éclatée.

Une œuvre-choc, qui a inspiré Laurent Obertone et son livre La France Orange mécanique. Il y relate des faits divers atroces : des femmes violées, des vieillards battus, des animaux torturés, des policiers attaqués. Une France en perdition, rongée par la violence gratuite, souvent perpétrée par des jeunes désœuvrés. Pas besoin de science-fiction : c’est notre réalité.

Demolition Man et Orange mécanique ont en commun d’avoir vu venir un monde dysfonctionnel : soit trop propre, soit trop sale. Soit sous contrôle, soit hors de contrôle. Un monde où la violence est omniprésente, ou au contraire, totalement éradiquée… au prix de la liberté. Ces deux extrêmes nous ramènent à une question essentielle : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour vivre en sécurité, ou pour préserver nos libertés ?

Nous pourrions aussi parler de Soleil vert. Dans un futur où les personnes âgées sont incitées à l’euthanasie, où les ressources manquent, et où l’État gère tout. Un film d’autant plus troublant que les débats sur la fin de vie, la démographie et l’environnement se multiplient aujourd’hui.

Bref, les grands films d’anticipation ont souvent vu juste. Et si certains éléments paraissent caricaturaux, ils servent avant tout à nous alerter. La fiction n’est pas une prophétie, mais un miroir. À nous de voir si nous voulons vraiment finir comme dans La planète des singes.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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