Des élus américains craignent qu’Hydro-Québec ne dispose pas d’assez d’électricité pour honorer son contrat

Alors qu’Hydro-Québec se réjouit d’enregistrer des profits records cet hiver grâce aux exportations, des élus américains du Maine ont demandé au gouverneur de l’État du Massachusetts de reconsidérer leur contrat d’approvisionnement électrique avec la société d’État à la lumière des nouvelles informations concernant la fin appréhendée des surplus en 2027. Ils s’inquiètent en outre que cette énergie achetée dans le cadre du New England Clean Energy Connect (NECEC) soit moins verte qu’il ne le paraissait au départ.

En effet, lors de la négociation de ce contrat d’approvisionnement, le PDG d’Hydro-Québec de l’époque, Éric Martel, affirmait que le Québec nageait dans les surplus et que ne pas les vendre reviendrait à gaspiller cette énergie.

Or, au moment où les lignes de transport sont en voie d’être complétées, avec un tribunal du Maine qui vient de lever les derniers obstacles réglementaires à leur construction, la situation énergétique du Québec est tout autre. En effet, il a été révélé à l’automne dernier qu’Hydro-Québec commencerait plutôt à manquer d’électricité en 2027 et devrait rapidement trouver une solution.

Devant l’augmentation de la demande dû à l’accroissement de la population, aux politiques de transition énergétique et aux nouveaux projets de développement, le gouvernement Legault a proposé la voie de la sobriété énergétique, la construction de nouveaux barrages ainsi que de possibles projets éoliens et solaires. Des solutions qui n’effacent pas pour autant l’incertitude face à l’imminence de cette fin des surplus.

D’autant plus que le point principal de cette entente avec la Nouvelle-Angleterre était un approvisionnement en énergie verte, et les élus américains s’inquiètent qu’avec la construction de nouveaux barrages, l’énergie produite par Hydro-Québec ne soit pas aussi verte que ce qui leur avait été présenté à la base.

Selon eux, après 10 ans, une centrale hydroélectrique n’émet que 30% moins de CO2 qu’une centrale au gaz naturel, ce qui « passe difficilement pour une énergie sans carbone ». Hydro-Québec, pour sa part, réplique que ces chiffres sont totalement erronés et que l’hydroélectricité produit autant de GES que l’éolien, c’est-à-dire 50 fois moins que le gaz naturel et 70 fois moins que le charbon. Un dialogue de sourd, apparement, parce que les deux parties ne parlent tout simplement pas de la même chose (10 premières années de production vs production totale).

De plus, les élus du Maine affirment que si Hydro-Québec devait sacrifier d’autres secteurs qui auraient été bénéfiques à la transition énergétique pour honorer son contrat avec le Massachusetts, on ne serait pas nécessairement plus avancé en termes de réduction des GES.

Il est à noter qu’il y a eu beaucoup d’opposition à ce projet d’approvisionnement électrique par Hydro-Québec dans la population du Maine. Un référendum avait même été tenu, et le « contre » l’avait emporté à 59%, avant d’être finalement annulé puisque jugé anti-constitutionnel. Les portes-parole d’Hydro-Québec ne s’affirment donc pas surpris par ces pressions et les qualifient d’acharnement de la part de ces opposants.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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