Traduit de l’anglais. Article de Jesse Kline publié le 9 février 2023 sur le site du National Post.
Faut-il s’étonner que la société soit devenue si tribale et antagoniste lorsqu’on nous répète sans cesse que chacun de nos choix – qu’il s’agisse des films que nous regardons, des sandwichs au poulet que nous mangeons ou des livres que nous lisons – a des implications politiques, et que même les conversations les plus banales sur les équipes sportives que nous aimons ou la musique que nous écoutons peuvent provoquer des dissensions importantes entre nos pairs ?
L’exemple le plus récent de la façon dont la politique et la culture de l’annulation ont pénétré même les aspects les plus apolitiques de la vie se trouve dans l’agitation des joueurs et de la presse des jeux vidéo (oui, ça existe) autour de la sortie de «Hogwarts Legacy», un jeu de rôle qui sort cette semaine.
De l’avis général, il s’agit d’un très bon jeu, mais il n’est pas facile de le trouver parmi le déluge d’articles moralisateurs affirmant que quiconque ose y jouer est forcément un fanatique. «L’héritage de Poudlard», voyez-vous, est basé sur la franchise Harry Potter, écrite par J.K. Rowling, une auteure qui est devenu persona non grata dans les milieux progressistes.
Non seulement des appels ont été lancés pour boycotter le jeu, dans le développement duquel Rowling n’aurait joué aucun rôle, mais certains ont même commencé à boycotter Twitch, un site qui permet aux gens de regarder d’autres personnes jouer à des jeux vidéo, parce qu’il affiche des publicités pour «Hogwarts Legacy».
Les sites qui font la critique des jeux et couvrent l’industrie ont clairement été confrontés à la question de savoir comment écrire sur «L’héritage de Poudlard» sans provoquer l’ire des activistes transgenres et des idéologues woke.
Chez Engadget, la rédactrice en chef Jessica Conditt a ressenti le besoin de publier un article de 1 000 mots expliquant pourquoi elle prévoyait d’écrire une critique, dans lequel elle qualifie Rowling de «transphobe» et vante sa propre expérience de «femme bisexuelle» qui a trouvé du réconfort dans les fanfictions homosexuelles sur Harry Potter au tournant du siècle.
Malgré tout, Mme Conditt admet qu’écrire deux phrases sur le jeu était «légèrement effrayant… sachant la condamnation que je pourrais recevoir», car certains ont pris l’initiative de «réprimander quiconque choisit de jouer ou de regarder le jeu en streaming».
D’autres n’ont pas été aussi courageux et ont préféré écrire des essais sur les raisons pour lesquelles ils refusent absolument de critiquer le jeu.
Stacey Henley, rédactrice en chef de TheGamer, a écrit un long texte dans lequel elle se félicite de «ne pas avoir couvert L’héritage de Poudlard par une critique» et reproche à ses concurrents de donner l’impression que «tout ce qui compte, c’est de savoir si un jeu est amusant» (n’est-ce pas ?), ce qui, selon elle, «nuit activement au journalisme professionnel» …
«L’héritage de Poudlard ne peut et ne doit pas être jugé uniquement sur ses propres mérites», écrit Ranson. «Si vous achetez ce jeu… vous faites un choix qui va nuire à la communauté transgenre». Vraiment ? Je vous en prie.
Ranson admet que cette «déclaration peut sembler assez exagérée», mais fait valoir que l’achat du jeu apportera un soutien financier à Rowling et «conduit inévitablement à ce que davantage de personnes soient exposées aux croyances haineuses de Rowling, et les adoptent potentiellement elles-mêmes».
Au contraire, il est tout à fait possible d’affirmer que l’écriture d’articles comme celui de Ranson contribue davantage à exposer les gens aux opinions de Rowling que le simple fait de présenter aux lecteurs un jeu qui n’est en aucun cas anti-trans (les développeurs ont fait tout leur possible pour que les joueurs puissent créer des personnages transgenres). Mais il s’agit davantage pour les auteurs de faire des signaux de vertu à leur public que de contribuer à un débat nuancé sur ces questions.
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Rowling a également été accusée dans de nombreux commentaires de s’identifier à une «féministe radicale excluant les trans». En réalité, elle a critiqué les activistes transgenres qui utilisent ce terme péjoratif pour harceler ceux avec qui ils ne sont pas d’accord et fermer le débat. Il n’est pas étonnant que tant de gens pensent que Rowling est un monstre quand tant de médias insistent pour déformer ses déclarations.
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Rowling s’est également ouverte pour la première fois à son expérience de victime de violence domestique et d’agression sexuelle. Si elle reconnaît que les «personnes transgenres vulnérables ont besoin et méritent d’être protégées», elle craint également que le fait de permettre aux hommes de s’identifier au sexe opposé et d’entrer dans des espaces réservés exclusivement aux femmes, tels que les vestiaires et les prisons pour femmes, ne mette les femmes vulnérables en danger.
Ces préoccupations sont légitimes, et le fait que le Canada et l’Écosse aient déjà autorisé des violeurs à être logés dans des prisons pour femmes montre qu’elles ne sont pas sans fondement.
Malheureusement, malgré le torrent d’articles sur les opinions de Rowling publiés autour de la sortie de «L’héritage de Poudlard», il semblerait que la seule personne prête à avoir un débat raisonné sur ces questions soit Rowling elle-même. Ce qui est encore plus regrettable, c’est que les gens ne peuvent plus s’asseoir à la fin de la journée et jouer à un jeu inoffensif sans craindre d’être taxés de transphobie ou de bigoterie.
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