Des mois de dérives et d’abus : est-ce le début de la fin pour les campements pro-Palestine?

Vous l’avez vu passer aux nouvelles : les campements pro-Palestine sont progressivement démantelés. Dans le cas de l’Université de Sherbrooke, il est terminé. Les étudiants sont repartis. En quoi ces campements étaient-ils même contre-productifs dans un contexte où même le président des États-Unis n’a pas les leviers nécessaires pour mettre de la pression sur Israël. Quelques réflexions sur des actions militantes ayant duré trop longtemps.

Des agents de sécurité se sont pointés il y a deux jours pour saisir du matériel appartenant au campus de Sherbrooke. Les étudiants ont coopéré et sont partis. Ils affirment avoir fait l’objet d’une éviction déguisée. Cela se discute. Mais il demeure néanmoins que les campements sur les campus sont contre-productifs, et furent les lieux de nombreux dérapages.

À McGill et Concordia, des bâtiments ont été vandalisés par des manifestants, et des scènes disgracieuses d’invectives entre étudiants juifs et musulmans eurent lieu. On peut comprendre que la situation à Gaza ne peut indifférer personne, mais l’importation d’un conflit étranger au Québec dérange de nombreux Québécois, avec raison.

Le mouvement actuel pour la Palestine a abandonné son aspect laïc qui le caractérisait par le passé, pour embrasser une forme d’Islam radical. Durant les années 2000, ceux qui manifestaient pour la Palestine étaient généralement des gens de gauche et altermondialistes. On ne voyait pas des prières dans les manifestations comme c’est le cas aujourd’hui.

Un observateur rapporta que lorsqu’il était à une marche pour la Palestine avoir entendu un discours en anglais d’une dame qui affirmait que Montréal était sur des « territoires non cédés » et que l’homme blanc était « responsable de toutes les guerres » dans le monde. Devrait-on lui rappeler les liens qui unissent en secret de nombreux pays arabes à Israël? Ou bien le fait que la Chine n’a pas besoin des « hommes blancs » pour opprimer des minorités tibétaines et musulmanes dans l’ouest du pays?

Les campements pro-Palestine doivent cesser. Les manifestants exigent des universités des choses qu’ils sont dans l’impossibilité d’accomplir. De plus, les universités québécoises dans leur ensemble ont des liens quasi inexistants avec leurs homologues israéliennes. Il faut voir la liste des programmes d’échange entre étudiants internationaux pour voir que les universités québécoises n’ont pas de liens avec Israël.

Et finalement, rapportons l’hypocrisie de Valérie Plante face aux campements dans sa ville. Les campements pour les sans-abri sont démantelés sans ménagement. Mais celui à McGill dure depuis des mois. Elle affirme que le campement pour sans-abri est dans un parc public, et que McGill est sur une propriété privée. Mais ce n’est pas parce que McGill n’est pas un lieu public que les règlements municipaux ne s’appliquent pas. Souvenons-nous quand les pompiers ont été refoulés quand ils voulaient inspecter la sécurité du campement. Encore une fois, deux poids, deux mesures.

La guerre à Gaza dépasse nos capacités d’agir politiquement. Même le président Joe Biden a toutes les misères du monde à tenter de raisonner son allié israélien. Un accord de cessez-le-feu est toujours en négociation, neuf mois après le début du conflit lors du massacre du 7 octobre. En quoi des campements universitaires pourront y changer quelque chose ? C’est bien beau le romantisme révolutionnaire, mais cela n’aura pas d’influence alors qu’en hauts lieux, les dirigeants sont aussi impuissants à trouver une solution à l’impasse.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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