Avec la menace d’une imposition de tarifs de 25% sur tous les produits Canadiens et Mexicains par Donald Trump lundi passé, toute la classe politique et journalistique canadienne semble en panique. On a passé la semaine à faire de grandes analyses sur les conséquences d’une guerre commerciale qu’on présente comme pratiquement inévitable… or, on semble avoir un peu perdu de vue l’essentiel du message du président élu : le retour du bon sens aux frontières. En effet, comme je le mentionnais dans mon dernier article sur le sujet, ses demandes pour éviter l’imposition de ces tarifs ne sont pas insurmontables, et sont carrément alignés sur celle des citoyens canadiens eux-mêmes, qui demandent depuis des années au gouvernement d’être plus responsable en matière de protection des frontières.
La « méthode Trump »
D’abord, avant de s’affoler, il va faudrait user un peu de notre mémoire et réaliser que ce n’est pas la première fois que Trump fait des coups d’éclats de la sorte pour provoquer une réaction. En fait, c’est carrément son modus operandi pour préparer des négociations à son avantage.
Lors de son premier mandat, il avait menacé de retirer les États-Unis de l’OTAN si les autres pays ne faisaient pas leur juste part. Résultat : une hausse de financement de l’Alliance jamais vue depuis des décennies, et les États-Unis sont toujours là. Une autre fois, il annonçait qu’il envoyait « immédiatement » la flotte du pacifique dans les eaux Nord-Coréennes pour préparer une invasion du pays communiste en cas d’obstination belliqueuse de sa part. Les médias étaient en panique… jusqu’à temps qu’ils réalisent que la flotte participerait quand même à des entraînements sous le soleil australien pendant la semaine suivante, et qu’elle n’était pas particulièrement pressée de se rendre en Corée…
C’est ça, la méthode Trump : faire un coup d’éclat sur les réseaux sociaux pour mettre en lumière un problème, et ensuite, autour d’une table, régler le problème pour de vrai.
Depuis tout ce temps, on devrait suffisamment connaître sa manière de procéder et être capables de garder notre sang-froid. Trump est maître dans l’art de créer des réactions, et il utilise ouvertement l’exagération afin de mettre de la pression sur ses homologues. Ça ne veut pas dire qu’il va imposer des tarifs de 25% ; le message, c’est qu’il n’en peut plus du laxisme canadien aux frontières… Et il n’est pas le seul. De nombreux canadiens pensent comme lui.
Le vrai problème : la frontière et la criminalité
De la sorte, avant de partir en peur et faire un branle-bas de combat pour une future guerre commerciale, il serait peut-être plus justifié de s’attarder sur les demandes concrètes qu’a émis Donald Trump : à savoir qu’il veut un retour du sérieux à la frontière. Il veut que le Canada redevienne un partenaire responsable dans l’éradication du trafic de drogues, du trafic humain et du flux de migrants illégaux.
Bien franchement, ce sont là des demandes assez minimales, et pas exactement choquantes. De nombreux Québécois et Canadiens eux-mêmes demandent la même chose depuis des années.
Nous avons vu l’impact énorme que l’ouverture de nos frontières a eu dans les dernières années : criminalité, trafics d’armes et de drogues, crise du logement, déclin linguistique, explosion des coûts des services, etc. Nous avons grandement intérêt à acquiescer aux demandes de Donald Trump, et même Legault a dû le reconnaître cette semaine.
Envoyer l’armée?
Depuis quelques jours, on a donc de nombreux commentateurs qui ont tenté de ramener ce débat à l’essentiel : d’abord, régler les problèmes à la frontière. Et pour ce faire, j’en ai vu quelques-uns, dont Benjamin Tremblay, de la chaîne 7 jours sur terre, qui proposent de faire un coup d’éclat aussi puissant que celui de Trump : envoyer l’armée canadienne à la frontière.
D’abord, cette action amadouerait pratiquement instantanément Donald Trump, puisque son plan pour les États-Unis est précisément de mobiliser l’armée américaine pour combattre les cartels en tant qu’organisations terroristes. Une mobilisation semblable des troupes canadiennes aurait un effet bombe et serait saluée par Trump, qui, du jour au lendemain, ne tarirait plus d’éloge face à son « ami » Justin Trudeau.
Nous connaissons Trump, nous savons qu’il agirait de la sorte.
De plus, cette option nous permettrait de faire d’une pierre deux coups, en mettant aussi un focus sur la nécessité de bien s’occuper de notre armée, et ça pourrait être l’occasion d’annoncer de nouveaux financements. Alors là, Trump serait littéralement aux anges ; il ne se rappellerait même plus de nous avoir menacé de tarifs.
Mais au-delà de Trump, ce serait accomplir quelque chose qui est dû depuis trop longtemps aux Canadiens.
À la place de terminer son règne de dix ans en queue de poisson avec une guerre commerciale hypocrite basée sur le refus de reconnaître un problème à la frontière, Justin Trudeau a encore l’opportunité de faire la bonne chose et de démontrer un peu de leadership en prenant le problème au sérieux. Qu’il réponde à Trump par l’envoi des troupes canadiennes à la frontière, et qu’il durcisse le ton contre les criminels qui la traversent chaque jour pour répandre des drogues et du crime tant aux États-Unis qu’au Canada.
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