Comme beaucoup, j’ai été choqué de la décision de fermer certaines écoles en raison de l’éclipse qui a lieu aujourd’hui, et comme beaucoup, j’ai trouvé ridicule les avertissement alarmistes partagés dans les médias. Cela dit, comme tout sujet en nos temps de polarisation extrême, j’en viens à trouver qu’on exagère des deux côtés.

On est d’accord: il n’y a pas de raison de paniquer au sujet de l’éclipse. Cela dit, s’il y a bien un phénomène astronomique qui a toujours été disruptif depuis des millénaire, c’est bien celui là.

Évidemment qu’en 2024, avec notre pensée scientifique qui a désenchenté le monde, nous ne cédons plus à des craintes superstitieuses, et on comprend aisément la nécessité de prendre des précautions quand vient le temps de regarder directement le soleil.

De la sorte, on s’attend à ce que l’évènement soit présenté comme un simple évènement astronomique, un phénomène d’intérêt public assuré d’attirer les curieux. Et on a raison de railler les médias et institutions publiques qui en ont fait le sujet de toutes les craintes.

Mais bon Dieu… peut-on encore se réjouir innocemment des beautés de la nature? Peut-on encore éprouver de l’excitation pour un phénomène astronomique aussi rare?

Si on a les anxieux victimes des discours alarmistes d’un bord, on semble avoir les casseux de party de l’autre, pour qui tout évènement de l’actualité devient une occasion d’assombrir le portrait pour nous dépeindre leurs visions paranoïaques d’un monde totalitaire en construction.

Ça multiplie les sarcasmes face à une éclipse qui « ne dure que quelques minutes ».

Autrement dit, on est passé de « c’est une excellente opportunité d’apprentissage » à « boff, rien là, juste la lune entre le soleil et nous. En s’en fout. »

Et dans ces discours toujours politisés à outrance et sublimé par les réseau sociaux, on en vient à mélanger fébrilité et panique.

Beaucoup de gens déplorent le manque de vitalité du Québec depuis quelques années et soulignent à grands traits le fait que nous sommes une société enfermée et hypocondriaque, or aujourd’hui, nous sommes des millions à se rassembler dans les parcs ou à se déplacer dans les régions pour observer un phénomène naturel célébré depuis des millénaires par toutes les civilisations. Il y a de l’excitation dans l’air. On n’est certainement bien loin d’une vitalité organique dans notre vie de tous les jours, mais pour une fois qu’on sort un peu de la routine aliénante de nos conditions postmodernes, on devrait s’en réjouir au lieu de cultiver une obsession malsaine autour de la couverture médiatique délirante des derniers jours.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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