Depuis une semaine, Elon Musk a relayé une vingtaine de publications critiquant le contenu destiné aux enfants abordant des thèmes LGBTQ+ disponible sur Netflix. Repartageant le message d’un utilisateur disant avoir annulé son abonnement à Netflix, Musk a indiqué avoir fait de même, encourageant un boycott de la plateforme.
En date du 7 octobre 2025, la capitalisation boursière de Netflix est estimée à environ 494 milliards de dollars. Par rapport aux 514 milliards de dollars enregistrés le 27 septembre 2025, cela représente une perte d’environ 20 milliards de dollars, en partie attribuée à l’appel au boycott lancé par Elon Musk. La chute la plus importante, d’environ 7 milliards de dollars, a eu lieu immédiatement après ses tweets du 1er octobre. Comme Netflix ne divulgue plus son nombre d’abonnés depuis l’an dernier, il sera difficile d’en quantifier la baisse.
Beaucoup de nouvelles séries animées présentent effectivement des thèmes LGBTQ+ aux enfants, dont la notion d’identité de genre. Elles ont échappé à la vigilance du public pendant des années, jusqu’à ce que des parents en diffusent des extraits sur les réseaux sociaux.
C’est une séquence de la série animée « Dead End: Paranormal Park » qui semble avoir mis le feu aux poudres. On y voit le personnage de Barney se présenter comme garçon transgenre (donc: biologiquement fille) à l’autre protagoniste principale, une adolescente d’origine pakistanaise. Dans le passage, Barney explique avoir fugué de la maison familiale parce que sa famille (surtout sa grand-mère) n’acceptait pas son identité de genre.
Dead End: Paranormal Park s’adresse principalement aux préadolescents et adolescents âgés de 10 à 16 ans. La série ne cautionne pas explicitement que des mineurs quittent le domicile familial s’ils estiment que leurs parents sont transphobes. Par contre, l’intrigue montre une jeune personne qui n’est pas blâmée ni montrée comme ayant mal agi en quittant la maison familiale. L’aboutissement ne lui fait pas regretter son départ. Au fil des épisodes, elle met en avant l’affirmation de son identité, sans jugement moral négatif sur sa fugue.
Dans la série d’animation de science-fiction « Transformers : EarthSpark » on a même droit à un robot qui s’identifie comme non-binaire et demande aux autres personnages d’utiliser « iel » à la place (« they/them » en anglais). « Il ou elle ne correspond tout simplement pas à qui je suis ». La série s’adresse principalement aux préadolescents (environ 9 à 13 ans), mais elle est officiellement classée TV-Y7 (recommandée pour les 7 ans et plus).
On trouve aussi des émissions abordant ces mêmes thèmes qui ciblent un public encore plus jeune.« Ridley Jones » s’adresse aux enfants d’âge préscolaire. Le 8ème épisode de la saison 5 se concentre sur un bison nommé Fred qui s’identifie comme non binaire et change de nom et de pronoms après avoir découvert ce qui lui « ressemble le plus ». Cet épisode a suscité l’indignation d’un grand nombre d’abonnés, qui ont dénoncé ce qu’ils qualifiaient « d’endoctrinement LGBT ». En réponse aux réactions des utilisateurs, Netflix a décidé d’annuler la série après sa cinquième et dernière saison. Les émissions sont toutefois toujours disponibles sur la plateforme.

La série animée CoComelon Lane se concentre sur l’exploration des étapes du développement social des enfants d’âge préscolaire. Un des épisodes montre un petit garçon adopté par un couple biracial d’hommes gais être encouragé à essayer diverses tenues, dont un tutu et un diadème, afin d’apprendre à être lui-même.
Dans l’épisode « The fashion show » de la série « Strawberry Shortcake: Berry in the Big City», le personnage de Banoffee se fait confectionner une robe aux couleurs du drapeau trans par le maniéré Fluffy Chiffon, l’un des deux pères gais du personnage Lime Chiffon. Se présentant en tant que « Transberry », Banoffee y va de l’affirmation : « J’adore vivre au grand jour, en étant la version la plus authentique de moi-même », un écho à peine voilé de l’affirmation de genre. Bien qu’il n’y ait pas d’explication détaillée de ce que constitue l’identité de genre, le clin d’oeil au transgenrisme est délibéré. La voix du personnage est interprétée par Felicia Bonée, qui se définit comme « drag queen trans ». Sur X, le compte Trans Character of the Day se réjouit de l’insertion d’une femme transgenre dans ce dessin-animé. Les trans-activistes ne peuvent pas du même souffle s’en enthousiasmer et dire que les critiques de l’idéologie du genre s’indignent d’une représentation fantasmée.
Ces exemples de contenu disponible sur Netflix ne sont pas exhaustifs (et on en trouve aussi sur d’autres plateformes). Ce faisant, on familiarise insidieusement un jeune public à des notions subjectives et des valeurs controversées qui sont loin de faire l’unanimité chez les adultes. Ces dessins-animés s’inscrivent d’ailleurs dans un phénomène plus large. Ils accompagnent d’autres manœuvres du militantisme LGBTQ+ ciblant les enfants, tels que le « drag queen story hour » et l’inclusion de la notion d’identité de genre dans les cours d’éducation sexuelle au primaire (dans certains états et provinces). Il n’y a rien d’excessif à évoquer un endoctrinement – et celui-ci s’étend au-delà du contenu pour enfants.
Les publications d’Elon Musk n’ont pas été bien reçues par certains activistes LGBTQ+ et alliés progressistes, qui ont carrément dénoncé une atteinte à la liberté d’expression (alors qu’ils s’opposaient à ce que Musk réintègre les comptes suspendus sous l’ancienne administration Twitter). Sauf qu’appeler au boycott d’une plateforme de streaming, c’est-à-dire un diffuseur de contenu audiovisuel, ne constitue pas une atteinte à la liberté d’expression. Pour que ce soit le cas, il faudrait que Netflix soit interdit de diffusion. Or, il n’en est rien. D’ailleurs, Elon Musk n’a pas banni le compte de Netflix sur X.
Elon Musk n’est pas seulement l’homme le plus riche du monde, le président-directeur général de la société astronautique SpaceX ainsi que le directeur général de Tesla et le propriétaire de X, c’est aussi un citoyen qui milite contre le trans-activisme – et c’est son droit. Père d’un enfant qui s’identifie désormais comme femme trans (et qui ne communique plus avec lui), il s’agit d’un enjeu qui l’interpelle personnellement.
Selon Radio Canada, « Elon Musk s’est fait le relais de certains grands thèmes de l’extrême droite américaine, notamment la lutte contre l’endoctrinement supposé des enfants et des adolescents par une partie de la communauté LGBTQ+ ». Autrement dit, aux yeux de ce média financé par les contribuables, le conditionnement idéologique des jeunes ne serait qu’hypothétique, et le simple fait d’y voir un problème vous rangerait d’emblée parmi les rangs de l’extrême droite.



