En cette journée des droits de la femme, avons-nous oublié l’essentiel ?

Le 8 mars revient chaque année comme le printemps. Cette journée est censée commémorer la lutte pour les droits des femmes. Mais depuis le mouvement des suffragettes, la journée s’est progressivement transformée. Sous la pression d’un certain activisme, on a invisibilisé les femmes, les reléguant à des personnes avec un vagin ou encore des personnes enceintes.

Comment avons-nous fini par accepter de telles folies ? Et qu’est-ce que cela dit de notre époque ?

Le 8 mars est célébré depuis plus d’une centaine d’années. À la base, c’était une commémoration issue du mouvement ouvrier, à une époque où les femmes recevaient seulement une partie du salaire des hommes et où l’immense majorité des femmes dans le monde n’avait aucun droit civique, tel que voter ou se présenter aux élections.

Depuis, les choses ont bien changé. Le Canada a décriminalisé l’avortement, les femmes peuvent se présenter librement aux élections et voter, et la loi les protège contre le harcèlement au travail. Si nous ne sommes pas parfaits, nous sommes probablement, au Québec, l’un des meilleurs endroits au monde où être une femme.

Cela ne veut pas dire cependant qu’il n’y a pas certains reculs depuis quelques années. Et ce n’est pas nécessairement ceux qu’on croit. À écouter le mouvement féministe nouveau genre, c’est l’avortement qui serait menacé, parce que quelques groupes catholiques au Québec font des vigiles et que des conférences s’organisent à l’occasion.

Par contre, ce phénomène très marginal est monté en épingle comme une attaque en règle contre les droits des femmes, faisant peser un péril immense sur la liberté de choix. Cependant, ceux qui menacent les droits des femmes ne sont pas, à court terme, des mouvements catholiques conservateurs, mais plutôt un loup entré dans la bergerie. Lire ici : le mouvement trans, non-binaire ou féministe inclusif.

C’est ce mouvement, qui prétend représenter « toutes » les femmes, qui représente le plus grand danger immédiat pour la sécurité des femmes. Pourquoi ? Parce qu’il nous dit qu’être une femme, c’est une construction sociale. Donc, on évacue la réalité biologique et les contraintes physiques des femmes. Des personnes qui s’identifient comme des femmes peuvent ainsi librement participer à des compétitions féminines.

On a vu des absurdités comme des hommes biologiques se battre lors de combats de boxe contre des femmes, au nom du progrès et de l’inclusion. La chose fut dénoncée notamment par Katia Bissonnette, boxeuse du Saguenay ayant refusé d’affronter un adversaire trans. Les compétitions féminines aux États-Unis et même aux Jeux olympiques sont sabotées en raison de la participation d’athlètes trans.

On se croirait dans un épisode de South Park. Mais le plus dramatique, ce n’est pas le sport, mais la prison. Nous avons vu des cas, au Québec, d’hommes s’auto-identifiant comme femmes être transférés dans des prisons destinées à celles-ci. L’absurdité n’a plus de limites. Au Royaume-Uni, des femmes ont été violées en prison par des hommes ayant pu bénéficier d’un transfert.

Au point où même J. K. Rowling s’est prononcée sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette absurdité. Nous pourrions parler de l’invisibilisation progressive des femmes de l’espace public. Le mot femme est remplacé dans certains documents militants, mais pas seulement, par personnes enceintes, personnes ayant un utérus, un vagin. On parle aussi, dans le cas le plus choquant, de « trou avant », comme si être une femme se limitait seulement à une question d’orifices ou à un ressenti qui doit transcender la biologie.

Nous vivons une époque absurde, où, au Québec, des femmes se battent contre une menace largement fantasmée : la droite chrétienne. En important ces préoccupations des États-Unis, pays avec lequel nous ne partageons ni la langue ni la culture politique, entre autres sur le plan religieux, nous faisons entrer sournoisement le loup dans la bergerie avec les théories du genre, qui invisibilisent les femmes.

Quoi qu’il en soit, bonne Journée internationale des droits de la femme à toutes.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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