Il n’y a que quelques mois, le gouvernement caquiste et les médias essayaient de dépeindre le parti conservateur d’Éric Duhaime comme une frange marginale et extrémiste de « coucous » anti-mesures sanitaires. Or en ce début de campagne, il faut bien reconnaître que le PCQ a forcé sa normalisation en s’imposant plutôt dans les sujets économiques, à un point tel que la CAQ multiplie depuis quelques jours les déclarations économiques, comme un écho constant aux promesses conservatrices.

Lorsque le PCQ a présenté sa plateforme électorale le 14 août dernier, la plus grande surprise des commentateurs fut la place minime accordée aux thèmes de l’identité et de la langue. En effet, en raison d’une réémergence du débat linguistique, cela faisait des semaines que le gouvernement caquiste semblait renouer avec cette lune de miel identitaire qu’il avait connu suite à son élection de 2018 – lui permettant par la bande de faire oublier les dernières années de mesures draconiennes qui avait entaché son image.

Mais non, la plateforme conservatrice était résolument économique, et promettait d’importantes baisse d’impôts, une libéralisation partielle du système de santé, une réforme du financement des services de garde, etc. En bref, des promesses aux familles et aux entreprises, dans un style on ne peut plus conventionnel. Même la virulence anti-mesure sanitaire semblait domestiquée dans des réformes qui feraient facilement consensus.

Ainsi, en ces premiers jours de campagne, une attention particulière semble avoir été accordée dans la région de Québec et de la Beauce, la CAQ a promis des baisses d’impôts et les autres partis ont dû se positionner sur la question, Legault a tenté de définir sa conception de la liberté, QS a dû produire un projet alternatif au troisième lien et aujourd’hui, on apprend que le positionnement de la CAQ au sujet de GNL Québec est loin d’être clair.

En somme, il paraît évident que cette campagne commence sur le terrain qu’Éric Duhaime a choisi. Et pour un peu qu’on connaisse Sun Tzu, ça en dit long sur les performances réelle de son parti. Pas étonnant, dans ces circonstances, de voir le sondage de mainstreet cette semaine qui lui donnait 21% des voix. Duhaime dit vrai lorsqu’il parle d’atteindre une « zone payante », et ça se ressent même dans l’énergie de la campagne.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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