Aurélien Nambride qui vit et étudie à Sherbrooke, est candidat suppléant pour le Rassemblement national. Il souhaite représenter la 1re circonscription des Français de l’étranger pour l’Amérique du Nord. Il est également représentant jeunesse de son parti. Nous le recevons aujourd’hui pour une entrevue afin de mieux connaître les positions de son parti.
Bonjour, Aurélien, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs? Quel est votre parcours?
Bonjour, je suis Aurélien Nambride, étudiant universitaire français au Québec depuis janvier 2020 (oui, je suis arrivé 2 mois avant le COVID). Né à Paris en 2001, j’ai vécu la majorité de ma vie à l’étranger. Premièrement au Caire, en Égypte de 2013 jusqu’en 2019, dont mes parents y vivent toujours comme expatriés, et maintenant dans la Belle Province comme étudiant en économie et en politique internationale. Étant détaché physiquement de ma patrie depuis autant d’années et ayant côtoyé les communautés des Français de l’étranger (FDE), j’ai appris assez vite que les 3.5 millions de FDE sont très mal représentés par les politiciens en France et sont mêmes sources de préjugés par certains de la classe politique. J’adore la politique, étant ma plus grande passion parmi plein d’autres. Il est logique pour moi de vouloir défendre les FDE d’Amérique du Nord. Les Québécois ne sont pas habitués au système politique français.
Pouvez-vous expliquer en quoi l’élection de députés en France diffère de notre système parlementaire?
Comme vous le savez, le premier ministre au Québec (ou au Canada) est le chef de parti qui obtient le plus de sièges lors de l’élection des députés. Une « cohabitation » avec le président en France, qu’est-ce que cela représente? Comme au Québec, nous avons nos assemblées nationales avec nos députés de circonscription.
La différence est le mode électoral qui est un système à deux tours et dont la personne qui gagne est celle qui atteindra plus de 50% des voix au 2e tour. Alors qu’au Québec, c’est tout simplement le candidat qui arrive avec le plus de voix qui ainsi gagne. Ce type d’élection à deux tours en France est fort intéressant, dû au report des voix des électorats pour qui leurs candidats n’ont pas pu atteindre le second tour. De plus, au Québec, un premier ministre peut gouverner avec un gouvernement minoritaire, alors qu’en France, le Président de la République doit avoir une majorité, ou alors avoir le plus de sièges à l’Assemblée nationale afin de former un gouvernement à sa couleur. Le concept de cohabitation n’existe pas au Québec, car votre « chef d’État » est issu des élections provinciales. La cohabitation en France représente un Président qui voit son parti perdre sa première place à l’Assemblée nationale par un autre parti, et donc devra prendre un premier ministre qui sera issu de ce nouveau parti.
Ensuite, le nouveau Premier ministre devra composer son gouvernement (ministres, délégués, conseillers…) par des politiciens issus aussi de son propre camp. En somme, le Président se sentira rapidement très seul, à devoir gouverner un pays alors que l’entièreté de son cabinet sera d’une différente couleur politique. Le Président de la République n’aura plus réellement de pouvoir pour exercer la politique intérieure du pays (immigration, économie, sécurité…), ne pourra que partiellement dicter la politique étrangère et militaire, mais aura encore un droit de veto pour arrêter certains projets de loi et peut toujours prendre les pleins pouvoirs en cas de guerre.
Selon vous, pourquoi les Français à l’étranger s’impliquent et votent pour des partis politiques là où ils ne vivent pas?
Tout simplement, car la France est un des seuls pays au monde à vouloir donner une voix aux FDE à l’Assemblée nationale. Électoralement, le monde est coupé en 11 circonscriptions, les États-Unis et le Canada sont la 1re et l’Asie est la 11e par exemple, et ainsi 11 députés à l’Assemblée nationale devront représenter les 3 millions de FDE. Il faut tenir compte que nous sommes toujours des Français qui ont tous de la famille en France. La politique française influence leur train de vie et notre gouvernement influence la géopolitique mondiale. Il est donc essentiel de défendre un droit de vote pour représenter les Français qui vivent à l’étranger. Il ne faut surtout pas oublier que les Français ont leurs racines en France. Ce n’est pas parce qu’on est loin de sa patrie que l’on ne devrait pas se préoccuper de sa terre natale.
Les FDE font rayonner la France à l’étranger, plein de pays veulent des ingénieurs, des étudiants, des employés tout comme mon père qui est chef de projet pour la construction de ligne de train en Égypte. Sans lui, le projet de train pour des millions d’Égyptiens ne décollerait pas d’un pouce. Donc, un gouvernement en France va influencer la réputation de la France à l’étranger, ainsi chaque FDE devrait avoir la possibilité de voter, car cette réputation et la politique nationale vont influencer la vie des 3 millions de FDE.
Maintenant, les questions difficiles. Que répondez-vous aux Québécois (et aux Français) qui pensent que le RN est raciste?
Moi? Un Franco-Taïwanais dont la famille du côté de ma mère ont immigré en France dans les années 70, ayant vécu en Égypte 6 ans et dont j’y vais périodiquement pour revoir mes parents et où j’ai eu une éducation dans une école internationale et maintenant je vis au Canada, raciste ? Non. Et franchement… le patriotisme n’est pas du racisme, car le patriotisme, c’est aimer et apprécier la culture et l’identité d’un pays. Le racisme, c’est haïr la nation, la culture et celle des autres. J’adore la culture égyptienne d’origine christiano-musulmane, la culture québécoise bonne vivante et la culture taïwanaise de la civilité et de la modernité.
Moi, je suis un patriote, le RN est le parti patriote français, on respecte la culture et l’identité. Québec Solidaire et le Parti Québécois sont des partis nationalistes québécois, avec un goût de l’amour, de la culture québécoise, des territoires et de la langue française. Ces partis ne sont pas considérés comme racistes, non ? Nous sommes pareils au Rassemblement national. Le terme de racisme est tout simplement un terme qui est instrumentalisé par la gauche pour principalement nous décrédibiliser. Mais bon… plus grand-monde en France y croit encore en cette critique fallacieuse, et cela n’a donc plus d’impact sur l’opinion des Français.
Quels sont les principaux problèmes auxquels la France est confrontée? Et quelles sont les solutions proposées par le RN?
Les problèmes, mon Dieu, qu’il y en a beaucoup. Le coût de la vie explose, les salaires stagnent, l’insécurité explose tout comme l’immigration, notre identité disparaît. Bref, tout ce qui est propice à faire nation et union se désintègre. Le Rassemblement national a un programme de taille pour répondre à tous ses enjeux là, sinon les Français ne nous plébisciteraient pas autant. Nous allons enfin arrêter l’immigration illégale, réaffirmer la sécurité avec un sursaut d’autorité et avec une justice ferme et efficace.
Nous allons redynamiser l’industrie française, prioriser les circuits courts, alléger les impôts et taxes pour les jeunes, réaffirmer les principes républicains et renégocier nos accords avec cette Union européenne qui n’a pas de légitimité démocratique à aller à l’encontre du peuple français dans bien plein de sujets. Pour davantage d’information, vous pouvez lire notre programme pour ces élections législatives sur le site du Rassemblement national.
Parlez-nous un peu du candidat Jordan Bardella. Comment le présenteriez-vous aux Québécois?
Jordan Bardella est un peu comme Jacques Chirac, c’est un rouleau compresseur de la politique. Presque partout où il va, il gagne, car les Français le trouvent sympathique, digne, sincère et à l’écoute des Français. Notre chef du Rassemblement national est une figure charismatique avec un talent oratoire inégalé, et il sait exactement comment unir la population française autour d’un programme qui les défendra dans tous les aspects. Je dirais que pour le Québec, il me fait penser un petit peu à Lucien Bouchard.
On se souvient tous de l’humiliation qu’a fait subir Marine Le Pen à la journaliste Anne-Marie Dussault lors d’une entrevue devenue légendaire à Radio-Canada. Que pensez-vous de la culture du débat en France versus au Québec?
En France, on débat beaucoup, nous sommes une société très politisée, et cela renforce la démocratie. Car la participation du peuple à questionner, à juger et à débattre en famille et entre amis est plus active. Le débat n’est pas un tabou en France et il faut être capable de débattre avec tout le monde, si possible. Cela rend la politique plus dynamique. Quel est votre avis (d’observateur) sur la vie politique québécoise? Peut-elle inspirer la France?
Je ne suis pas un citoyen canadien, et étant actuellement candidat à une élection française, je préfère laisser les citoyens québécois libres de leur choix.
En quoi consistera la politique d’un gouvernement du Rassemblement national face au Québec? Devons-nous nous attendre à certaines surprises?
Le but du Rassemblement national, c’est de faire rayonner la France, par conséquent la langue et donc la francophonie à travers le monde. Le Québec fait très bien à rayonner la francophonie d’ailleurs. Cette francophonie est mise à mal dans un monde de plus en plus mondialisé, anglophone et, sachant que la France et le Québec ont les mêmes intérêts sur la langue française, nos deux peuples doivent davantage s’allier sur la question, et cela potentiellement plus avec Jordan Bardella, premier ministre, que sous Gabriel Attal.
J’aimerais avoir votre opinion concernant Ruba Ghazal, députée de Québec Solidaire, parti réputé proche de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Elle a, comme vous le savez, distribué des dépliants au métro Mont-Royal, exhortant les Français à faire barrage à « l’extrême droite ». Que répondez-vous à cette ingérence de la députée d’un parti politique québécois dans la politique française?
Je pense qu’un politicien étranger n’a pas à s’ingérer dans la politique interne d’un pays dans lequel il ne vit pas ou n’est pas élu. Ruba Ghazal a tout son droit de prendre une opinion, mais surtout de tracter, comme elle l’a fait à Montréal, en partageant sur les réseaux sociaux son tractage et ensuite de demander sur place aux Français de voter Front populaire. C’est de la participation active et en personne dans la campagne d’une élection française.
Comme l’a dit Roland Lescure, notre député macroniste actuel et une partie de la classe politique québécoise, on peut apercevoir et ressentir cela comme une forme d’ingérence.
Vous faites l’objet de critiques pour avoir participé à un évènement de Nouvelle Alliance. Vous semblez vous être faits des ennemis par rapport à ça. Quelle est votre implication dans ce groupe ?
Je suis allé à un évènement folklorique qui était une commémoration pour un évènement historique de l’histoire du Québec. Cette commémoration est, à ce que je sache, ouverte à tous, car je ne suis pas membre de ce groupe, je ne l’ai jamais été et j’ai pu être présent à cet événement. Il y avait des enfants, des retraités, des Franco-québécois aussi à cet événement, bref du beau monde d’un peu partout. Je n’ai absolument aucune implication militante dans ce groupe. Ma simple présence à cet événement commémoratif qui fut approuvé par la mairie de Montréal, d’ailleurs, est tout simplement utilisée par des militants d’extrême gauche sur Twitter pour me décrédibiliser. C’est aussi simple que ça.
Vous savez, j’ai participé à des événements du Parti libéral canadien, j’ai rencontré à l’Université la ministre du Revenu national du Canada, la ministre des Sports et du Patrimoine du Canada et plein d’autres grandes figures de gauche. J’ai encore sur mon téléphone certaines selfies avec eux. C’est normal qu’en tant qu’étudiant en politique, de s’intéresser à la vie politique dans le pays qui m’a accueilli. Je peux même vous faire un scoop, j’ai participé à un événement de Ruba Ghazal il y a quelques mois. Je participe à plein d’événements, car j’aime voir du monde, qu’ils soient de droite comme de gauche.
Et finalement, qu’est-ce que vous aimeriez dire aux Québécois qui vous lisent en ce moment? Avez-vous un message pour eux?
Vous vivez dans une province magnifique avec une très belle culture francophone, dont j’espère que vous continuerez à la construire autour d’elle. Je suis très heureux de vivre ici et de m’intégrer autour des Québécois qui sont des gens fort sympathiques. Le Québec est un territoire magnifique et je le remercie de m’avoir accueilli.
Merci de nous avoir accordé de votre temps. J’espère que cela aidera les Québécois à un peu mieux comprendre la politique française, qui est à la fois polarisante et exaltante.
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