Q : Depuis quelque temps, la France est frappée de plein fouet par de la violence intérieure. Quelles sont les causes de ces événements brutaux ?
JBG : Évidemment, les causes de cet en-sauvagement sont diverses. Mais s’il fallait en identifier deux ou trois principales, je dirais que l’immigration incontrôlée est l’une d’entre elles. Ce n’est pas seulement un cliché qu’on répète dans les médias hexagonaux : la capacité d’intégration de la France est saturée depuis plusieurs années et certaines populations immigrées cultivent une haine de leur pays d’accueil qui paraît illimitée. La situation est critique. Chaque semaine en France, la perspective de la guerre civile est évoquée dans les médias. Ce n’est pas anodin : au contraire, c’est symptomatique du déchirement de plus en plus flagrant du tissu social.
Non seulement les institutions républicaines ne sont plus respectées par certains groupes (le contrat social est rompu), mais les Français dits de souche sont accusés de perpétuer des pratiques coloniales sur leur propre territoire, ce qui les contraint à s’excuser d’exister au quotidien. D’une certaine manière, le mouvement antiraciste contribue à justifier toutes ces violences et ce qu’on appelle poliment les « incivilités » en présentant certains agresseurs issus de l’immigration comme des victimes de l’ancien système colonial français. Vous comprenez bien cette logique qui inverse les rôles : les coupables seraient tous les « Blancs » et non les criminels « racisés », vus comme des victimes de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Il me semble qu’une deuxième cause de ces violences est plus subtile, mais tout aussi importante : l’anomie sociale qui règne dans ce pays en général, c’est-à-dire la perte de repères (identitaires, moraux, etc.). Les gens ne trouvent plus toujours un sens à leur vie. Dans ses romans, Michel Houellebecq a bien dépeint cet état d’esprit qui caractérise l’Hexagone : il flotte un nihilisme dans l’air aux effets pernicieux. « Il n’y a plus d’avenir en France », peut-on souvent entendre. Comme plusieurs autres pays occidentaux, la France est aux prises avec une misère psychologique qui se manifeste notamment sous cette forme violente, barbare. Avec la pandémie de Covid-19, nous allons d’ailleurs vers des sociétés encore plus atomisées, c’est-à-dire plus inhumaines.
Q : Est-ce que le multiculturalisme et le communautarisme sont responsables des actes barbares, émeutes et pillages auquel on assiste un peu partout sur le territoire ?
JBG : Comme je viens de le dire, la faillite de l’intégration est l’éléphant dans la pièce. En France, le racisme antiblanc est un secret de polichinelle. La gauche décoloniale fait semblant de ne pas voir un phénomène qu’elle prend plaisir à alimenter.
Dans mon dernier livre, La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf), je montre en autres que cette idéologie a pour effet de nous tribaliser : elle nous divise en petits groupes opposés les uns aux autres au lieu de nous réunir autour de valeurs communes. Nous parlons constamment de vivre-ensemble, mais il faudrait plutôt parler de vivre-séparé ou de vivre-en-clans. Le multiculturalisme en France — qui n’est pas officiel comme au Canada, mais officieux — mène à des conflits entre les communautés. Un exemple récent illustre parfaitement le phénomène. À la mi-août, un groupe de Tchétchènes a organisé une « expédition punitive » contre un groupe de Magrébins à Lyon : les affrontements violents entre les deux gangs rivaux ont duré plusieurs jours. La République n’est plus en mesure de faire respecter ses lois, d’assurer son propre rayonnement. Comme l’exprime avec justesse le sociologue Michel Maffesoli, ce n’est plus « la loi du Père » qui est universelle, mais « la loi des frères », celle des tribus.
Q : Quels seront les conséquences de toute cette violence pour notre mère patrie ?
JBG : Il en va évidemment de l’avenir de ce pays. Si les actes violents continuent de se multiplier, il est clair qu’on commencera à en ressortir les effets sur le plan économique. Le climat n’est pas propice à la poursuite d’une économie forte, d’autant plus que la France apparaît de plus en plus comme un musée à ciel ouvert et non comme un pays à l’avant-garde. Il risque d’arriver à la France ce que Houellebecq avait prédit dans ses Particules élémentaires en 1998 : qu’elle devienne de plus en plus un pays « moyen pauvre ». Des Français songent tous les jours à quitter leur pays pour un autre : l’exil est très à la mode.
Ce climat extrêmement malsain pourrait évidemment déboucher sur des affrontements toujours plus violents. Certains observateurs voudraient que l’armée intervienne dans certains quartiers dits sensibles, mais la pression médiatique est loin d’être propice à ce genre d’opération. Les accusations de racisme viennent très vite.
Il n’y a rien de plus tragique que de voir un pays comme la France sombrer dans ce chaos. La situation est indigne de sa glorieuse histoire et de ses grandes institutions.
Q : Pensez-vous que Marine Le Pen a une chance de devenir présidente de la France en mai 2022 ?
JBG : Bonne question. Bien franchement, je ne saurais dire. Le Rassemblement national est la seule force politique actuellement capable de concurrencer celle d’Emmanuel Macron, maisil me semble que le nom de Marine Le Pen reste encore trop associé à son père. Les grands médias sont aussi farouchement opposés à Mme Le Pen, ce qui accentue la crise de la représentation et encourage la montée du populisme. Depuis les Gilets jaunes, l’électorat populaire est aussi de plus en plus préoccupé par des thèmes strictement économiques. Il faudrait que le Rassemblement national propose un programme au diapason de toutes ces nouvelles préoccupations, ce qui n’est pas simple, car elles ne sont pas exprimées par une masse si homogène.
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