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Entrevue avec le politologue Guy Milliere : l’investiture démocrate et les municipales françaises

Guy Milliere
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Q : Après sa victoire lors des caucus du Nevada, est-ce que Bernie Sanders sera en mesure de maintenir son avance et remporter l’investiture démocrate?


Je pense que, sauf s’il multiplie les déclarations absolument ineptes, telles celles qu’il a proférées récemment sur Cuba et Fidel Castro, plus rien ne pourra arrêter Bernie Sanders, et qu’il sera le candidat démocrate. Son avance s’accentue dans les sondages. Les autres candidats démocrates sont nettement distancés. L’espoir du parti démocrate était il y a quelques jours encore une convention arrangée: des lors que Bernie Sanders n’aurait pas une majorité absolue des délégués au premier tour, les super délégués interviendraient pour faire pencher le choix vers quelqu’un d’autre ou pour trouver au dernier moment un candidat faisant consensus. Les dirigeants du parti semblent avoir compris que cette solution ne fonctionnerait pas, et que les soutiens de Sanders se révolteraient et saboteraient la convention démocrate. Rassembler le parti autour de Bernie Sanders sera, cela dit, très difficile. Bien que le parti démocrate ait nettement dérivé à gauche sous Barack Obama, ce n’est pas un parti socialiste, et encore moins un parti communiste, et Bernie Sanders est quasiment un candidat communiste. On peut s’attendre à un fort taux d’abstention en novembre prochain parmi les électeurs démocrates. La haine de Trump en poussera un certain nombre à voter Sanders malgré tout, mais je pense que ce ne sera pas suffisant, et que, sauf incident majeur, Trump gagnera aisément.

Q : Michael Bloomberg pourrait-il freiner la poussée de Sanders lors du Super mardi?


Je ne pense pas. Michael Bloomberg a montré dans le premier débat auquel il a participé qu’il ne savait pas débattre et qu’il n’avait aucun charisme. Il n’est en supplément pas assez à gauche pour le parti démocrate tel qu’il est aujourd’hui. Il a en outre fait des déclarations arrogantes ou méprisantes qui vont lui aliéner de larges catégories de la population: les femmes, les ouvriers, les agriculteurs, les hispaniques, les noirs. Il s’est montre moins désastreux lors d’un deuxième débat et va dépenser encore beaucoup d’argent en annonces publicitaires, mais l’argent ne peut pas tout acheter.

Q : Comment expliquez-vous la chute de Joe Biden?


La chute de Joe Biden était très prévisible, et même s’il gagne en Caroline du Sud, ce qui semble probable, elle va se poursuivre. Il était bien connu depuis des années pour ses dérapages verbaux. Ceux-ci sont plus nombreux aujourd’hui, et il semble avoir des absences, ce qui le conduit à parler de façon incohérente. En supplément, il était à attendre que son passe en matière de corruption resurgisse, et outre le dossier ukrainien il y a en la matière le dossier chinois, plus lourd que le dossier ukrainien, car là les sommes sont bien plus importantes. En semblant apparemment vouloir protéger Biden, les démocrates qui ont monté contre Trump une procédure de destitution destinée d’emblée à échouer et totalement infondée ont en réalité gravement desservi Biden puisqu’ils ont mis en lumière pour tenter d’accuser Trump les activités frelatées de Joe Biden et de son fils en Ukraine. Je n’ai jamais imagine que Biden irait très loin dans cette compétition.

Q : Est-ce qu’un des aspirants démocrates a une chance réelle contre Trump le 3 novembre prochain?


La réponse est simple: non, je pense qu’aucun d’entre eux n’a jamais eu la moindre chance. Le parti démocrate a glissé très à gauche. Il s’est en outre imprégné d’une rague et d’une haine anti-Trump qui l’a conduit à aller de tentative de coup d’Etat en tentative de coup d’Etat depuis novembre 2016, sans chercher à se placer en position d’opposition cohérente et constructive. Les lignes directrices des programmes présentés depuis des mois sont ceux d’une gauche radicale, pas ceux d’une gauche modérée. Obama appartient à une gauche radicale, mais il sait enrober des idées extrêmes dans un discours modéré. Aucun démocrate aujourd’hui n’a ce talent pervers. Le parti démocrate tel qu’il est aujourd’hui est un danger pour la république américaine et ses valeurs fondamentales, et il sera salubre qu’il soit écarté en bloc. Il y a vingt ans, un parti de ce genre aurait été laminé électoralement. Ce sera moins le cas aujourd’hui, car des minorités ethniques, tout particulièrement les hispaniques, ont gagné en importance aux États-Unis et votent à gauche de manière aveugle, en espérant toucher des chèques venus de la redistribution, Le poids des minorités ethniques a fait basculer à gauche plusieurs États ces dernières années, et il faudra que les républicains se penchent sérieusement sur la question s’ils veulent dans l’avenir éviter le pire. Un autre électorat jouera en faveur des démocrates: les jeunes gens passés par l’université. Les professeurs d’extrême gauche font croire à leurs étudiants que le socialisme est la huitième merveille du monde. Et des étudiants en âge de voter se font séduire. En avançant en âge, ils réfléchissent, et le socialisme leur parait rapidement moins séduisant.

Q : À quoi doit-on s’attendre des élections municipales françaises?


Je dois dire que je porte un regard distant sur les élections françaises. Je vis aux États-Unis, et la France est souvent loin de mes préoccupations. Je m’attends à une poussée du Rassemblement National, au vu du mécontentement de la population française aujourd’hui. Je m’attends aussi à ce que les candidats soutenus par Macron fassent de mauvais scores. Je ne m’attends pas à des bouleversements majeurs. L’offre politique en France est médiocre. La population est sous-informée. La France est un pays en net déclin. L’échéance majeure sera en 2022. Je pense qu’on verra à nouveau un face à face Marine Le Pen Macron, et que Macron l’emportera en agitant la peur de l’extrême droite. Il restera rejeté par les deux tiers de la population. La situation française fait qu’on peut être rejeté par les deux tiers de la population et être élu quand même. Triste situation.

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