État de l’énergie au Québec : un rapport impartial indique que nous sommes sur la mauvaise voie

La réduction des émissions ne peut être obtenue qu’en forçant les gens à adopter un nouveau mode de vie.

La publication cette semaine du rapport sur l’état de l’énergie au Québec ne contient aucune bonne nouvelle pour le gouvernement québécois.

La Chaire d’énergie de l’École de commerce de Montréal (HEC Montréal), qui publie chaque année de tels rapports, a même déclaré qu’il n’y a pas de sobriété énergétique au Québec – seulement de l’ivresse énergétique.

Les chiffres sont en effet effrayants pour un gouvernement qui, comme beaucoup d’autres, semble penser qu’il suffit de fixer des objectifs et d’édicter des politiques pour réduire les émissions. En 2021, 71 % de tous les véhicules vendus au Québec étaient des VUS. 18 milliards de litres d’essence ont été consommés, ainsi que 3,6 milliards de litres de diesel – deux records historiques. 9 % des véhicules vendus étaient des VE, ce qui porte le total à 5 % sur les routes.

Pour un gouvernement qui compte beaucoup sur l’électrification des transports pour atteindre ses objectifs, il s’agit d’un gros coup d’éclat. Il est clair que les Québécois ne montrent aucune intention de changer quoi que ce soit à leur façon d’agir envers l’environnement. Ces changements devraient inclure, selon les auteurs, de travailler encore plus à la maison et d’utiliser les transports en commun et le covoiturage. Et les gouvernements devraient également penser à imposer des taxes sur le kilométrage et le stationnement.

Qu’il s’agisse de décourager l’utilisation de l’automobile personnelle, d’arrêter de manger de la viande, de cesser de voyager ou de faire la vaisselle à minuit, les Québécois, comme d’autres personnes, n’adhèrent tout simplement pas à la transition accélérée. Nous nous rapprochons de plus en plus du moment où les gouvernements devront dicter ce qu’il faut faire s’ils veulent maintenir leurs objectifs en matière d’émissions.

Alors pourquoi les gouvernements s’enferment-ils dans un cadre aussi strict ? Eh bien, parce que ce sont des gouvernements. Longtemps considérée comme une obligation dont personne ne voulait parler, la lutte contre le changement climatique s’est hissée au sommet de leur agenda parce que les gens ont finalement eu peur de l’avenir après des années d’alarmisme incessant de la part des activistes et des médias. Et ils s’exposent à de nouveaux problèmes. En essayant d’accélérer la transition, ils vont faire exploser les prix de l’énergie, à un moment où les Occidentaux sont confrontés à l’une des périodes d’inflation les plus intenses de notre époque. Nous n’atteindrons peut-être pas nos objectifs en matière d’émissions, mais nous atteindrons certainement nos objectifs en matière de récession. Il en résultera certainement un manque de solidarité de la population sur l’une des questions les plus importantes de notre époque.

Politique mise à part, il est difficile de comprendre pourquoi les gouvernements ne misent pas davantage sur l’innovation et l’adaptabilité.

Une brève histoire de la fin du monde serait une bonne lecture. Au milieu des années 70, nous étions menacés de famine, car nous allions manquer de terres arables et de nourriture. Aujourd’hui, nous en avons assez pour dix milliards de personnes, car la technologie nous a permis de produire trois à quatre fois plus de nourriture avec la même surface. Qu’est-il arrivé aux pluies acides et au trou dans la couche d’ozone ? Encore la technologie. Et il n’y a aucune raison de penser que la technologie ne sera pas le principal moteur de la lutte contre le changement climatique. Je veux dire toutes les technologies. Pas seulement les énergies renouvelables, pour lesquelles les gouvernements ne font pas assez d’efforts, mais aussi la technologie de capture du carbone, car nous allons vivre avec des hydrocarbures pendant encore longtemps.

Quant à l’adaptabilité, nous devrions être les premiers à la connaître. L’humanité a survécu parce qu’elle s’est adaptée, et non parce qu’elle était l’animal le plus gros ou le plus rapide. Il n’y a aucune raison de penser que nous ne serons pas capables de nous adapter à des températures plus élevées à l’avenir. Nous aurons peut-être besoin d’infrastructures de logement et de transport différentes ainsi que de nouveaux plans de développement, mais cela peut se faire facilement.

Le rapport L’état de l’énergie au Québec 2023 montre que les gens refusent de suivre l’agenda politique du gouvernement en matière de changement climatique. Nos dirigeants devraient en prendre note. Ils devraient également se concentrer sur l’innovation et l’adaptabilité s’ils veulent un jour atteindre leurs objectifs.

Éric Tetrault

M. Éric Tetrault est le PDG de l’Association de l’Énergie du Québec « La technologie et l'innovation comme réponse aux changements climatiques »

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