Faillite du Panier bleu : le « BS corporatif » de la CAQ doit cesser

Durant les débuts de la pandémie, lorsque nous étions confinés à la maison, il fallait quand même bien pouvoir acheter les choses du quotidien. C’est alors qu’a émergé l’idée d’un site qui regrouperait les vendeurs québécois victimes des mesures sanitaires, afin de faire « compétition » avec Amazon. Cependant, le bateau a vite pris l’eau et a finalement été sabordé par le gouvernement, qui a vendu le site conçu et financé par l’argent des contribuables. Encore une fois, la CAQ démontre qu’elle est le gouvernement du « BS corporatif » au Québec. C’est-à-dire de jouer au casino avec l’argent de Monsieur-Madame tout-le-monde. Chronique d’une mort prévisible.

Bien avant Northvolt, Flying Whales (les dirigeables), il y a eu le Panier bleu. Dans un élan de solidarité collective, plusieurs ont réclamé une alternative québécoise à Amazon afin d’encourager nos commerçants victimes des mesures gouvernementales. Cependant, puisque l’enfer est pavé de bonnes intentions, ce projet qui a coûté 16 millions aux contribuables est maintenant voué à une mort prochaine.

Le site au départ ne comptait pas de plateforme transactionnelle, un comble de nos jours, lorsque les consommateurs sont pressés et veulent acheter rapidement et efficacement. Service déjà offert par Amazon. Lorsqu’on a pu acheter directement sur le Panier bleu, la vague était déjà passée. Les magasins étaient rouverts, et Amazon offrait un service encore plus efficace dans les centres urbains du Québec.

Le site fut « privatisé », c’est-à-dire vendu à des partenaires publics et privés. Des commerçants présents sur la plateforme ont affirmé qu’ils ne faisaient qu’entre une et trois ventes par mois. Ce qui est extrêmement médiocre pour les efforts mis pour s’inscrire, présenter ses produits, et sans compter les frais qui viennent avec. Qui a empoché encore une fois l’argent des contribuables? Probablement des amis du pouvoir. Ce qui rend le Panier bleu comparable à l’aventure ArriveCAN des libéraux à Ottawa.

Le gouvernement doit cesser de s’aventurer dans des projets impossibles voués à l’échec, encore plus sous le coup de l’émotion du moment. Philippe Sauro Cinq-Mars a écrit ici sur Québec Nouvelles que la CAQ était habituée à ce genre de réactions rapides et expéditives. De voter des motions sans garder la tête froide. C’est également le cas de leurs politiques économiques. Ils voient la nouvelle « grosse affaire » comme les batteries et les dirigeables. Ils vont donc jouer au casino avec notre argent en espérant un retour sur l’investissement. En tout cas, c’est présenté comme ça. Un pari sur l’avenir avec des entreprises en démarrage, pas très bien établies. La réalité, c’est que comme chez les libéraux à l’époque, « un chum c’tun chum ».

Au Québec, nous sommes des habitués du « BS corporatif ». Financer des entreprises pas très claires, et presque toujours se retrouver à perdre son investissement. C’est le cas du Panier bleu. Ça serait correct si c’était fait avec les revenus d’une personne adulte et responsable. Ce l’est beaucoup moins quand c’est l’argent de tout le monde, et encore plus quand ils n’ont aucun pouvoir décisionnel sur ce qu’on devrait faire de cet argent.

Si le gouvernement du Québec, ou du Canada (allo ArriveCAN) voulait vraiment aider l’innovation et le commerce, ils investiraient pour accompagner la transition des vendeurs vers l’Internet. Un autre programme intéressant serait de réduire les taxes que doivent payer les commerçants. Permettre l’envoi postal à des tarifs avantageux. Mais non, nos gouvernements préfèrent à la place prendre l’initiative d’essayer de faire comme le privé, sans son efficacité. Vouloir espérer compétitionner avec Amazon était bien illusoire, mais avec l’argent des contribuables en otage, c’est encore pire. Le « BS corporatif » doit cesser.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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