La Cour suprême des États-Unis a pris une décision historique en mettant fin aux programmes de discrimination positive dans les universités. Les six juges conservateurs ont jugé inconstitutionnelles les procédures d’admission qui prennent en compte la race ou l’origine ethnique des candidats, allant à l’encontre de l’avis des trois juges progressistes.

Dans son argumentation, le juge John Roberts, au nom de la majorité, a affirmé que de nombreuses universités avaient à tort considéré que l’identité d’une personne était définie par sa couleur de peau, et non par ses compétences, son expérience ou les leçons apprises. Selon lui, la Constitution américaine n’autorise pas une telle approche et les étudiants doivent être traités en fonction de leurs expériences individuelles, et non de critères raciaux.

Il faut le rappeler, à la fin des années 1960, plusieurs universités sélectives avaient introduit des critères raciaux et ethniques dans leurs procédures d’admission pour remédier aux inégalités héritées du passé ségrégationniste des États-Unis et augmenter la représentation des étudiants noirs, hispaniques et amérindiens. Ces politiques de discrimination positive ont toujours été vivement critiquées par les conservateurs, qui les considèrent comme opaques et inversant le racisme.

La Cour suprême, saisie à plusieurs reprises depuis 1978, avait interdit les quotas mais avait toujours autorisé les universités à prendre en compte, entre autres, les critères raciaux dans un souci de recherche d’une plus grande diversité sur les campus. Cependant, elle a inversé sa position dans cette affaire, tout comme elle l’avait fait en juin 2022 en annulant le droit fédéral à l’avortement.

Cette décision a été saluée par les conservateurs, et l’ancien président républicain Donald Trump, qui a profondément remanié la Cour pendant son mandat, a qualifié cela de « grand jour » pour les États-Unis, affirmant que cela ramenait le système au mérite.

En revanche, le président démocrate Joe Biden a exprimé son profond désaccord et sa déception face à cet arrêt, soulignant qu’il s’écartait de décennies de jurisprudence. Il a appelé les universités à ne pas abandonner leur objectif de diversité et a déclaré que la Cour suprême ne devrait pas avoir le dernier mot, qualifiant sa décision de « non normale ».

Même au sein de la Cour suprême, des critiques ont émergé. La juge progressiste Sonia Sotomayor a écrit que les six membres de la majorité, non élus, avaient renversé le statu quo en se basant sur leurs préférences politiques. Elle a soutenu que permettre aux universités de prendre en compte les expériences personnelles des candidats et l’impact de leur race sur leur parcours revenait à mettre « du rouge à lèvres sur un cochon ».

L’université Harvard a laissé entendre qu’elle utiliserait l’ouverture laissée par la décision de la Cour suprême. Cela signifie qu’elle pourrait continuer à prendre en compte les commentaires des candidats sur la manière dont leur couleur de peau a affecté leur vie, que ce soit en termes de discrimination ou d’inspiration, dans leurs procédures d’admission. Cette approche pourrait permettre à Harvard de minimiser l’impact de l’arrêt de la Cour suprême.

Cependant, malgré cette ouverture potentielle, des inquiétudes persistent quant à la sous-représentation des minorités sur les campus universitaires. Certains estiment que penser que les étudiants des minorités prennent la place d’étudiants blancs plus riches est injuste. Cette opinion souligne l’importance de la diversité et remet en question la décision de la Cour suprême.

En fin de compte, la décision de la Cour suprême met fin à une longue période où les critères raciaux et ethniques étaient pris en compte dans les procédures d’admission universitaires. Cela soulève des questions sur le modèle de diversité recherché sur les campus et sur la manière dont les universités devraient évaluer les candidats. Alors que les conservateurs applaudissent cette décision, les progressistes la critiquent vivement et appellent à une autre réflexion sur la question de l’égalité des chances et de la diversité dans l’enseignement supérieur.

Ce verdict de mettre fin aux programmes de discrimination positive dans les universités soulève des arguments solides quant à la nature ridicule de ces politiques et leur inconstitutionnalité. Voici une argumentation basée sur ces points :

La discrimination positive, étant fondamentalement injuste, suppose de favoriser certains groupes ethniques ou raciaux au détriment d’autres dans le processus d’admission universitaire. Cela va à l’encontre du principe d’égalité des chances et de traitement équitable. Les individus devraient être évalués en fonction de leurs mérites, de leurs compétences et de leurs qualifications, et non en fonction de leur race ou de leur origine ethnique.

Celle-ci perpétuerait la division et la ségrégation. Donc, au lieu de promouvoir l’égalité et l’unité, cette attitude crée une distinction artificielle entre les individus en se basant sur leur appartenance raciale ou ethnique. Cela peut conduire à la création de ressentiment et à une augmentation des tensions entre les différents groupes, en renforçant les barrières raciales plutôt qu’en les surmontant.

Le jugement affirme que les procédures d’admission basées sur la race ou l’origine ethnique violent la Constitution. La Constitution des États-Unis garantit le droit à l’égalité devant la loi, et cela inclut l’égalité des chances dans l’accès à l’éducation. En favorisant certains groupes au détriment d’autres, la discrimination positive viole ce principe fondamental.

Ceci ne résout pas les inégalités profondes. Bien que les partisans de la discrimination positive soutiennent qu’elle vise à corriger les inégalités historiques, il existe des arguments solides selon lesquels ces politiques ne parviennent pas à s’attaquer aux véritables causes des inégalités socio-économiques. Plutôt que de traiter les problèmes structurels qui affectent les communautés défavorisées, la discrimination positive se concentre sur des mesures superficielles telles que la race, ce qui peut masquer les véritables problèmes sous-jacents.

La recherche de la diversité ne nécessite pas la discrimination positive. Cela dit, elle consiste en une valeur importante dans les environnements éducatifs et sociaux. Néanmoins, il existe d’autres moyens d’atteindre la diversité sans recourir à la discrimination positive. Les universités peuvent mettre en œuvre des politiques qui favorisent la diversité en encourageant l’accès équitable à l’éducation, en fournissant des ressources et un soutien aux étudiants issus de milieux défavorisés, et en créant un environnement inclusif qui célèbre les différences.

Finalement, la discrimination positive est une politique problématique et inconstitutionnelle qui va à l’encontre des principes fondamentaux d’égalité et de justice. Plutôt que de favoriser une véritable égalité des chances et de s’attaquer aux inégalités profondes, elle crée une division artificielle entre les individus et perpétue les stéréotypes raciaux. La décision de la Cour suprême de mettre fin aux programmes de discrimination positive dans les universités des États-Unis est justifiée, car elle réaffirme l’importance de l’égalité devant la loi et du traitement équitable de tous les individus, indépendamment de leur race ou de leur origine ethnique. Il est essentiel de promouvoir des politiques qui favorisent la diversité et l’inclusion d’une manière qui respecte les principes constitutionnels et encourage une société véritablement égalitaire et harmonieuse.

Samuel Rasmussen

Formé à l’École de Politique Appliquée de l’Université de Sherbrooke, il se passionne pour la géopolitique et le développement des relations internationales. Collaborateur de différents podcasts notamment Ian et Frank et Agora Underground, il intervient souvent sur l’actualité. Il s’intéresse principalement à la psychologie du pouvoir et de son impact sur le plan individuel comme au sens large.

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