France: Plainte pour transphobie déposée contre Marion Maréchal

Karla Sofía Gascón a reçu un prix au Festival de Cannes pour son rôle dans le thriller musical «Emilia Perez». Le film raconte l’histoire d’un baron de la drogue mexicain en cavale qui subit une chirurgie de réattribution sexuelle afin d’échapper aux forces de l’ordre, affirmant du même coup son identité de genre.

Sur sa page Wikipédia en langue française, on apprend que: «Karla Sofía Gascón, née et assignée homme sous le prénom de Carlos est une actrice espagnole, la première personne trans à recevoir un prix d’interprétation féminine au festival de Cannes, en 2024». À noter que la mention de «sexe assigné à la naissance» ne se retrouve pas sur les pages Wikipédia espagnole et anglaise.

Karla Sofía Gascón vient de déposer une plainte contre Marion Maréchal auprès du parquet de Paris pour «outrage sexiste en raison de son identité de genre». Cette action en justice fait suite à une plainte similaire déposée deux jours plus tôt par six associations de défense des droits LGBTQ+ concernant les mêmes propos. Marion Maréchal est tête de liste du parti politique français Reconquête aux élections européennes de juin 2024.

Quels sont les propos en cause? Sur X, Marion Maréchal a écrit: «C’est donc un homme qui reçoit à Cannes le prix d’interprétation… féminine. Le progrès pour la gauche, c’est l’effacement des femmes et des mères.»

Pour être exact, Karla Sofía Gascón a remporté le prix conjointement avec ses partenaires de jeu, Zoe Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz; il ne lui a pas été attribué exclusivement – pas que cette précision change grand-chose sur le fond de l’affaire. Cannes n’attribuerait pas un prix d’interprétation féminine à un groupe qu’il considère mixte. Il faut y voir un endossement de l’idéologie du genre, ce qui n’a rien de particulièrement surprenant.

Le Festival de Cannes aurait-il pu honorer sa performance sans lui décerner un prix d’interprétation féminine? Éventuellement, s’il dispose d’une flexibilité lui permettant d’adapter ses prix à sa discrétion. On pourrait, par exemple, imaginer la remise d’un prix spécial pour reconnaître l’excellence du quatuor. Évidemment, de lui décerner un prix d’interprétation masculine serait décrié comme le pire affront transphobe dans le monde dans lequel nous vivons. Le cas de ce film est particulier, parce que le personnage incarné par Gascón est au départ, le chef de cartel Juan «Manitas» Del Monte, un homme.

Marion Maréchal était invitée sur le plateau de France Inter il y a deux jours pour défendre ses propos

Revenons-en à la controverse. Au-delà du fait que certains puissent considérer la première phrase des propos de Marion Maréchal comme un manque de courtoisie, voire la juger moralement répréhensible, elle ne devrait en rien se mériter une accusation criminelle.

La trans-identification de Karla Sofía Gascón, qui a aujourd’hui 52 ans, est survenue sur le tard. Gascón interprétait des rôles masculins encore assez récemment. Dans «Nosotros, los Nobles», un film sorti en 2013, Gascón [qui utilisait alors le prénom Carlos] jouait le rôle de Pedro. En 2014, il interprétait le rôle d’Iñaki Izarrieta, l’amoureux du personnage de Lorelay dans la télénovela «El Señor de los Cielos». En 2016, Carlos Gascón apparu dans le rôle d’Óscar dans la comédie télévisée mexicaine «40 y 20».

Tout ça pour dire que son appartenance à la gente masculine, à laquelle il s’identifiait vraisemblablement lorsqu’il était connu en tant que Carlos, n’est un secret pour personne. Ce n’est pas comme si Marion Maréchal exposait un non-dit – pas que cela n’eut constitué un crime.

Pour les trans-activistes, la trans-identification efface toute trace du réel biologique de l’individu, qui devrait par la suite devenir innommable. Ne leur en déplaise, le suffixe «trans» signifie qu’il s’agit d’un individu dont la biologie chromosomique ne correspond pas au genre auquel il s’identifie. Les traitements hormonaux et la chirurgie peuvent modifier les caractéristiques sexuelles secondaires et les organes génitaux, mais ils ne modifient pas les chromosomes présents dans les cellules du corps. Ainsi, un mâle humain qui entreprend une transition aura toujours des chromosomes XY dans ses cellules, même s’il subit une vaginoplastie [comme le personnage du film].

C’est comme un blond qui se teint les cheveux en noir. Il demeure objectivement blond d’un point de vue capillaire. La couleur naturelle des cheveux étant déterminée par les gènes. Idem dans le cas d’une personne aux yeux marron qui porte des verres de contacts colorés bleus. Sa couleur d’yeux naturelle reste marron d’un point de vue génétique et biologique. On peut considérer que d’insister pour rappeler la couleur naturelle des cheveux et des yeux de ces individus constitue un manque de courtoisie, mais il ne s’agit pas d’affirmations fausses ou mensongères.

Marion Maréchal persiste et signe. Sur le réseau X, elle a répondu comme suit à la plainte des associations LGBTQ+: «Aucune intimidation judiciaire ne me fera taire. Je resterai du côté de la vérité, du réel et du refus de l’effacement des femmes».

Ce qui ramène à la seconde partie du commentaire à la source de la polémique: «Le progrès pour la gauche, c’est l’effacement des femmes et des mères», où elle fait allusion aux mâles trans-identifiés qui participent à des compétitions de sport féminin et à la proposition de remplacer le nom de la « Fête des mères » par « la fête des gens qu’on aime », qui vise à rendre l’événement plus inclusif.

Une majorité des gens n’éprouvent pas de problème avec le droit d’exister des personnes trans, pour autant qu’on ne les oblige pas de nier le réel et d’appuyer la déconstruction des repères de la société. Pour autant que cette acceptation ne conduise pas à l’effacement et au remplacement des femmes. On ne peut pas forcer les gens de reconnaître qu’une femme trans soit une femme à 100%. Si c’était le cas, pourquoi le besoin d’employer un suffixe pour la désigner? Outre, personne ne devient autre chose qu’un homme ou une femme par le fait de s’auto-identifier comme non binaire.

En embrassant inconditionnellement la cause trans telle qu’imposée par les activistes LGBTQ+, les partis de gauche et/ou de centre gauche en sont venus à cautionner une irrationalité telle qu’elle mine toute leur crédibilité. C’est le cas de Joe Biden aux États-Unis, Justin Trudeau au Canada, et de Québec Solidaire. Marion Maréchal nous rappelle qu’au point où est rendu le vecteur progressiste, la droite conservatrice est l’option politique qui incarne le gros bon sens. À l’approche des élections européennes, ce scandale risque plutôt de l’avantager que de lui nuire.

Ophélien Champlain

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