François Legault n’a aucun rapport de force face à Ottawa, et ça, c’est préoccupant

Imaginez, vous avez la plus forte majorité de l’histoire de l’Assemblée nationale du Québec. Vous êtes le premier ministre le plus populaire depuis des années. Mais voilà que tout tombe à l’eau. Vous n’avez aucun rapport de force à Ottawa malgré votre écrasante majorité. Nous parlons ici de François Legault. En quoi cela est-il préoccupant que le premier ministre actuel du Québec n’ait aucun rapport de force? Voyons voir ça.

François Legault, qui, malgré des années difficiles, a tout de même 86 députés à l’Assemblée nationale. Quelques-uns ont quitté le navire, dont le « super » ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Mais dans l’ensemble, le premier ministre ne devrait pas devoir se retrouver dans une telle situation. Où il ressent le besoin de quémander à Ottawa des pouvoirs en immigration, tout en se faisant rire de lui par Justin Trudeau, un premier ministre tout aussi impopulaire.

Ce n’est pas seulement de François Legault que les libéraux se moquent, mais de tous les Québécois préoccupés par leur avenir démographique. Chaque humiliation supplémentaire vécue par le premier ministre est un coup contre ceux qui pensent que nos capacités d’accueil sont dépassées. Si Legault s’est maladroitement exprimé sur les « zones d’attente » hors Québec où seraient logés les demandeurs d’asile, il a le mérite au moins d’exprimer un malaise face à l’arrogance d’Ottawa.

En effet, le « droit d’asile » est utilisé pour tous les prétextes de nos jours. Même si la vie de la personne n’est pas menacée immédiatement dans son pays pour des raisons politiques, plusieurs utilisent ce prétexte afin de pouvoir résider ici, aux États-Unis ou en Europe, dans l’attente que leur demande soit traitée. Entre temps, ils peuvent avoir des enfants ici, qui seront automatiquement citoyens (droit du sol), avoir droit aux allocations, travailler.

Puisque la demande peut prendre des années avant d’être traitée, plusieurs migrants économiques ou faux réfugiés savent qu’ils pourront rester ici sans crainte. C’est face à ce détournement du droit d’asile que François Legault s’est indigné. Déjà, les opposants crient au nazisme, comme quoi le premier ministre voudrait tatouer des numéros sur les bras des migrants et les parquer dans des camps. Cela est malhonnête.

Or, nous sommes dans une démocratie. Ces zones d’attente existent déjà en France. Et le Royaume-Uni avait prévu de telles zones délocalisées au Rwanda, projet qui aura été annulé lors de l’arrivée au pouvoir du travailliste Keir Starmer. François Legault a donc parfaitement le droit de proposer des solutions, alors que les libéraux font tout pour nuire le plus possible au Québec. Et cela en partie par la démographie.

Malheureusement, François Legault s’est peinturé dans un coin en refusant des référendums sectoriels, ou même l’indépendance en dernier recours. Il n’a aucun rapport de force face à Justin Trudeau, ce qui est quand même un comble. Considérant l’impopularité légendaire de ce dernier. Oui, Legault doit mettre le couteau sur la table, si la partie en face de lui refuse de négocier de bonne foi. Ce qui est clairement le cas. Sinon, nous continuerons à décliner démographiquement dans le Canada, perdant ainsi nos chances de nous autodéterminer.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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