François Legault n’a plus l’initiative alors qu’il coule avec son navire

Le vaisseau amiral du gouvernement, la Coalition Avenir Québec, est en train de couler. Nous pourrions longuement disserter sur le départ de Youri Chassin du caucus caquiste, mais aussi sur les députés d’arrière-ban qui aimeraient pouvoir s’exprimer librement, mais qui ne le peuvent pas. François Legault a vraiment perdu le contrôle de ses compétences au Québec, et rien n’indique qu’il pourra y faire quoique ce soit.

D’un côté, la CAQ est vue par certains comme un parti qui agit comme les autres en matière de fiscalité ou de déficits. Il faut se rappeler que la CAQ est issue de l’ancienne Action démocratique du Québec (ADQ), un parti ayant des éléments libertariens en son sein. Pour plusieurs anciens adéquistes, la CAQ fut un coup de poignard.

Ainsi se sont développées des « alternatives » concurrentes à la CAQ, comme le Parti conservateur du Québec. Pour eux, la CAQ a aussi contribué à plomber les finances du Québec. On se rappellera pour les prochaines décennies le déficit de 11 milliards du gouvernement Legault. Alors qu’aucun nouveau service notable n’a été présenté à la population. Déficit pour payer les factures, en quelque sorte.

Mais de l’autre côté du spectre politique québécois, la CAQ est vue comme un parti fédéraliste et centré sur les intérêts des patrons. Il est vrai que François Legault semble avoir enterré pour de bon l’option indépendantiste dans son cas, mais c’est un fédéralisme fataliste, résigné. On ne sent pas vraiment un grand amour pour le Canada. Il s’est aussi dégriffé face au gouvernement fédéral.

C’est seulement en ce moment, avec la renaissance du Parti Québécois, qu’Ottawa nous fait des concessions. Ottawa a peur de Paul St-Pierre Plamondon, et sait pertinemment que continuer d’écraser les demandes du Québec ne feront qu’empirer le cas du camp du non. Ce n’est pas tellement Legault qui a réussi à arracher des concessions, mais la peur d’un futur référendum.

Ainsi, on se retrouve avec un premier ministre édenté, affaibli par de nombreux scandales. Pensons à l’école Bedford, mais aussi aux affaires qui secouent la DPJ depuis déjà quelques années, mais qui font la manchette présentement. Le gouvernement pensait qu’avec la loi 21, il réglerait le problème de l’entrisme religieux dans les écoles. Mais en s’attaquant seulement aux symboles religieux, il n’a pas vu que ceux qui n’en portent pas ne sont pas pour autant immunisés contre le radicalisme religieux.

François Legault doit céder sa place à quelqu’un qui est capable de gérer la situation. Il est dommage que Simon Jolin-Barrette soit relégué au second plan, celui qui a eu les succès les plus notables comme ministre. Il est le plus apte à remplacer François Legault, si celui-ci voulait céder son poste. Mais malgré des déclarations passées, il est peu probable que Legault ne cède sa position de premier ministre.

En effet, par le passé, il a dit qu’il ne terminerait pas son second mandat. Que la politique pour lui, c’était l’occasion de « faire le ménage », pas de s’accrocher. Or, nous nous en allons vers la troisième année de son second mandat, et celui-ci dit qu’il veut se représenter. C’est dommage, car le Québec mérite mieux qu’un politicien en fin de carrière pour gérer des crises qui se multiplient dans un monde instable en constante mutation.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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