François Legault n’arrête pas de reculer et n’a que lui à blâmer

François Legault et son gouvernement sont capables du meilleur, mais surtout du pire. Ceux-ci ont un talent inné pour sortir des politiques de leur chapeau que personne n’a vraiment réclamé. Vous vous souvenez des maternelles 4 ans? Plus personne n’en parle aujourd’hui. Mais il y a une autre chose pour laquelle le premier ministre excelle depuis 6 longues années au pouvoir : reculer, reculer et encore reculer. Cette fois-ci sur les universités anglophones. Voyons voir pourquoi cela est symptomatique de l’incompétence caquiste et de leur manque de courage politique, et pourquoi ils n’ont qu’eux à blâmer.

C’était prévisible à quel point cette nouvelle mesure instaurée par la ministre de l’Éducation supérieure Pascale Déry allait faire l’objet d’une tempête dans un verre d’eau, et que le gouvernement se sentirait obligé de reculer. En faisant payer la juste part aux étudiants anglophones hors Québec pour leurs études dans les universités de McGill, Concordia et Bishop’s, le gouvernement savait qu’il mettait un pied dans la ruche d’abeilles et qu’il allait piquer leur colère.

Mais qu’aurait dû faire un gouvernement qui a la plus grande majorité de l’histoire moderne du Québec? Pourquoi aurait-il dû reculer? La majorité des gens sont d’accord, et pour une fois, même sur le clivage gauche-droite, la droite normalement applaudirait cette mesure de bon sens devant le buffet à volonté que représentent les universités anglophones. Ainsi, on a vu l’imbuvable Jean Charest, monsieur 2012 en personne, s’opposer à la hausse des frais pour les anglophones, alors qu’il a voulu en son temps refiler la facture du sous-financement aux étudiants. Nous connaissons la suite.

Le gouvernement n’aurait pas dû reculer. Surtout quand les principaux opposants à cette réforme sont des lobbys radicaux qui utilisent n’importe quelle occasion pour faire du Québec bashing. Mais sur le fond, entendons-nous, cette « réforme » semble sortie d’un chapeau en panique face à la progression spectaculaire du Parti Québécois depuis l’hiver dernier. Les libéraux ressortent la menace séparatiste et demandent au fils Charest de laver leur réputation, mais personne ne semble en meilleure posture pour remplacer l’incompétence générale des caquistes que le Parti Québécois avec son chef Paul St-Pierre Plamondon.

Pourtant, Legault avait un boulevard devant lui pour marquer durablement le Québec. À 90 députés, c’est une occasion rare qui se présentera très peu. Pourquoi avoir tout gâché? La fatigue pandémique? L’âge? Ou les clivages entre caquistes « nationalistes » et « libéraux » qui n’ont rien en commun, sauf une cohabitation forcée par le patriarche? Un peu de tout ça. Nous vivons une bien triste époque ou le gouvernement voit une usine de batteries comme un projet de société. Avec tout ce qu’il y a de magouilles, de mensonges qu’il y aura à déterrer pour les décennies à venir.

Au moins avec les libéraux, nous avions un plan cohérent, détestable certes, mais clair. Tout était fait pour nuire le plus aux intérêts du Québec dans le Canada, de « canadianiser » la culture, l’enseignement. Tant pis si les étudiants et les syndicats ne sont pas contents. Jean Charest était un homme intransigeant. Alors que le problème de François Legault, c’est qu’il accepte de sacrifier l’essentiel à chaque fois qu’il provoque le mécontentement d’un lobby quelconque. Hier, c’était le lobby trans. Maintenant c’est le lobby anglophone. Peut-on vraiment faire confiance à un gouvernement qui ne tient pas ses promesses? Et qui revient toujours sur sa parole? Poser la question, c’est y répondre.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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