La sélection de Tim Walz comme colistier de Kamala Harris signale-t-elle une radicalisation du Parti Démocrate? Au lieu de choisir un colistier perçu comme un modéré apparenté au centre ou à la droite du parti pour équilibrer le ticket, Kamala Harris s’associe au gouverneur d’un des états les plus à gauche, dont les politiques « progressistes » s’apparentent à un wokisme décomplexé.
Les grands médias ne présentent toutefois pas Tim Walz selon cette perspective. Pour Radio-Canada, « l’équipe démocrate compte ainsi séduire l’électorat plus modéré en misant sur les racines rurales du gouverneur Walz pour la dernière ligne droite de la campagne électorale. Ayant lui-même grandi dans une petite ville du Nebraska, il se fait le défenseur de l’Amérique des petites villes, où il souhaite protéger les écoles publiques et les travailleurs ».
Radio-Canada s’en tient à une ébauche sélective du positionnement du gouverneur, mentionnant des « mesures visant à préserver le droit à l’avortement, à restreindre l’accès aux armes à feu et à protéger l’environnement. » Une brève énumération de politiques qu’on s’attend à voir sur la plateforme de n’importe quel progressiste modéré. Sans être fausses, ces informations sont loin de dresser un portrait représentatif du gouverneur.
Dès son entrée en fonction, Tim Walz a indiqué l’orientation de son administration en créant un Conseil, sur lequel il allait présider, pour s’occuper de diversité, d’inclusion et d’équité.
En mars 2023, Tim Walz a signé un projet de loi élargissant l’éligibilité à un permis de conduire standard du Minnesota, permettant aux habitants du Minnesota d’obtenir une licence quel que soit leur statut d’immigration. Les Démocrates arguent que ce projet de loi vise à augmenter la sécurité dans tout le Minnesota en garantissant que tous les conducteurs soient titulaires d’un permis, assurés et ayant suivi des cours de conduite. On estime que 81,000 migrants illégaux résident actuellement au Minnesota [les Démocrates préfèrent les appeler « immigrants sans papiers »]. Au nom de la sécurité routière, cette loi invite les illégaux à venir s’établir au Minnesota.
Depuis le 1er janvier 2024, une nouvelle loi signée par le gouverneur Walz oblige toutes les écoles publiques du Minnesota à mettre des produits menstruels à la disposition des élèves dans toutes les toilettes, c’est-à-dire y compris celles réservées aux garçons. Et comme le service doit être disponible dès la 4ème année, cela implique les établissements de niveau primaire et secondaire.
Tandis qu’en Idaho, la « Loi sur la protection des enfants vulnérables » interdit les bloqueurs de puberté, les hormones et les interventions chirurgicales pour les mineurs, l’administration Walz est allée dans le sens contraire, emboîtant le pas à la Californie, se déclarant un État sanctuaire pour les personnes transgenre.
Le Minnesota est désormais un refuge doté de garanties juridiques pour protéger les prestataires de soins de santé, les personnes transgenres et leurs partisans des poursuites et des sanctions pénales imposées par d’autres États. Walz a signé des lois qui protègent l’accès aux soins « d’affirmation de genre » et empêchant les bibliothèques scolaires d’interdire des livres uniquement parce qu’ils abordent des thèmes LGBTQ.
Lors de la campagne pour le gouvernorat, la page Facebook de l’équipe Walz/Flanagan avait publié une photo prise lors du défilé de la fierté LGBTQ+ des Twin Cities [Minneapolis et Saint Paul] en 2017. On y voyait 6 enfants portant des t-shirts aux couleurs de l’arc-en-ciel, 4 d’entre eux arborant les lettres W, A, L et Z, entourés de deux autres avec la forme du Minnesota.
La gouvernance de Tim Walz a été marquée par les émeutes survenues suite à la mort de George Floyd, qui ont été dévastatrices pour le centre-ville de Minneapolis. Accusé de ne pas avoir réagi suffisamment vite, Walz avait été blâmé pour les commerces incendiés et laissés en ruines.
Walz a été beaucoup moins laxiste en ce qui a trait à la crise du COVID, imposant le port du masque à l’intérieur dans les lieux publics, ainsi qu’à l’extérieur lorsque la distanciation sociale était difficile à respecter. On lui doit aussi la création d’une ligne téléphonique permettant aux gens de dénoncer leurs voisins qui enfreignaient les mesures COVID. Finalement, il a requis une preuve de vaccination contre la COVID-19 pour tous les employés de l’état. Les récalcitrants devaient se soumettre à un test de dépistage chaque semaine.
Laxisme en matière d’immigration illégale, autoritarisme covidien, appui aux dérives de la mouvance LGBTQ+: on note même un parallèle avec Justin Trudeau.
Avant de se présenter comme candidat au poste de gouverneur du Minnesota, Walz a siégé à la Chambre des Représentants pendant douze ans, de 2007 à 2019. À l’élection de mi-mandat de 2006, alors que la 2ème guerre d’Irak était en cours, Walz s’était fait élire sur une plateforme anti-guerre. Pourtant, une fois élu, il a voté en faveur d’un financement supplémentaire pour la guerre. La plupart des Démocrates de la Chambre avaient voté contre ce projet de loi.
Politicaillerie oblige, les adversaires de Walz se plaisent à ressortir son arrestation pour conduite sous influence en 1995, suite à laquelle son permis de conduire avait été suspendu pendant 90 jours. Il avait plaidé coupable à une accusation réduite de conduite dangereuse. Cet épisode n’a évidemment rien d’édifiant, mais les lois qu’il a signées lors des deux dernières années constituent un angle d’attaque beaucoup plus pertinent qu’une arrestation remontant à 30 ans.
Le Parti Démocrate a préféré parier sur Tim Walz que sur Josh Shapiro, le gouverneur de Pennsylvanie, qui était l’autre candidat pressenti. L’inclusion de Shapiro sur le ticket aurait presque certainement livré la Pennsylvanie aux Démocrates. Le hic, c’est que Shapiro est un juif qui soutient Israël. Avec lui, la Pennsylvanie aurait peut-être été remportée, mais au détriment d’États qui ont vu de forts mouvements pro-palestiniens, comme le Michigan ou le Wisconsin – et même le Minnesota [qui, quoique Démocrate depuis 1972, avait été remporté par Hillary Clinton avec un maigre écart de 1.5% en 2016].
Certains partisans Démocrate pointent à l’historique des votes de Walz en chambre, entre 2007 et 2018, pour démontrer qu’il se situe plus proche du centre que l’affirment ses détracteurs pro-Trump. Quoiqu’il en soit, ses positions récentes liées à l’accueil de migrants et aux soins « d’affirmation de genre » pour mineurs en tant que gouverneur le placent très à gauche sur les questions sociétales qui soulèvent les passions et se retrouvent au coeur de la présente campagne.
Le candidat vice-présidentiel est souvent choisi pour « compléter » le ticket en allant chercher une partie de l’électorat dont l’appui n’était pas garanti. Pour faire bonne mesure, il fallait embaucher un homme blanc hétérosexuel et de confession chrétienne. Le camp démocrate aura au moins fait ça, mais avec un tandem Harris/Walz, il mise le tout sur le néo-progressisme. Drôle de stratégie pour séduire les électeurs indépendants alors que les adeptes de « la diversité, l’équité et l’inclusion » étaient déjà acquis à Kamala Harris. Walz passe plutôt bien devant la caméra. Peut-être compte-t-on sur la propagande médiatique pour faire l’essentiel du travail…
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