Hausse du salaire des députés : une insulte pour les contribuables

Selon la Fédération canadienne des contribuables, l’année 2025 sera marquée par une nouvelle hausse du salaire des députés, des ministres et du premier ministre. Cette année, l’augmentation sera de 3,9 %.

Dans un contexte où le Canada traverse une crise économique majeure et où la confiance envers la classe politique est au plus bas, il est légitime de se poser la question : est-ce vraiment le bon moment pour augmenter la rémunération de nos élus ?

Un député canadien de base touchera désormais 211 000 $ par année. Ce montant ne tient même pas compte des allocations de dépenses, des déplacements à l’étranger financés dans le cadre de missions parlementaires, ni des avantages sociaux généreux dont bénéficient déjà les parlementaires.

Rappelons qu’après seulement deux mandats, un député obtient une pension à vie. Huit ans de service suffisent pour garantir un revenu à long terme, une situation que bien peu de travailleurs dans le privé peuvent espérer. Peut-on vraiment justifier une telle hausse dans un pays où l’économie stagne et où des millions de Canadiens peinent à joindre les deux bouts ?

Certains défendront ces augmentations en affirmant qu’un bon salaire permet d’attirer les meilleurs éléments en politique. À Singapour, par exemple, les élus figurent parmi les mieux rémunérés du monde afin de limiter la corruption et attirer des gestionnaires compétents issus du secteur privé.

Personne ne dit que nos élus doivent être sous-payés. Mais comment justifier une hausse salariale quand le bilan de leur gestion est si catastrophique ?

Si une augmentation de salaire devait être envisagée, ne devrait-elle pas être conditionnelle à des résultats concrets ? Le plein emploi est-il atteint ? Le PIB est-il en hausse ? L’indice de développement humain s’améliore-t-il ?

Il serait plus logique d’évaluer la performance des élus sur ces critères, un peu comme certains suggèrent de rémunérer les médecins selon la qualité des soins prodigués et la satisfaction des patients.

Mais nous ne sommes ni en période de croissance ni dans une dynamique de réduction de la pauvreté. C’est même tout l’inverse. Les banques alimentaires n’ont jamais été aussi fréquentées. Des centaines de personnes attendent des heures devant les Tim Hortons de l’Ontario pour obtenir un emploi.

Pendant ce temps, nos élus s’offrent une augmentation de salaire sans la moindre gêne. Pourquoi faudrait-il récompenser l’incompétence ?

Il y a plusieurs années, le ministre libéral Raymond Bachand avait justifié les primes des dirigeants de Bombardier, après que l’entreprise ait reçu des millions en subventions tout en délocalisant une partie de sa production, en affirmant qu’il fallait « retenir les talents chez nous ».

Mais en quoi ces « talents » méritaient-ils d’être récompensés après avoir fait perdre autant d’argent aux contribuables ? La même logique devrait s’appliquer aux politiciens et aux dirigeants des sociétés d’État. S’ils gèrent mal, pourquoi devraient-ils voir leur salaire augmenter ?

Cette hausse de salaire est une insulte dans un contexte d’austérité où des milliers de citoyens doivent choisir entre payer leurs médicaments et se nourrir. Espérons que les députés du Bloc, des conservateurs et du NPD aient la décence de renoncer à leur prime ou, à tout le moins, de la remettre à des organismes de leur circonscription. Quant aux libéraux, mieux vaut ne pas se faire d’illusions. Personne ne rejoint ce parti pour des convictions sincères.

En pleine période de crise, cette augmentation salariale est un affront à l’intelligence des contribuables. Mais surtout, c’est une preuve de plus que la classe politique est complètement déconnectée des réalités du pays.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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