Héritage de « l’esclavage » et de la « ségrégation » : sommes-nous désormais des Américains selon le gouvernement canadien?

Il ne se passe pas une semaine sans que le gouvernement de Justin Trudeau annonce de nouvelles mesures pour satisfaire son électorat. La plus récente en date, c’est ce rapport sur la réforme du système de justice pour favoriser les personnes noires. En quoi cela démontre-t-il une américanisation de la société canadienne? C’est ce que nous allons voir.

Justin Trudeau est un premier ministre en sursis. Les sondages depuis des années montrent une tendance lourde : il sera battu à plates coutures par Pierre Poilievre. On parle même de défaite historique pour le fils de Pierre Elliott Trudeau. La défaite serait si cuisante que le Bloc Québécois pourrait même hériter de l’opposition officielle.

Mais qu’à cela tienne. Justin Trudeau est motivé à pousser le délire progressiste toujours plus loin. Comme récemment, lorsque son gouvernement a publié un rapport détaillant plusieurs dizaines de mesures pour combattre le « racisme systémique » dont seraient victimes les personnes noires avec la justice. On parle de réduire les peines et les conditions de remise en liberté pour les personnes uniquement, car elles sont noires.

Dans le rapport, disponible sur le site du ministère de la Justice, on explique que « cette situation trouve son origine dans l’histoire du Canada marquée par le colonialisme, l’esclavage et la ségrégation. » Dans le cas qui nous intéresse, nous aimerions bien connaître en quoi l’esclavage et la ségrégation structurent la société canadienne. Dans le cas des États-Unis, cela est débattable.

Mais au Canada? En Nouvelle-France, il n’y aurait eu que 4000 esclaves, dont le deux tiers étaient autochtones. Les autochtones mis en esclavage étaient des « cadeaux » de nations alliées des Français. L’esclavage existait même avant l’arrivée des Français en Louisiane (où les esclaves étaient les plus nombreux) ou au Canada.

De plus, le préambule du rapport mentionne Georges Floyd. Voilà une problématique typique des antiracistes en dehors des États-Unis. Ils essaient toujours de tout justifier par rapport à cette tragédie qui s’est déroulée aux États-Unis. Ils tentent de trouver leur « moment » Georges Floyd. Au Québec, ils ont essayé avec quelques tristes faits divers. Mais cela ne sert à rien. La pilule ne passe pas.

En quoi le Canada devrait légiférer en fonction de l’actualité sociale et politique des États-Unis? Les gens se braquent lorsque nous parlons d’américanisation. Ou quand nous reprochons aux médias de chez nous d’être obsédés par le cas Donald Trump. Mais pour plusieurs, nous devons toujours répondre aux conservateurs américains par de nouvelles mesures radicales chez nous.

La France a répondu au recul de l’accès à l’avortement aux États-Unis par une sacralisation de celui-ci désormais inscrit dans sa constitution. Au Canada, le gouvernement de Justin Trudeau calque son discours sur celui de Black Lives Matter aux États-Unis pour réformer le système judiciaire. Mais comme nous nous tuons à le dire, nous ne sommes pas des Américains.

Le Québec ni le Canada n’ont l’histoire des États-Unis. La ségrégation, si elle a existé, n’était pas aussi formelle et profondément ancrée dans les provinces maritimes que dans le sud des États-Unis. Au Québec, elle n’a jamais existé. Et la grande majorité des personnes noires sont venues ici depuis les années 60, des Caraïbes ou d’Afrique. Il sera difficile, voire impossible, de trouver le descendant d’un esclave noir en Nouvelle-France.

Les noirs étaient même considérés comme plus « riches » que les Canadiens français lors de la publication du rapport Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme. Seules deux « ethnies » étaient considérées plus pauvres : les Italiens et les autochtones. Historiquement, ce sont même les Canadiens français qui ont été discriminés par le gouvernement fédéral. Mais personne ne parlera de ceci en effet. C’est trop politiquement incorrect.

Trudeau est au bout de son règne. Il ne sait plus où donner de la tête pour grappiller quelques votes parmi son bassin d’électeurs issus des communautés culturelles. Non, le Canada n’est pas un pays où l’esclavage et la ségrégation structurent le système politique actuel. Et non, la mort de Georges Floyd ne doit pas influencer les politiques de gouvernements extérieurs à ceux des États-Unis. Cela est fatigant de le rappeler, mais nous ne sommes pas des Américains. C’est tout. Et Trump n’est pas notre président.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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