Intelligence artificielle et contenu court : Internet est-il en train de devenir une poubelle?

La question peut intriguer : Internet est-il en train de devenir une poubelle? Depuis quelques années, nous assistons non seulement à une centralisation vers les GAFAM, mais aussi au déferlement de formats courts, ainsi que de contenu créé par l’intelligence artificielle. Ce qui fait sourciller plusieurs internautes exigeants. Il est maintenant certain qu’Internet soit devenu un dépotoir virtuel. Pourquoi? Quelques réflexions sur cet déchets virtuels.

Lorsque l’on demande à Gemini, le générateur d’images appartenant à Google de générer des personnages historiques, ils deviennent noirs pour la plupart. Ainsi, on a eu droit à Georges Washington noir, et même à des soldats nazis à la sauce multiculturelle. L’IA a bu son propre Kool-Aid. À force de ne pas vouloir offenser ni paraître racistes, les ingénieurs ont conçu une machine qui joue la carte du politiquement correct à l’extrême.

On se souvient tous des premières réponses fournies par ChatGPT d’OpenAI quand nous lui posions des questions sociétales. Les réponses choquèrent au point que les ingénieurs ont revu l’algorithme pour satisfaire aux critères sociaux actuels pour que le chatbot soit un élève bien dressé qui a peur d’offenser, quitte à refuser de répondre à des questions ou des injonctions. Pour plusieurs, cette machine à « googler » a vite fait son temps.

Peu après ce générateur de texte, on a eu droit aux générateurs d’images, de musiques, de vidéos. Certains payants, d’autres, gratuits, de façon limitée. Ce qui a inondé Internet d’images indésirables, ennuyeuses, comme si nos réseaux sociaux n’étaient pas déjà des égouts à ciel ouvert. Tout le monde peut ainsi générer n’importe quelle image. Mais les personnages générés n’ont pas d’âme. Cela se voit dans les yeux si c’est un vrai être humain ou non.

De plus, nous sommes bombardés de contenus courts depuis l’arrivée de TikTok chez nous. La réponse des GAFAM à TikTok ne s’est pas fait attendre. Tous les sites ont proposé leur propre version de ces vidéos courtes qui durent en moyenne moins d’une minute. Les Youtubeurs qui mettaient beaucoup de temps à produire des vidéos travaillées ont maintenant intérêt à produire du contenu court qui rapportera bien plus de vues, quitte à couper constamment sur la qualité.

Une baisse généralisée de la qualité se voit à tous les jours sur YouTube. Ce site qui a commencé avec des vidéos de monsieur et madame tout le monde s’est vite professionnalisé depuis la possibilité de monétiser son contenu à partir d’un certain nombre d’abonnés. Les petits youtubeurs ont fait place à des professionnels voire à des entreprises de divertissement qui brassent des millions de dollars. Il y a peu, YouTube pouvait parfaitement prétendre remplacer la télévision.

Maintenant, YouTube est envahi de ces contenus courts et souvent insignifiants. La qualité en a souffert. Quant aux autres réseaux sociaux, ils sont envahis par les déchets générés par l’IA. Des milliards et des milliards d’images qui n’ont nécessité qu’une brève description dans un générateur. Aucun travail artistique, aucun effort. Rien.

Les milléniaux ayant connu les débuts d’Internet sont souvent nostalgiques de l’Internet du temps. Un Internet décentralisé, qui était une véritable chasse au trésor. Le contenu n’était pas toujours de très grande qualité, mais on était fascinés par les possibilités offertes par cette nouvelle technologie. Puis, maintenant, on a accès à littéralement tout. Films, musiques, séries, livres, articles, photos, œuvres d’art. Il est difficile de savoir où aller devant cette quantité phénoménale de contenu accessible sur Internet, mais s’il faut en plus ajouter des déchets virtuels générés à l’infini, cela devient vite infernal. Ce qui fait presque regretter l’époque de MSN Messenger et des clubs vidéo.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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