Le plus grand succès de l’année 2023 montre le physicien Robert Oppenheimer diriger ce qui sera connu par la suite comme le projet Manhattan — et surtout la funeste invention qu’est la bombe atomique. Pour la première fois dans l’histoire, l’homme avait réussi à concevoir une arme suffisamment puissante pour détruire la vie humaine sur Terre. De nombreuses questions se sont bousculées dans la tête des concepteurs de Fat Man et Little Boy.
Et si le premier essai, celui de Trinity, enflammait l’atmosphère au grand complet dans une réaction en chaîne incontrôlable ? Et si cette invention nous glissait entre les doigts et nous détruisait tous ? Ces questions d’ordre moral, les physiciens de Los Alamos et Oak Ridge se les sont posées. Or, en 2025, nous risquons fort probablement de vivre un pareil moment avec le déploiement d’un nouveau modèle d’intelligence artificielle : ChatGPT-5 d’OpenAI.
Le PDG de l’entreprise lui-même, Sam Altman, affirme que ce sera considéré comme le moment Oppenheimer de notre temps. Une technologie d’une puissance exceptionnelle. À la fois force créatrice, mais au potentiel de destruction inimaginable. Déjà, le plus récent modèle d’OpenAI, ChatGPT-4.5, a réussi le test de Turing.
Un test imaginé par le mathématicien Alan Turing, un des plus grands pionniers de l’informatique, où l’on ne sait plus si l’on s’adresse à un humain ou à une machine. Or, le test a été réussi par le plus récent modèle d’OpenAI, selon une étude sérieuse de l’Université de San Diego.
Les découvertes en physique nucléaire ont permis un développement sans précédent de l’espèce humaine au XXe siècle : technologies médicales, de détection, mais aussi une énergie qu’il est possible de produire dans tous les types d’environnement. Mais c’est aussi ce qui a permis la découverte de la bombe, et la course aux armements des puissances mondiales.
L’intelligence artificielle, c’est un peu le même principe : elle permettra soit aux humains de se libérer du fardeau que représente le travail, particulièrement dans sa forme pénible et aliénante, ou bien assurera leur obsolescence, si ce n’est pas leur destruction totale. Nos décideurs doivent aller plus vite que la machine, parce que les ordinateurs, eux, ne s’arrêteront pas.
Nous vivons présentement la quatrième révolution industrielle. La première qui mettra en danger des emplois de bureau, de cols blancs, et même des professions libérales. Contrairement au projet Manhattan, la technologie, du moins dans une version grand public, est accessible à tous. Donc, c’est à nous de chevaucher le tigre et de nous approprier les outils qui pourront soit libérer l’humanité de multitudes d’ingratitudes telles que la famine ou les emplois dangereux, sinon qui assureront notre destruction totale.



