« Une majorité de musulmans au pays se disent victimes de discrimination au travail », titre Radio-Canada. Il s’agit d’un article de Myriam Eddahia qui rapporte les conclusions d’une étude réalisée par Islamic Relief Canada, une division de l’ONG Islamic Relief Worldwide basée au Royaume-Uni et ayant des liens allégués avec les Frères Musulmans. L’Allemagne a cessé de financer Islamic Relief Worldwide et sa division allemande en 2020 pour cette raison.
Première observation, Radio-Canada légitime une étude dont la méthodologie manque de rigueur. Il s’agit au départ d’un sondage en ligne diffusé par voie de « connections locales ». Les conclusions représentent essentiellement les individus qui suivent Islamic Relief Canada sur les réseaux sociaux ou qui sont abonnés à ses courriels. On peut donc supposer que les fondamentalistes sont surreprésentés au détriment des musulmans dits « modernes », c’est-à-dire ceux qui s’adaptent à une société sécularisée.
L’enquête a été réalisée auprès de 691 répondants, qui ont majoritairement déclaré avoir été victimes d’islamophobie au travail. Ces participants croient que leur identité musulmane a été préjudiciable à leurs avancements professionnels.
Outre, une majorité des participants basés au Québec [76%] estime que l’expérience des travailleurs musulmans est plus difficile au Québec que dans le reste du Canada. Ils estiment à 71% que l’influence de la loi 21 s’étend même dans les lieux de travail du privé. Il faut toutefois noter que 72% des répondants proviennent de l’Ontario et que l’échantillon du Québec correspond à une cinquantaine d’individus.
Les femmes qui portent un hijab ou niqab ont signalé les niveaux les plus élevés « d’islamophobie » en milieu de travail. Il s’agit quand même d’une affirmation de croyance ostentatoire. Toute personne arborant un symbole chargé idéologiquement en public doit s’attendre à la possibilité d’une réaction de désapprobation. La ligne entre le politique et le religieux est bien mince. Dans le cas du fondamentalisme, elle n’existe tout simplement pas.
Or, le lieu de travail est de préférence politiquement et idéologiquement neutre. Un principe auquel la majorité des citoyens accepte de se conformer. L’indépendantiste québécois ne peut pas porter son macaron pour le OUI au travail. Le partisan pro-Trump doit laisser sa casquette MAGA à la maison. La femme qui forte le voile islamique bénéficie ainsi d’un inéquitable passe-droit, qui vient inévitablement avec certaines conséquences [dont les regards de travers et commentaires déplacés qui sont répertoriés dans le rapport]. Si elles sont insoutenables, il reste le choix de laisser ses symboles identifiants à la maison.
Les participants estiment à 80% ne pas pouvoir travailler dans des types d’emplois particuliers en raison de leur identité et de leurs pratiques musulmanes. Peut-être que les « pratiques musulmanes » ne font pas partie des descriptions de tâches et n’ont pas d’affaire sur le lieu de travail…
Pourtant, la plupart des participants ont indiqué recevoir quelque forme d’accommodement religieux [formel ou informel] de leurs employeurs. Une grande majorité des participants [85%] dit avoir réclamé des accommodements religieux au travail: accès à une salle de prière, adaptation du code vestimentaire, permission d’assister à la jummah/ prière du vendredi, options alimentaires halal lors de réunions ou événements sur le lieu de travail et provisions permettant aux employés des deux sexes d’interagir dans des espaces sécuritaires et visibles. On comprend dans ce dernier point un malaise face à la mixité [l’égalité homme-femme].
Dans le détail, 91% d’entre eux ont répondu avoir été accommodés par leurs employeurs [un peu: 20.7% moyennement: 26.9%, beaucoup: 19.3% ou énormément: 24%].
La décriée « islamophobie » découle de ces demandes d’accommodements, qui ne sont rien d’autre que des privilèges ou des traitements de faveur. Sur le lieu de travail, l’employeur devrait être tenu d’accommoder le travail – et rien d’autre.
On peut parfaitement comprendre qu’un employeur n’ait pas envie de risquer de faire face à toutes sortes de demandes d’accommodements – et aux éventuelles accusations d’islamophobie subséquentes, advenant son refus d’obtempérer.
Parmi l’échantillon de répondants dont l’identité musulmane n’est pas visible [dont on ignore le nombre], la moitié a cité le nom à consonance islamique comme principal obstacle à l’embauche. Il n’est pas impossible que les demandes des fondamentalistes nuisent aux personnes de confession musulmane qui acceptent de s’intégrer à la société d’accueil.
Selon Statistique Canada, les Musulmans représentaient 4.88% de la population canadienne en 2021, en hausse par rapport à 3.2% en 2011. Au Québec, la population musulmane est passée de 3.1% en 2011 à 5.07% en 2021. Dans le Montréal métropolitain, elle a augmenté de 6% à 8.7% durant la même période.
L’étude recommande aux différents paliers de gouvernement de lancer des campagnes de sensibilisation publiques afin de valoriser les musulmans canadiens et de combattre les stéréotypes. Paradoxalement, ce sondage laisse comme principale impression le stéréotype d’éternel revendicateur d’accommodements. Pour faire un parallèle avec d’autres chouchous du régime diversitaire, les homosexuels qui participent le mieux à éroder les stéréotypes et l’homophobie sont ceux qui désavouent la mouvance idéologique LGBTQ+. Pour atteindre pareil objectif du côté musulman, il serait peut-être plus judicieux de se dissocier du fondamentalisme que d’en renchérir.
L’administration Trudeau a déjà répondu à cette recommandation en nommant Amira Elghawaby comme première représentante spéciale pour lutter contre l’islamophobie. Ce qui conduit à une autre demande incluse dans le rapport, soit l’éradication de lois considérées islamophobes, comme la loi 21 [pourtant très diluée comparativement au projet de charte proposé par le gouvernement Marois].
Cherchant à dénoncer le contraire, l’étude démontre que la société d’accueil est déjà très accommodante. Le fondamentalisme musulman devrait faire un petit examen de conscience avant de se peindre en victime. Une question pour aiguiller la réflexion: quel traitement réserve-t-on aux minorités sexuelles et religieuses dans les pays musulmans?
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