Avec l’élection de Donald Trump au sud de la frontière, le monde entier réajuste ses stratégies pour les prochaines années. Au Québec et au Canada, nous voyons déjà nos politiciens réagir aux possibles troubles que la nouvelle administration pourrait causer, notamment en immigration et en relations commerciales. Mais il y a un dossier majeur, qui a pris le devant de la scène ces derniers mois en raison de ses difficultés, qui risque d’être affecté de plein fouet : celui de la filière des batteries et de la transition énergétique.
En effet, dans les dernières années, nos gouvernements ont investi des sommes record dans des projets de développement de la filière des batteries et des véhicules électriques. Mais ces investissements à coups de milliards étaient basés sur les prévisions de croissance du marché des voitures électriques qui, elles, se basaient sur les engagements politiques des États occidentaux de réduire leurs émissions de GES et bannir les voitures à essence.
Mais surtout : ils étaient gonflés par la nécessité de compétitionner contre l’Inflation Reduction Act (IRA) de l’administration Biden, qui offrait des subventions faramineuses aux entreprises « verte » pour s’établir aux États-Unis.
Or, Donald Trump, connu pour s’être retiré des accords de Paris en 2017 et affichant ouvertement son intention de libérer la puissance énergétique américaine, pourrait rapidement changer la donne.
D’abord, il a promis de démanteler l’IRA, ce qui mettrait fin aux subventions contre lesquelles le Canada compétitionnait. De la sorte, de nombreuses ententes conclues dans le secteur des batteries et des voitures électriques au Canada, qui étaient explicitement conditionnelles au maintien américain de l’IRA, devront être revues. Andréa Daigle, porte-parole d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada, le confirmait ce matin à Radio-Canada : « Si le gouvernement américain venait à modifier ou annuler l’Advanced Manufacturing Production Credit [inclus dans l’inflation Reduction Act], le Canada emboîterait le pas de façon concordante.«
Ça représente donc le retrait probable de milliards de dollars en subventions pour les projets de la filière des batteries. Les subventions concernées seraient celles à la production de batteries, ce qui, pour Northvolt, représente 3,1 milliards de dollars.
Mais surtout, la position pro-hydrocarbure de Donald Trump et son intention d’ouvrir les valves de l’énergie américaine rendra inévitablement le marché plus optimiste à l’égard du futur des voitures à essence, prolongant leur règne au détriment des voitures électriques. Avec un gaz potentiellement moins cher, des voitures moins chères et une opportunité pour l’industrie automobile américaine de revenir à ce qu’elle fait de mieux plutôt que de se lancer dans une compétition inégale contre les géants chinois, investir dans la filière des batteries perdra beaucoup de son attractivité.
Et cette influence américaine risque aussi de s’étendre à d’autres pays en Occident, notamment en Europe, qui a connu une grave crise énergétique dans les derniers temps. Si le retrait des accords de Paris avait choqué, en 2017, l’abandon de la promesse de bannir les voitures à essence en 2035 risque fort peu d’émouvoir… Et risque plutôt d’être contagieux auprès de beaucoup de nos alliés.
De la sorte, tous ces projets sur lesquels on a misé à coups de milliards dans les derniers temps sont à risque de sérieusement se dévaluer. Le retour sur investissement est de plus en plus hypothétique.
On observait déjà, dans la dernière année, qu’en raison de nombreuses inquiétudes au sujet de la fiabilité des voitures électriques, la croissance des ventes n’était pas au rendez-vous. Et ce, malgré de généreux incitatifs gouvernementaux, des campagnes de promotions incessantes, des menaces de resserrement réglementaire, etc. Partout dans le monde, les ventes semblent stagner et des géants de l’industrie automobile comme Ford se retirent de projets dans l’électrique. Ce n’est donc pas pour rien que de nombreux projets, comme BASF, Northvolt, ÉcoProBM, Lion Électrique ou Taiga enregistrent des difficultés en ce moment. Ce nouveau contexte trumpien accentuera cette incertitude du marché, et on risque d’y perdre beaucoup.
Cela dit, le Québec et le Canada ont, eux aussi, un énorme potentiel de production de gaz et de pétrole et pourraient, comme les États-Unis, devenir une super-puissance énergétique ; ce nouveau contexte devrait faire réfléchir les élus sur cette possibilité, plutôt que de maintenir ces investissements risqués dans des technologies encore expérimentales.
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