Depuis leur défaite absolue en 2022, les analystes politiques ont un peu trop célébré la mort du Parti libéral du Québec. Le PLQ a perdu tout son soutien chez les Canadiens Français, qui lui ont donné l’étiquette de « parti des Anglos et des immigrants de Montréal”. On a clairement trop pris ceci pour acquis, car un sondage montre qu’un PLQ avec Pablo Rodriguez pourrait avoir une pluralité du vote.
Ceci dit, le PQ demeure en avance dans plusieurs sondages. La course pour 2026 est donc ouverte et qui sait ce qui peut se passer d’ici là. Cependant, une chose semble plutôt inévitable : François Legault ne sera pas réélu.
En effet, je ne pense pas que le problème soit la CAQ, mais plutôt son chef et fondateur, François Legault. Usé par le pouvoir, il est un peu inévitable qu’après 8 ans, le peuple désir du changement.
Une option que la CAQ doit considérer si elle veut se maintenir au pouvoir serait de remplacer Legault.
Regardons un peu les faits. À titre de comparaison: nos voisins américains. Joe Biden, usé par 50 ans de carrière en politique, ne faisait clairement plus pour les américains, et sa performance lors du débat avec Donald Trump en juin a clairement scellé son destin. En se retirant, il a laissé la place à la très jeune Kamala Harris, 59 ans, ce qui a donné une relance au parti démocrate dans les sondages. Et je pense que, peu importe qu’elle perde ou qu’elle gagne, elle fera un meilleur score que Joe Biden aurait fait en novembre.
Les mêmes principes généraux s’appliquent auprès de François Legault, tout d’abord son âge. Il aura 69 ans en 2026, si c’est probablement en dessous de la moyenne pour la politique américaine; au Canada, il est de loin l’aîné de tous les acteurs importants, que ce soit au provincial ou au fédéral, qui sont tous des Générations X ou plus jeune.
Du point de vue humain, François Legault doit être fatigué, il a eu une carrière importante dans le secteur privé jusqu’aux fins 90, ou il est devenu Ministre de l’Éducation dans le gouvernement de Lucien Bouchard, il a progressé, fondé son propre parti en 2011, parti qu’il a réussi à porter au pouvoir en 2018, où il a obtenu deux mandats majoritaires. Personne ne pourra l’accuser de ne pas avoir eu une carrière professionnelle à envier.
La CAQ a eu son lot de succès, mais aussi son lot d’échecs au pouvoir, et malheureusement, les échecs ont tendance à coller à la personne jugée responsable. Cependant, la population québécoise semble beaucoup plus portée à blâmer des individus que des partis. On peut le voir dans le sondage mentionné précédemment, où Rodriguez, faisant pourtant partie d’un PLC en très mauvaise posture, aurait du succès en faisant simplement le changement vers le provincial.
Historiquement aussi, on peut voir comment les Québécois ont rapidement pardonné le Parti libéral à la seconde où Jean Charest était hors de l’image en élisant Philippe Couillard avec un gouvernement majoritaire. Il est aussi très difficile pour un politicien d’admettre avoir commis des erreurs ; pour se rendre là, il faut être un minimum orgueilleux. Quand le PQ en est rendu à critiquer la taille de l’État, tu sais que c’est rendu loin… Un changement de chef permet souvent au nouveau venu de prendre ses distances de certaines décisions plus impopulaires et rassurer les électeurs déçus.
Dès lors, la question qui s’impose dans le scénario d’un départ de Legault, c’est : « qui prendrait sa place? ». La réponse est pourtant évidente: Simon Jolin-Barrette. Du plan de la présentation, Jolin-Barrette est parfait. Il est relativement jeune, il aura 39 ans en 2026, mais a aussi passé beaucoup de temps dans des rôles importants au sein du gouvernement Legault, donc personne ne remettra en question son expérience. Il a une popularité relative chez les identitaires, étant responsable de plusieurs des projets relatifs à cette question, notamment la loi sur la laïcité, le test des valeurs Québécois et la réforme de la loi 101. Mais cette popularité est aussi présente chez les gens ordinaires, non-idéologues, dues à sa réforme populaire en ce qui a attrait au droit de la famille, la loi 56. S’il arrivait à calmer le jeu dans l’aile rouge de la CAQ, en se positionnant en faveur d’une certaine libéralisation économique, en copiant ou allant plus loin que la promesse de PSPP de couper 10 000 fonctionnaires, par exemple.
Pour ce qui en est de François Legault, personne ne pourra l’accuser de ne pas avoir donné ce qu’il a pu pour sa patrie, mais savoir quand se retirer est tout aussi important. La CAQ doit maintenant passer à la prochaine étape, et laisser la place à sa jeunesse, si elle veut demeurer pertinente.
M. Legault, la balle est dans votre camp, terminez votre mandat dans la dignité.
La transition énergétique est sur toutes les lèvres. On croit qu’en « décarbonant » l’économie, en passant…
La prison est un univers qui intrigue ceux qui n’y sont jamais allés. On en…
La question se pose quant à l’image de l’Islam dans nos sociétés. Depuis des décennies,…
Depuis quelques jours, nous parlons beaucoup de l’affaire Irwin Cotler, ancien ministre fédéral de la…
La récente exclusion de Randy Boissonault du Conseil des ministres fédéraux a largement été relayée…
Traduit de l’anglais. Article de Adrian Ghobrial publié le 14 novembre 2024 sur le site…