Depuis quelque temps, les révélations inquiétantes des prédations chinoises en sol canadien ne cessent de s’accumuler, et ce dans une apparente indifférence de nos gouvernements. Tout au plus, les différentes autorités concernées se renvoient la chose comme une patate chaude. On comprend bien que le rapport de force avec le géant chinois pousse à la prudence, or à ce stade, on peut carrément se demander si le pays ne dispose pas d’une sorte de passe-droit en Occident.
Flip flop stratégique
En 1971, Kissinger a inspiré à Nixon le rapprochement avec la Chine communiste en suivant une logique implacable : résister à un bloc eurasiatique fort serait perdu d’avance, alors mieux vaut briser le bloc communiste en deux pour mieux faire face à l’URSS, considérée alors comme la principale menace. Ça a été la culture stratégique occidentale depuis ce temps et j’irais même jusqu’à dire que c’est à la source de notre naïveté face à la Chine réveillée d’aujourd’hui.
D’autant plus qu’à l’époque, l’Iran était encore en lune de miel avec l’Ouest… Mais aujourd’hui, alors que toute l’attention est dirigée contre la Russie en raison de son conflit frontalier avec l’Ukraine, il apparaît évident que la Chine est devenue la principale menace pour l’Occident. Son système totalitaire s’est raffermi suite au relatif relâchement des années 1990 et 2000, ses visées expansionnistes sur Taïwan et la Mer de Chine Méridionale sont bien connues et ses capacités technologiques et militaires se sont nettement accrues.
Mais surtout, profitant de cette bonne entente avec l’Ouest, elle est parvenu à infiltrer la majorité de ses sociétés et de ses cercles de pouvoir.
Une pandémie aux origines nébuleuses
Il est assez fascinant de voir à quel point on a rapidement fait taire les questions au sujet de l’origine de la pandémie de Covid-19 et comment on cultive peu d’intérêt à découvrir la véritable responsabilité des autorités chinoises sur la question.
Beaucoup des discours instantanément étiquetés de “complotistes” au début de la pandémie se sont avérés juste des mois, voire des années plus tard.
L’OMS est allé enquêter un an après l’éclosion, dans un marché publique nettoyé de fond en comble de toutes traces de preuves.
À quel point peut-on être naïfs face à la Chine ? Quand quitteront nous cet angélisme un peu « politically correct » qui nous fait négliger ces enjeux de sécurité incontournables ?
Des stations de polices en sol canadien
Non content de disposer à son bon vouloir de la vie de son peuple, le Parti Communiste chinois s’est lancé l’objectif d’étendre sa domination sur tout expatrié, où qu’il soit sur la planète, et peu importe les lois du pays où il habite.
Et les Occidentaux, pathologiquement distraits par une multitude de débats wokes des plus ridicules, ils acceptent tout en bloc comme une simple réalité ; sans se soucier le moins du monde qu’un État totalitaire opère dans les mêmes rues qu’eux, dans leur propre pays, au mépris de tous leurs idéaux démocratiques.
Des ingérences dans nos élections
Non contents de s’attaquer à leurs détracteurs expatriés, la Chine Communiste s’attaque directement à nos sphères politiques et tente de l’influencer par l’argent, par l’infiltration ou par la menace.
Ils ont opéré un réseau clandestin de financement pour soudoyer des candidats politiques dont on ne sait même pas encore s’ils siègent au parlement.
Ils se sont fait engager dans les équipes de campagnes de certains candidats – encore une fois inconnus – et auraient ainsi pu influencer les lignes politiques des partis canadiens dans l’intérêt de la Chine.
Dans d’autres cas, des candidats d’origine chinoise critiques du régime ont affirmé que les autorités chinoises menaçaient leurs familles en Chine pour les faire taire.
Des espions chez Hydro-Québec
Comment un espion qui ne parle ni français ni anglais peut-il réussir à être engagé chez Hydro-Québec ? Quelles sont les blagues que la communauté du renseignement chinoise a dû se partager en coulisse sur cette négligence éhontée, d’une innocence et d’une crédulité pratiquement criminelle ?
Encore une fois, cette révélation confirme que nos sociétés ne prennent pas au sérieux la menace, et que nous attendons toujours au dernier moment, lorsqu’il est trop tard, pour réagir.
Que nous prépare donc la Chine?
La Chine est tout à fait consciente que l’ensemble du monde libre s’oppose à sa volonté de prendre Taïwan.
La Chine sait que sa stratégie fonctionne et qu’elle peut soumettre des États par l’infiltration progressive.
La Chine vient d’un univers politique complètement différent du nôtre. Et la Chine sait que son sous-développement par rapport à l’Occident jusqu’à la fin du XXe siècle était le résultat de guerres civiles et coloniales du XIXe siècle, notamment, la guerre de l’opium… Et qui connaît la Guerre de l’opium comprend en quoi la Chine peut avoir une perspective spéciale de la géopolitique.
En effet, que les britanniques aient fait la guerre contre la Chine parce qu’elle tentait d’interdire l’opium des colonies indiennes – qui créaient des ravages dans sa population – ne peut qu’entraîner une forme de cynisme géopolitique.
Le Chine ne sent probablement justifiée dans l’emploi d’une tactique de subversion sans scrupule à l’égard de l’Occident. Et le Canada est une porte grande ouverte sur l’Amérique du Nord.
L’éléphant dans la pièce
La Russie, qui a partagé notre univers géopolitique pendant plus longtemps dans l’histoire occidentale, nous ressemble plus. Bien qu’elle emploie une diplomatie un peu brutale, « franque », il s’agit tout de même d’une moralité chrétienne post-machiavélienne.
Le totalitarisme chinois, plus subtil, plus insidieux, n’est plus seulement à notre porte, il s’est installé dans une des chambres et se permet d’écouter la télé.
La prédation chinoise est un éléphant dans la pièce partout en Occident, et encore davantage au Canada. La Russie ne ferait qu’une fraction de ce que la Chine fait sur notre territoire et nos élites seraient sur le pied de guerre.
Or ces dernières justifient leur inaction quasi-criminelle par le fait qu’une diplomatie honnête viendrait rompre nos liens commerciaux avec ce centre industriel apparemment incontournable.
Mais si la guerre en Ukraine peut bien nous prouver quelque chose, c’est que nous sommes disposés à sacrifier nos économies sur des questions de principes à l’international. Il serait à peu près temps d’adopter la même attitude dans nos politiques intérieures.
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