La Chine offre un répit aux agriculteurs si le Canada cède sur les véhicules électriques

Les relations commerciales entre le Canada et la Chine connaissent un nouvel épisode tendu. Pékin a proposé de lever ses tarifs douaniers sur les produits agricoles canadiens, dont le canola, à condition qu’Ottawa renonce à ses taxes sur les véhicules électriques (VE) chinois. Cette offre, rapportée par le journaliste Spencer Van Dyk et issue d’une entrevue exclusive avec l’ambassadeur chinois Wang Di, met en lumière un bras de fer économique qui dure depuis plus d’un an.

Wang Di, représentant de Pékin à Ottawa, a expliqué par l’intermédiaire d’un traducteur que « si le Canada retire ses tarifs unilatéraux et injustifiés sur les produits chinois, la Chine répondra de manière réciproque ». Selon lui, les surtaxes imposées par Ottawa sur les véhicules, l’acier et l’aluminium chinois ont provoqué la réaction de son pays, qui a riposté en imposant des droits allant jusqu’à 100 % sur le canola canadien.

Ces mesures ont eu un effet direct sur les agriculteurs de la Saskatchewan. Les données récentes de Statistique Canada montrent que les exportations de la province vers la Chine ont chuté de 76 % en août, pour atteindre seulement 96 millions de dollars. La Chine reste pourtant le deuxième marché agroalimentaire pour la Saskatchewan, avec des importations évaluées à 3,7 milliards en 2024.

Sous pression, le premier ministre Mark Carney tente de relancer le dialogue. Il a rencontré fin septembre le premier ministre chinois Li Qiang à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, un échange qui marque le contact politique le plus haut niveau entre les deux pays depuis 2018. D’autres responsables, dont le premier ministre de la Saskatchewan Scott Moe et le député Kody Blois, se sont rendus récemment en Chine pour évoquer la situation. La ministre des Affaires étrangères Anita Anand doit aussi y effectuer un déplacement prochainement.

Wang Di, interrogé par la journaliste Vassy Kapelos, a affirmé que les différends commerciaux ne proviennent pas de la Chine. « Celui qui a fait le nœud doit le dénouer », a-t-il illustré en citant un proverbe chinois. Selon lui, la coopération économique sino-canadienne a toujours été fondée sur des principes de bénéfice mutuel et de respect réciproque.

L’ambassadeur a également tendu la main sur le plan énergétique, soulignant que Pékin est ouvert à importer davantage de pétrole canadien, particulièrement depuis la mise en service de l’oléoduc Trans Mountain en 2024. D’après les données du groupe Kpler, la Chine a acheté en moyenne 207 000 barils de brut canadien par jour cette année, ce qui en fait désormais le principal client du Canada après les États-Unis.

Sur le plan politique intérieur, le chef conservateur Pierre Poilievre refuse l’idée de lever les tarifs sur les VE chinois, tout en réclamant plus d’aide pour les agriculteurs et une stratégie afin de convaincre Pékin d’abandonner ses représailles.

Ainsi, entre la défense du secteur automobile et la survie du canola canadien, Ottawa se trouve face à un dilemme économique et diplomatique majeur : céder à la Chine au risque de fragiliser son industrie naissante des véhicules électriques, ou maintenir sa position au prix d’une nouvelle perte de parts de marché pour ses producteurs agricoles.

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