La Chine s’enfonce toujours un peu plus chaque jour, et cela n’ira pas en s’améliorant

Il y a peu, la Chine semblait toute puissante avec ses projets de nouvelles routes de la soie, la construction de villes entières sorties de terre ou encore par les excentricités de ses milliardaires. Or, aujourd’hui, il faut bien se rendre compte que le « rêve chinois » pour reprendre un terme de la propagande du parti, est bel et bien terminé. Les médias internationaux ne sont plus dupes. Voici pourquoi ça va mal en Chine et que la situation n’est pas prête de s’améliorer.

La politique du parti était très claire concernant la natalité. C’était la politique de l’enfant unique. Mais il faut plus qu’un enfant par couple pour permettre le renouvellement d’une population. On estime à 2.1 enfants par femme le nombre nécessaire pour qu’une population puisse se perpétuer. Que neuf femmes aient deux enfants, et que la dernière en ait trois.

Cependant, même si la politique de l’enfant unique a été abolie en Chine, on estime le taux de natalité actuel en Chine à 0.5 enfants par femme. C’est-à-dire que c’est seulement un couple sur deux qui a un enfant. Il y a peu, il était interdit aux universitaires de se marier pendant leurs études, et les femmes étaient bannies de l’université si elles tombaient enceintes. Maintenant, certaines universités tentent de pousser les mariages entre étudiants, et ont créé des résidences pour permettre aux mères de garder leurs enfants sur place. Sans compter bien d’autres politiques qui furent relâchées au fil du temps par le parti qui voit une urgence existentielle. Sans résultat.

D’ailleurs, parlant des universités, on estime en ce moment qu’officiellement (chiffres probablement en dessous de la réalité), plus de 20% des jeunes ne travaillent pas. Ou du moins, ils ne travaillent pas dans un domaine qui nécessite un diplôme universitaire. Par exemple à livrer de la nourriture en scooter. Des millions d’étudiants sortent des universités chaque année, et ça, c’est sans compter les nombreux étudiants chinois à l’étranger.

Ce qui faisait jusqu’à récemment la force de la Chine, c’était d’être l’usine du monde. Mais depuis la COVID-19 et l’instabilité politique grandissante, les entreprises américaines, japonaises et sud-coréennes partent les unes après les autres. Les pays qui profitent du déplacement des chaînes de production sont l’Inde, la Thaïlande, le Vietnam. Vous-même vous pourrez le constater : de moins en moins de produits sont estampillés du fameux « made in China ».

Même chose pour le tourisme : jadis la Chine était l’un des pays les plus visités du monde. Nous n’avons pas encore de statistiques suite à la crise que nous avons vécus, mais il est fort probable que la Chine ne retrouve jamais son nombre de touristes d’avant la pandémie. Les liaisons aériennes n’ont pas toutes repris, et les billets sont particulièrement chers. Si la Chine n’a jamais bénéficié d’une image très favorable, la pandémie, les camps de prisonniers ouïghours, la détention d’otages étrangers (les deux « Michael ») n’ont rien fait pour améliorer l’image déjà mauvaise du pays.

Bien sûr, la Chine demeure avec un fort potentiel de nuisance, et avec la politique d’ingérence qu’elle mène chez nous, elle ne semble pas prête à lâcher le morceau. Cependant, cela ne doit pas nous empêcher de voir les difficultés majeures qui touchent le pays, et qui compromettent son avenir à long terme. Le parti communiste avait pour but que le pays soit la première puissance mondiale d’ici 2049 (pour le centième de la prise du pouvoir par le parti).

La démographie est en ce moment l’enjeu le plus important pour le pays, mais la désindustrialisation aussi met en péril les politiques d’ouverture des dernières décennies. Et le président semble vouloir préparer sa population à une baisse du niveau de vie, et d’éventuelles sanctions qui pourraient suivre une attaque sur Taïwan. Oui, la Chine demeure un pays inquiétant pour nos démocraties libérales, mais il faut arrêter de surestimer la puissance de la Chine, pays qui s’est construit tel un château de cartes.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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