La « communauté musulmane » : un bloc homogène comme nous le présentent les activistes contre l’islamophobie ?

Justin Trudeau a trouvé une nouvelle opportunité de casser du sucre sur le dos du Québec en nommant une femme militante islamiste à la tête d’un bureau de lutte contre «l’islamophobie». Amira Elghawabi a en effet dit d’un article affirmant que les Canadiens français étaient les principales victimes de l’oppression coloniale qu’elle la faisait «vomir». Ou bien qu’une majorité de Québécois seraient racistes. Au-delà de ces approximations et calomnies, nous devrions pouvoir réfléchir sur ce qu’est la «communauté musulmane», l’existence d’un lobby influent au gouvernement canadien et qui est «représentatif» de ladite communauté?

Au Canada, on nous parle régulièrement dans les médias de «communautés» culturelles : la communauté chinoise, grecque, indienne, sikhe, juive et bien sûr musulmane. Celle-ci est probablement la plus problématique, même si pour les autres, on oublie de nombreux clivages religieux, politiques et ethniques de leurs pays d’origine. Déjà, parle-t-on de la communauté chrétienne? Jamais. Les chrétiens sont divisés en de nombreuses branches, dénominations. Elles se rejettent ou vont parfois s’allier. Pourtant, nous n’englobons pas tous ces gens dans un sac fourre-tout. Les musulmans, au sens large, c’est la même chose. Les musulmans proviennent de pays très variés. Certains ont des traits européens comme les bosniaques et les tchétchènes, d’autres sont noirs ou bien ont des origines dans le sous-continent indien ou en Extrême-Orient. Ils sont aussi divisés par de nombreux courants qui se font parfois carrément la guerre. Et enfin, ce n’est pas parce qu’une personne est née dans une famille musulmane qu’elle est une militante islamiste active, ou qu’elle pratique même la religion.

Frédéric Bastien est excellent pour enquêter sur les différents groupes de la «communauté musulmane» dans les pages du Journal de Montréal. Les nombreux propos des «leaders» communautaires sont absolument choquants : sur les juifs, les homosexuels, les femmes, les non-croyants au sens large. On découvre des groupes de pression ayant des opinions politiques radicales et une pratique rigoriste de l’Islam. Pour ces groupes, une femme musulmane doit forcément être voilée et militer contre la loi 21 du Québec. Aucune autre pratique de l’Islam, plus libérale ou basée sur une démarche personnelle n’est pas «représentative» selon eux. C’est exactement ce qui arrive aussi avec les militants de la gauche postmoderne.

Frédéric Bérard accusait Djemila Benhabib de ne pas être une Algérienne d’origine. Pourtant, pour avoir connu personnellement Djemila, j’ai vu qu’elle parlait parfaitement arabe avec Ensaf Haidar, une militante pour la laïcité originaire d’Arabie Saoudite. Quand on connaît un peu la diaspora maghrébine en France, on sait que la maîtrise de l’arabe est pour eux difficile. C’est la même chose pour un article de Ricochet, pitoyable journal woke. Jenn Jefferys a écrit un article vitriolique sur les lois 21 et 96 pour ce média affilié à Québec solidaire. Dans celui-ci, elle dit que de porter un voile, un turban ou un niqab fait de vous une cible au Canada. Elle mentionne des actes de violence contre des musulmans en … Ontario pour blâmer les lois québécoises. L’attaque au camion contre une famille de London, et une femme voilée poussée en bas d’escaliers mécaniques à Toronto.

Est-ce que l’on peut arrêter une minute de blâmer le Québec pour toutes les mauvaises choses qui arrivent à des immigrants au Canada? Il est fort possible que ces gens n’aient pas été influencés par la loi sur la laïcité du gouvernement Legault, ou même qu’ils soient au courant de son existence. Ce déshonneur par association doit cesser. Et non, une femme musulmane peut très bien ne pas avoir une pratique rigoriste de l’Islam ou porter le voile. Ça n’en fait pas pour autant une personne non représentative.

Les Québécois n’ont absolument rien contre n’importe quelle religion pratiquée dans un cadre privé. C’est quand la pratique est publique et rigoriste qu’elle dérange. Nous avons les mêmes réflexes sur l’Islam radical que pour les chrétiens évangélistes trop zélés ou les Témoins de Jéhovah. Nous ne souhaitons pas être réveillés le samedi matin par des gens qui sonnent à la porte. Tout comme nous n’aimons pas être qualifiés de racistes par des gens à qui nous n’avions aucune obligation de leur faire de la place chez nous pour les accueillir,

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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