La Corée du nord, de loin le pays le plus isolé du monde entier

Lors des premiers cas de COVID à l’extérieur de la Chine, un pays, la Corée du Nord, d’ailleurs voisine de la Chine, a décidé de totalement fermer ses frontières. Rien ne doit entrer ni sortir du pays. Les frontières sont beaucoup plus surveillées que par le passé, et les informations que l’on peut obtenir sur le royaume ermite sont très limitées. Un soldat américain s’est récemment enfui en Corée du Nord, depuis la zone démilitarisée, qu’il est possible de traverser à pied depuis le sud. Quelques mètres séparant deux mondes. Mais voilà, nous n’avons plus de nouvelles de celui-ci, et le pays est plongé dans une famine qui aurait déjà tué un nombre inconnu d’habitants. Portrait d’un État replié qui fait parler de lui malgré tout pour de mauvaises raisons.

Une scène surréaliste s’est déroulée il y a quelques jours sur le site de la zone démilitarisée, frontière entre les deux Corée, et qu’il est possible de visiter en tant que touriste. Travis King, soldat américain qui devait être renvoyé au Texas pour être jugé devant un comité de discipline, s’est inscrit à une visite de la zone. Son plan était prémédité, car il a choisi deux dates possibles lors de son inscription en mai dernier. Pendant qu’il devait prendre son avion en direction des États-Unis, il a prétexté à l’agent d’American Airlines ne pas avoir son passeport pour sortir de la zone d’embarquement. C’est là qu’il aurait fui.

Après avoir rejoint le tour guidé à la zone démilitarisée, il a couru entre les bâtiments séparant le nord et le sud. Des soldats américains ont bien essayé de l’attraper, mais ils ont échoué. Maintenant, les États-Unis tentent de le récupérer auprès de l’armée nord-coréenne, mais aucune réponse. Travis King serait ainsi le premier étranger à être « rentré » en Corée du Nord depuis le début de la pandémie. Nous ignorons comment il est traité en ce moment par les Nord-Coréens.

Le pays est isolé à un point tel que même la Chine durant les pires vagues de la pandémie paraissait comme un pays ouvert. Il y a seulement deux ans, il était possible d’aller en Chine pour le travail, mais pour cela, il fallait passer une quarantaine de plusieurs semaines à l’hôtel (évidemment à ses frais), avec des tests quotidiens qui frisaient l’abus. La Corée du Nord a tout simplement décidé de se couper du peu de liens qu’elle entretient avec le reste du monde.

Nous savons que malgré tout, la COVID a frappé le royaume des Kim. Des confinements très stricts auraient été mis en place. Et le plus inquiétant, c’est qu’il se déroule en ce moment une famine dans le pays. Des médias spécialisés comme NK News, ou encore la BBC ont réussi à contacter des habitants qui relatent des scènes terribles : des enfants dont les parents sont morts mendient de porte en porte pour de la nourriture. D’autres se nourrissent d’herbes bouillies. Même la capitale Pyongyang, normalement relativement épargnée par les famines, est aussi touchée.

Or, les seules images que nous avons de la Corée du Nord présentement, ce sont des lancements de missiles, de satellites, ou encore de Kim Jong-Un portant une veste de cuir et des lunettes de soleil. La propagande est toujours aussi risible. Bien sûr, que serait la Corée du Nord sans ses défilés monstres?

Il faut dire qu’avant la pandémie, le pays connaissait une relative croissance économique, et des secteurs se sont développés, notamment l’informatique. Les biens de consommation se sont aussi multipliés. Des images sur YoutTube montrent des magasins, certes pour l’élite, mais bien remplis de produits nord-coréens aux couleurs vives.

Des agences de voyages faisaient aussi parcourir le pays à des visiteurs en manque de sensations fortes, mais celles-ci ont dû arrêter leurs tours dans le pays. Ces images prises par des touristes occidentaux sont les rares auxquelles nous avons accès sur internet. Maintenant nous ne savons plus rien de la situation dans ce pays, mis à part ce que la propagande officielle veut bien nous montrer.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

Recent Posts

La rhétorique des libéraux sur l’avortement montre à quel point ils sont désespérés

Traduit de l’anglais. Article de Brian Lilley publié le 18 mai 2024 sur le site…

5 heures ago

Assistons-nous à la fin de « l’hégémonie » occidentale?

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nombreux ont été les pronostics à prédire la…

6 heures ago

Justin Trudeau : de jeune leader « cool » à honte internationale

Il faut se remettre dans le contexte de 2015 : cela faisait plusieurs années que Stephen…

1 jour ago

La non-binarité célébrée au concours Eurovision

La Suisse a remporté la 68ème édition du concours Eurovision avec la chanson « The Code »…

2 jours ago

D’accord, jouons. Déconstruisons le « pétromasculinisme ».

La journaliste et avocate Stéphanie Marin se penchait hier sur le concept de "pétromasculinité" sur…

3 jours ago