La démocratie est-elle en déclin dans le monde ? La réponse courte : oui

La démocratie telle que nous la connaissons est en déclin partout dans le monde. Il faut dire qu’elle ne s’est que rarement aussi mal portée depuis l’époque moderne. Cela fait 200 ans que la démocratie s’impose petit à petit sur l’ensemble de la planète.

Mais si elle a connu une montée durant les années 90, nous traversons aujourd’hui une période de déclin. Cette fois-ci, ce ne sont pas le fascisme ou le communisme qui la menacent, mais des politiciens se prétendant « libéraux ».

Au Canada, c’est ce vendredi 14 mars que Mark Carney est officiellement devenu premier ministre, succédant ainsi à Justin Trudeau, forcé de céder sa place suite à une mutinerie interne au sein de son parti. Pour le moment, il est encore trop tôt pour qualifier ceci de dictature ou de dérive autoritaire. Mais le fait que Mark Carney ait succédé à Justin Trudeau de cette manière pose des questions.

A-t-il la légitimité pour gouverner ? A-t-il la légitimité pour procéder à un remaniement ministériel et même abolir le ministère des Langues officielles ? Bien que notre système parlementaire britannique permette une telle possibilité, soit d’avoir un premier ministre non élu, on sent quand même un certain dédain face à l’appétit de changement des citoyens canadiens.

Mark Carney se doit de déclencher des élections le plus tôt possible. Il y aurait même intérêt, car s’il se frotte à l’exercice du pouvoir, la population verra bien qu’il s’agit d’un homme politique peu habile, sans charisme, au français approximatif, et aux politiques qui ne représenteront pas une rupture claire avec l’ère Trudeau.

Trudeau, qui, par ses politiques, a mené le Canada à l’une des pires crises de son histoire. Le nouveau conseil des ministres de Mark Carney n’est pas en rupture avec l’ancien régime, mais une continuité. Il faut dire que ce sont les mêmes individus. Une phrase attribuée à Einstein dit que la stupidité, c’est de s’attendre à des résultats différents en faisant la même chose.

Or, c’est bien ce qui se passe au Canada. Mais nous ne sommes pas seuls dans ce navire démocratique en train de couler.

Parlons un peu de l’Europe. La France, qui a un régime politique très difficile à gouverner, avec son président élu au suffrage universel, mais où l’élection des députés et du premier ministre ne dépend pas de celle du président.

Ainsi, on se retrouve avec une chambre très divisée entre ce que les médias qualifient d’extrême droite et d’extrême gauche, avec, au centre, des libéraux à la sauce européenne. Les élections législatives n’ont pas permis de trancher entre les extrêmes politiques qui se regardent en chiens de faïence.

Macron, qui a le pouvoir de nommer un premier ministre, a choisi François Bayrou, un politicien de carrière, qui fait tout sauf l’unanimité. La gauche et la droite sont dégoûtées par ce choix, et il faut dire qu’on peut leur donner raison. Il ne reflète pas une rupture avec la politique catastrophique à tous les niveaux de la présidence Macron.

Ainsi, en France, les gens se retrouvent avec des figures politiques particulièrement impopulaires telles que Manuel Valls, qui doit entre autres gérer les conséquences du cyclone sur l’île de Mayotte. L’Outre-mer se sent abandonné, et que dire du reste de la population ? L’Europe semble de plus en plus une chimère, un monstre bureaucratique aux visées libérales autoritaires.

C’est-à-dire imposer à coups de décrets et de sanctions les politiques sans-frontiéristes voulues par le patronat européen.

L’Allemagne devra également affronter sa crise politique pour de vrai. Même si les conservateurs ont remporté les élections, ils doivent désormais s’entendre pour former une coalition. Mais dans cette histoire, il y a un trouble-fête : le parti AfD.

Ce parti, qui dénonce les conséquences de l’immigration massive sur l’Allemagne, est visé par des poursuites, et certains appellent même à son interdiction, même s’il représente un électeur allemand sur cinq. La démocratie, c’est le cas de le dire, se porte assez mal.

C’est aussi le cas d’un pays connu pour sa révolution démocratique de 1989 : la Roumanie.

Ce pays d’Europe de l’Est est tiraillé entre les volontés d’une partie de la jeunesse d’adhérer à ce qu’ils nomment les valeurs européennes et, de l’autre, l’envie de sécurité que pourrait apporter le gaz russe, peu cher et abondant, dans un pays où une bonne partie de la population vit de façon précaire.

Ainsi, le candidat pro-russe, qui est arrivé en tête des élections, a vu son élection purement et simplement annulée.

Déni de démocratie ? Ou bien la Russie a-t-elle manœuvré pour déstabiliser l’un des points faibles de l’Union européenne ?

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas très bon pour l’image de la démocratie, passablement érodée par des années de politiques libérales autoritaires, où l’on force contre le gré des citoyens des politiques de multiculturalisme, de diversité du genre, et des mesures économiques impopulaires mettant en péril les acquis sociaux.

Il faudra un jour choisir si l’on veut une démocratie réellement pluraliste, où différentes tendances s’affrontent selon des règles de jeu claires, ou bien un régime de moins en moins démocratique, où des lobbys puissants contrôlent les flux de population afin de favoriser des profits à court terme, sans égard à la culture ou à la cohésion sociale.

À nous de choisir.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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