Les médias internationaux relaient régulièrement que la Chine réalise de nombreux « succès » diplomatiques et économiques. Pourtant, quelque chose ne tourne pas rond. Ses diplomates sont d’une vulgarité sans nom. Insultes sur Twitter, propos racistes à l’égard des pays rivaux, la rhétorique guerrière du Parti communiste chinois se radicalise constamment. Prenons en exemple l’ambassadeur du PCC en France Lu Shaye qui montre bien les dérives d’un discours autoritaire et désespéré. La Chine peut-elle dominer le monde avec un tel discours? Analyse.
Lu Shaye est un bien curieux personnage : ce diplomate adepte du style des loups guerriers (du nom d’un blockbuster chinois qui reprend le style de Rambo) en mission pour représenter son parti à l’étranger multiplie les calomnies et les mensonges avec une impunité assez fascinante. Il a participé à la populaire chaîne YouTube Thinkerview. Plus de trois heures à manier la langue de bois, les mensonges, les demi-vérités et des menaces à peine voilées. Il est aussi régulièrement invité dans les chaînes d’information françaises à commenter l’actualité en lien avec son pays d’origine.
Dans une entrevue récente sur la chaîne LCI, il affirme que les frontières des pays issus de l’éclatement de l’ex-empire soviétique ne seraient pas issues de traités internationaux reconnus. Or, il vient ainsi de légitimer la Russie qui entend « remodeler » ces frontières selon ses envies. Que la Crimée ne serait pas « ukrainienne ». Or, en droit international, lorsqu’un État fédéré quitte pour obtenir son indépendance, il a le droit de garder les frontières qu’il avait avant.
C’est ainsi qu’à une autre question, à savoir si les Taiwanais devraient avoir le droit de décider de leur avenir, Lu Shaye affirme que c’est la « volonté du peuple chinois » de réunifier les « deux rives du détroit ». Avec la force si nécessaire, évidemment. Sans compter qu’il nie les crimes commis par son parti lors de sa très peu glorieuse histoire. Lors du grand bond en avant et la révolution culturelle. Mais tout ça nous indique probablement une chose.
La Chine va très mal. Cela pourrait penser saugrenu de l’affirmer à l’heure de la « victoire » diplomatique chinoise sur l’Occident, notamment au Moyen-Orient. Mais pourtant. De plus en plus de Chinois quittent le pays. Si nous avons beaucoup parlé du chemin Roxham ces derniers mois, les États-Unis arrêtent de plus en plus de Chinois qui tentent de traverser la frontière avec le Mexique. Alors, pourquoi des Chinois de la classe moyenne voudraient risquer leur vie pour rejoindre un pays en déclin et détesté par un Parti-État qu’on pense devenir surpuissant?
Hong Kong s’est vidée de ses fortunes qui se sont exilées en Europe, au Canada ou aux États-Unis. Singapour n’a jamais connu une période aussi faste pour l’immobilier et l’arrivée de riches Chinois. Les touristes boudent toujours la Chine, jusqu’à récemment un des pays les plus visités du monde, pour lui préférer le Vietnam, la Thaïlande ou l’Indonésie. Et rien n’indique qu’il y aura un retour du tourisme étranger en Chine.
Il faut aussi tenir compte de l’état de l’économie chinoise. Il était déjà très difficile d’avoir une idée de la situation économique du pays. Entre les statistiques trafiquées, les fausses nouvelles, la censure. Mais depuis que le PCC a interdit de diffuser de l’information sur l’état économique et financier du pays, nous sommes dans une zone trouble. Plus grand-chose ne filtre. Par contre, ce qui est sûr, c’est que la consommation est en diminution constante et que le gouvernement ne pourra rien y changer.
Les magasins Carrefour sont l’un des symboles de l’Occident en Chine. La filiale chinoise du géant français fut cédée à 80% à une entreprise locale. Avant la pandémie, Carrefour comptait plus de 210 magasins dans le pays. En ce moment nous serions autour de 130. Est-ce une mesure nationaliste contre un symbole étranger? Non, car pourquoi ils tireraient dans le pied une entreprise chinoise?
Parmi d’autres symboles de la crise qui secoue le pays, la province la plus riche du pays, le Guangdong, avec plus de 100 millions d’habitants, entend envoyer près de 300 000 diplômés à la campagne pour leur permettre de travailler. Si cela rappelle en version édulcorée de la révolution culturelle qui envoya des masses d’étudiants pour être « rééduqués » par les paysans, 300 000 diplômés c’est grosso modo le nombre de diplômés produits par les universités cantonaises chaque année. Plus de 10 millions de diplômés recherchent actuellement du travail et n’en trouvent pas.
Lu Shaye représente très bien le problème profond qui ronge le pays depuis des décennies, à savoir un gouvernement en situation de crise constante, qui doit produire des points de PIB à n’importe quel prix. Avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer. Qu’il s’agisse des réseaux de train qui ne vont nulle part, des villes construites avec des matériaux de pauvre qualité dans le désert, des îles artificielles conçues dans un dessein militaire qui s’enfoncent, et une politique étrangère de plus en plus agressive pour trouver des ressources naturelles et écouler ses produits, la Chine est plongée dans une spirale infernale qui l’oblige à trouver du travail improductif à une population qui autrement se révolterait.
Les loups guerriers, quels qu’ils soient au ministère chinois des Affaires étrangères, sont plutôt des chiens affamés qui mordent justement, car ils sont désespérés. Ils ne savent pas comment jouer dans la cour des grands avec un soft power attrayant pour les autres peuples. Personne ne rêve de la Chine mis à part quelques universitaires, journalistes et politiciens corrompus par celle-ci. On ne construit pas un projet tangible avec des insultes et des reproches. La Chine l’apprendra bien à ses dépens.
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