Il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait un nouveau scandale concernant la DPJ, qui a pour mandat de protéger les enfants québécois. Cette organisation gouvernementale, présente partout au Québec, fait depuis des années l’objet de nombreuses critiques et controverses. Avec raison. La DPJ est une nationale nationale pour le Québec.

Imaginez une grosse machine bureaucratique avec beaucoup de fonctionnaires. Ceux-ci ont pour mandat de veiller au bien-être des enfants du Québec. Pourtant, le feu y est pris depuis des années, et malgré de nombreuses tentatives pour réformer la machine, rien n’y fait. Les scandales se multiplient, avec au passage, des dommages irréparables. Le Québec a un sérieux problème avec la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

On se souvient tous de l’histoire de la fillette martyre de Granby. Celle-ci fut retrouvée morte après avoir été séquestrée par sa belle-mère. Même si des signalements ont été faits pour tenter de la sauver, rien n’a abouti. Dans cette histoire qui a ému le Québec, on a tenté de trouver des coupables. Les parents bien sûr, mais aussi l’administration de la DPJ, les travailleuses sociales. Pourtant, rien n’a changé sur le fond.

D’autres histoires continuent d’arriver toutes les semaines : lorsque ce n’est pas sur la falsification de rapports donnés aux juges par les intervenants, qui détruisent des familles, voilà que nous apprenons que les « tannants » sont envoyés dans des cellules d’isolement, un peu comme en prison. L’isolement est considéré comme une forme de torture par plusieurs gouvernements, et même pour la prison, cela est en voie de disparition. Alors, pourquoi permettre l’isolement dans le cas des enfants à « problèmes » de la DPJ?

Plusieurs enfants devenus adultes ayant passé par le système de la DPJ ont eu leur lot de traumatismes, d’abus, et pour certains, vivent dans des conditions de vie des plus précaires. On retrouve un pourcentage très élevé d’ex-enfants de la DPJ dans la rue. Ils sont aussi peu nombreux à faire des études. Alors, comment expliquer un tel gâchis? Cela est très simple : la machine bureaucratique est tellement grosse, tellement opaque qu’elle est inhumaine.

Les travailleurs sociaux, les intervenants, les psychoéducateurs, sont considérés comme intouchables par la loi. Il est peu probable qu’ils fassent l’objet de poursuites en justice. Car les dés sont pipés d’avance : on considérera toujours les parents comme étant de mauvaise foi. Si ce n’est pas les enfants eux-mêmes. Cela n’empêche pas certaines personnes en position d’autorité sur ces familles de mentir sur des rapports qui ont des effets dévastateurs par la suite.

Un autre scandale a émergé récemment : au centre de réadaptation de Cité-des-Prairies, des intervenantes auraient eu des relations sexuelles avec plusieurs jeunes incarcérés dans ce qu’on pourrait considérer être une « prison pour jeunes ». 9 d’entre elles font l’objet d’enquêtes criminelles. Elles ont été suspendues. Pour donner une idée de la gravité de la situation, l’une d’elles serait tombée enceinte. Un autre scandale, encore une fois.

Cela prendra combien de scandales? Dans un avenir rapproché, il est peu probable que le gouvernement ait le courage de s’attaquer à cette machine qui se révèle être un vrai panier de crabes. Parmi toutes les institutions québécoises en lambeaux, la DPJ est de loin la plus honteuse de toutes. Cela fait des années que plein de gens dénoncent les agissements à l’interne de cette machine bureaucratique, mais rien n’y fait.

Les enfants du Québec méritent mieux. Avec les sommes demandées aux contribuables, nous devrions bénéficier de l’un des meilleurs systèmes de la planète. Alors qu’il prend l’eau et s’effondre sous nos yeux. Allez comprendre. On fera comme à chaque fois : le gouvernement créera un autre comité, une commission d’enquête qui verra son rapport tabletté ou encore une autre couche bureaucratique qui n’empêchera pas le mal de continuer dans ce qui est la honte du Québec moderne.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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