La fête des parents ou comment ce qui était absurde il y a peu est devenu la norme

Une autre controverse dans cette guerre culturelle qui secoue la société québécoise : une classe d’une école primaire affirme que la fête des Mères ni la fête des Pères ne seront marquées par les élèves, qui sera remplacée par une « fête des parents ». Évidemment, la gauche woke affirmera que les modèles familiaux traditionnels changent et que cela est la marche inéluctable du progrès. Et si en fait, ce qui aurait été considéré comme absurde il y a seulement quelques années est maintenant considéré comme la norme?

Si l’école a fait marche-arrière, il demeure que c’est un fait social intéressant : la famille composée d’un père et d’une mère dérange de plus en plus dans certains milieux, notamment l’éducation. Si l’idée n’est pas de discriminer les couples de même sexe, il faut reconnaître que l’extension constante des droits individus protégé par des chartes et la déconstruction de nos sociétés ne sont pas nécessairement sans risques.

On a beau présenter ça de toutes les façons possibles, dans l’histoire de l’humanité, dans toutes les cultures, même celles ayant une tradition matriarcale, les individus ont toujours eu un père et une mère. Du moins sur le plan biologique. Il faut qu’une mère porte un enfant et puisse accoucher pour qu’il vienne au monde. Cela était considéré comme allant de soi jusqu’à tout récemment.

Cependant, dans notre société ayant fait du passé table-rase, il n’est plus nécessaire d’être une « femme » pour accoucher, de même que l’on peut avoir deux pères, ou bien avoir plusieurs parents. Comme le rappellent souvent les féministes authentiques, c’est comme si la révolution sur le genre se faisait constamment sur le dos des femmes. Que le mouvement woke était probablement l’un des plus misogynes qui soient.

Le mariage homosexuel au début des années 2000 aura été une porte ouverte vers une radicalisation constante des revendications LGBT+, et il est impossible de déterminer quand cela prendra fin. Si cela devait ouvrir une ère de tolérance pour tous, il faut dire que les opposants, qu’on taxait d’être réactionnaires, ont quand même eu raison sur un point : jusqu’où vont aller les revendications? La pente glissante est souvent présentée comme un sophisme, ou une erreur d’argumentation dans les cours de philosophie au cégep. Mais en effet, le mariage homosexuel a permis un élargissement des « droits » accordés aux couples de même sexe, ou même à des modèles familiaux « alternatifs » comme des trouples.

En octobre dernier, Le Devoir nous apprend qu’un trio amoureux est en cour pour essayer de faire changer le Code civil du Québec qui ne reconnaît que l’autorité parentale à un couple, constitué de deux personnes. Ce qui allait de soi jusqu’à tout récemment, et faisait l’objet de railleries de la part des conservateurs, est devenu un projet politique défendu en cour et qui sera probablement obtenu au nom de la défense des droits et libertés individuelles.

Oui, cette histoire de fête des parents peut paraître ridicule en voyant les problèmes titanesques dans les écoles du Québec. Mais il faut s’avouer que ce type de discours deviendra de plus en plus banalisé. Les enfants peuvent avoir perdu leur mère ou leur père, mais pour autant, nous ne nous empêchions pas de célébrer la contribution de nos mères et de nos pères. Tout le monde a quand même des grands-parents, ou bien quelqu’un qu’ils considèrent comme une mère ou un père. Jusqu’où ira la déconstruction ? Impossible à dire.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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