Une semaine après la démission en bloc de son conseil d’administration et l’admission qu’elle ne parvenait pas à rembourser le don chinois compromettant, la Fondation Pierre-Elliott Trudeau, au centre du scandale des ingérences chinoises dans la politique canadienne, a fini par se débarrasser de cette patate chaude vendredi après-midi.
Évalué à 200 000$ et couplé à un autre don évalué à 750 000$ pour l’université de Montréal, le don versé à la Fondation Pierre Elliott-Trudeau s’élevait plutôt à 140 000$ en deux versements de 70 000$
C’est Zhang Bin, conseiller politique du gouvernement chinois, et Niu Gensheng, homme d’affaire et « philanthrope » chinois, qui auraient fait ce don en 2016 au nom de l’organisation « L’aigle d’or du millénaire », associée au régime communiste chinois.
Dans la foulée des autres controverses, incluant des activités d’espionnage et d’ingérences de la part de la Chine dans les campagnes électorales à tous les niveaux de gouvernement au Canada afin de faire élire des libéraux, ces révélations d’un financement aussi significatif d’une fondation liée au premier ministre avaient fait bondir l’opposition en début d’année. Depuis, elle n’a cessé de réclamer une commission d’enquête publique et indépendante, mais Trudeau s’y refuse.
Au lieu d’une commission d’enquête, le premier ministre a annoncé la tenue d’une enquête interne ainsi que la nomination d’un rapporteur spécial qui aurait mandat de déterminer s’il y a lieu d’enquêter davantage. Encore une fois, l’opposition avait dénoncé cette manœuvre pour gagner du temps, et même moqué le nouveau poste ainsi créé.
Non content d’être déjà fortement compromis dans cette histoire d’ingérences chinoises, Justin Trudeau avait finalement annoncé que son choix s’était porté sur David Johnston, ancien gouverneur général du Canada, pour prendre le rôle de rapporteur spécial. Johnston est effectivement un Canadien respecté de tous, qui avait même été nommé gouverneur général par le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Le hic, cependant, c’est que Johnston était apparemment un ami personnel des Trudeau, et non seulement ça : il était membre de la fondation Trudeau! Une situation que même Thomas Mulcair, un autre de ses amis, avait déplorée, affirmant qu’il avait tout à perdre à accepter le poste.
Nous en arrivons donc à lundi dernier, où nous avons appris que cette histoire de don chinois a créé une véritable crise interne au sein de la Fondation Trudeau, au point de faire démissionner l’ensemble de son conseil d’administration! Et non seulement ça : ils étaient incapables, depuis des mois, de rembourser le don en question, ses donateurs ayant disparu!
À ce stade, cette histoire est devenue un véritable Vaudeville. Ce serait drôle si ce n’était pas aussi inquiétant.
Car il faut dire qu’après 7 ans (le don ayant été fait en 2016), ce n’est pas comme si la chose avait vraiment préoccupé la fondation… Et cette ambiance de panique en son sein – la démission de son CA, la course pour trouver le donateur et lui rembourser 140 000$ – disons qu’en apparence, il y a admission de faute. Et puis ils ont quand même bénéficié de ce capital pendant 7 ans, comme un prêt sans intérêt. Alors quand bien même qu’ils aient fini par le rembourser, ça ne change pas grand-chose aux soupçons de collusion avec la Chine qui pèse sur le gouvernement Trudeau, au contraire, ça y contribue.
Ce n’est donc pas sans raison qu’Yves-François Blanchet, du Bloc québécois, a demandé à la vérificatrice générale d’enquêter sur la Fondation Pierre-Elliott Trudeau. Et d’une manière générale, l’opposition n’a qu’une raison de plus pour demander une commission d’enquête publique et indépendante.
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